Le Sénégal va vers la prise en charge de toute la durée de la grossesse
La Couverture sanitaire universelle est considérée comme un moyen de promouvoir l'équité dans le traitement des êtres humains. Selon le directeur de cabinet du ministère du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l'Équité sociale et territoriale, l’État du Sénégal veut commencer à prendre en charge les femmes enceintes pour toute la durée de la grossesse.
L’État du Sénégal a consenti des efforts considérables dans le cadre de l’amélioration de la prise en charge médicale pour certaines couches vulnérables de la population. Dans ce sens, Babacar Sow a révélé, cette semaine, lors de la cérémonie d’ouverture la 4e édition de la Journée africaine de la femme mutualiste, que le Sénégal veut renforcer la prise en charge des femmes en état de grossesse. ‘’Au-delà de ces couches spécifiques, il y a près de trois millions d'indigents qui sont couverts par le programme de-EMU, à travers les Bourses de sécurité familiale et les Cartes d'égalité des chances’’, a indiqué le directeur de cabinet.
Il ajoute : ‘’Ces efforts de réduction des inégalités liées au genre se poursuivent et se consolident chaque jour davantage. À titre d'exemple, jusqu'ici, les femmes enceintes étaient uniquement prises en charge pour la césarienne et nous travaillons sur un paquet de prise en charge couvrant tout le cycle de la grossesse. L'élargissement de ce paquet est déjà effectif dans les six régions considérées comme les plus pauvres du pays. Cette disposition permettra de protéger davantage la femme dans l'une des périodes les plus critiques de son existence : mettre un enfant au monde.’’
Ainsi, poursuit Babacar Sow, conformément aux agendas internationaux relatifs à la promotion de l'égalité homme-femme et de la lutte contre les discriminations faites aux femmes, ‘’le Sénégal dispose d'une stratégie nationale pour l'équité et l'égalité de genre (SNEEG) dont la mise en œuvre a débuté avec l'érection d'une cellule genre au sein du département pour relever les nombreux défis, en collaboration avec les différents autres acteurs. Nous œuvrons ainsi pour une meilleure prise en charge des besoins en santé des femmes et des jeunes, mais également à une meilleure implication des femmes dans le programme de CMU’’.
À cet égard, souligne le directeur de cabinet, ‘’le leadership des femmes n'est plus à démontrer. Il s'agit seulement de mettre en place un dispositif qui leur permette de jouer pleinement leur rôle. Je veux parler des réseaux de femmes mutualistes qui sont installés au niveau de chaque région, voire chaque département’’.
Intégrer la prise en charge du cancer du col de l’utérus et du sein dans la CMU
Dans la même dynamique, la coordonnatrice de la Cellule genre pour l’Agence nationale de la CMU a renseigné qu’un projet pour les femmes est déjà élaboré en vue de rendre plus efficace l’action de l’État. ‘’Nous avons élaboré un projet qui veut que les femmes soient plus visibles dans tout ce qui est CMU. Laquelle comporte deux volets : l’offre et la demande. Et par rapport à la demande, nous voulons que dans les mutuelles de santé, les femmes puissent avoir un rôle important à jouer. Il y a des instances de prise de décision et on a vu que les femmes sont minoritaires dans ces cadres de concertation. Et si on renforce leurs capacités, elles vont jouer pleinement leur rôle dans la mise en œuvre de la CMU’’, a soutenu Mbaye Rokhaya Badiane.
À l’en croire, ‘’l’autre aspect, c’est qu’on a vu que certaines pathologies spécifiques aux femmes telles que le cancer du col de l’utérus ou du sein ne sont pas prises en charge dans le cadre de la CMU. Cela constitue un axe central dans le plan d’opérationnalisation que nous comptons mettre en œuvre, même si l’agence s’engage à prendre en charge les initiatives de gratuité comme les soins de 0 à 5 ans, la césarienne, etc. Mais on veut que d’autres besoins spécifiques des femmes puissent être pris en charge’’.
À l’heure actuelle, renseigne la cellule genre, ‘’nous sommes à plus de 600 mutuelles au Sénégal avec beaucoup dans les communes. Maintenant, pour pérenniser le financement et renforcer le membership de ces mutuelles, on veut en mettre au niveau départemental. Le processus a démarré et on a des mutuelles de santé communautaires qu’on compte fédérer pour en faire une mutuelle de santé forte au niveau de chaque département pour une meilleure prise en charge des populations au niveau de ces mutuelles’’.
C’est ce qui a permis de comprendre que dans le cadre de la prise en charge médicale, ‘’il y a d’autres préoccupations des femmes qui ne sont pas prises en compte par la CMU. Donc, nous sommes en train, dans notre plan d’opérationnalisation du genre, de réfléchir sur comment intégrer ces aspects dans le paquet qui est proposé dans le cadre de la CMU’’, selon Rokhaya Badiane.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)