Trois années chrono !
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a procédé, le jeudi 24 décembre, au lancement de la stratégie 2021-2023 d’amélioration continue de la couverture et de la qualité des services de communications électroniques au Sénégal.
S’il en est encore besoin, la pandémie de coronavirus a démontré l’impératif de développer une économie s’appuyant sur les multiples possibilités offertes par le numérique. Plus que jamais, les services du numérique sont devenus incontournables dans toutes nos activités économiques, sociales et professionnelles. Afin d’installer une utilisation pérenne de ces technologies, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a lancé, jeudi dernier, la stratégie 2021-2023 d’amélioration continue de la couverture et de la qualité des services de communications électroniques au Sénégal. Un programme dont l’objectif est de permettre au consommateur, quelle que soit sa localisation géographique, de bénéficier pleinement des services de télécommunications électroniques avec une qualité conforme aux standards internationaux.
En présence des directeurs généraux des opérateurs exerçant au Sénégal, qui ont été associés à l’élaboration de cette stratégie, le directeur général de l’ARTP a insisté sur le fait que les consommateurs sont devenus de plus en plus exigeants quant à la couverture et la qualité de service délivrée. Et cette situation met au défi tous les opérateurs en charge de veiller à cette bonne qualité. Car, ‘’en dépit des efforts consentis, note Abdou Ly, des problèmes de couverture et de qualité sont encore notés dans de nombreuses localités du pays. En témoignent les remontées récurrentes faites par les maires, gouverneurs, autorités locales et les nombreuses plaintes reçues des consommateurs’’.
Cette situation, ajoute-t-il, conjuguée avec la volonté des autorités, a amené l’ARTP à élaborer une nouvelle stratégie de gestion de la qualité et de la couverture des réseaux mobiles pour la période allant de 2021 à 2023. ‘’Elle est principalement orientée autour de 4 axes : le parachèvement du dispositif réglementaire et organisationnel de suivi de la qualité de service ; la mise à niveau technique des dispositifs de contrôle de l’ARTP ; l’amélioration de la transparence du marché et la satisfaction des consommateurs ; un suivi dynamique du déploiement des réseaux’’, détaille le DG Abdou Ly.
Le suivi de l’ARTP consiste à vérifier le respect des obligations contenues dans le cahier des charges des opérateurs et la satisfaction des consommateurs en termes de couverture et de disponibilité. Cela n’effraie pas pour autant Sékou Dramé, qui accueille positivement cette initiative, de concert avec tous les opérateurs. Conscient que la qualité de service constitue un élément essentiel de compétitivité, le directeur général de la Sonatel informe : ‘’Nos investissements nous ont permis d’offrir à nos clients des niveaux de couverture, sur toutes les technologies, en avance avec obligations du cahier des charges. Nous avons mis la priorité sur le développement de la fibre et de la 4G pour faire bénéficier à notre pays et à nos clients des dernières innovations technologiques et réduire ainsi la fracture numérique par rapport aux pays plus avancés.’’
Alors que cette stratégie doit être étendue à l’ensemble de la population, sans discrimination, la Sonatel s’est engagée à fournir à ses abonnés une qualité de service aux standards internationaux. Mais des facteurs exogènes affectent cette ambition et nécessitent un soutien des pouvoirs publics et de l’autorité de régulation. ‘’Il s’agit, entre autres, des difficultés dans l’acquisition des sites de notre réseau en zone rurale ; la dégradation de la qualité de service du fait de l’urbanisation galopante ; les agressions de nos infrastructures et rupture de fibre optique par les multiples travaux au niveau des infrastructures routières’’, renseigne Sékou Dramé.
Toutefois, cela n’a pas empêché les représentants des associations de consommateurs de dénoncer des manquements dans la fourniture des services à l’échelle nationale. ‘’Les ruptures des réseaux fixes et Internet sont de plus en plus fréquentes dans le monde rural, alors que les délais de remise en service sont de plus en plus longs et atteignent des durées inacceptables pour certains cas’’, fait remarquer Aminata Barro, Présidente du Mouvement pour la défense d’information, d’éducation des consommateurs.
De plus, note-t-elle pour le déplorer, ‘’les usagers ont de grandes difficultés pour obtenir des informations de la part des opérateurs’’.
Plus pointu dans son intervention, Djamil Guèye, de l’Association des utilisateurs des technologies de l’information et de la communication, a appelé l’ARTP à outiller les utilisateurs à être les véritables acteurs de cette stratégie. Selon lui, à défaut du développement d’une application de speed test (test de rapidité), l’organe de régulation doit formuler des recommandations sur des applications de speed test que les Sénégalais peuvent utiliser pour connaître la qualité des réseaux. Et dans une optique de création d’un marché concurrentiel, il est important, note-t-il, ‘’que l’ARTP travaille à la mise en œuvre du décret de 2016 sur le partage des infrastructures. Ceci dans l’optique d’éviter qu’un opérateur puisse profiter de la mise en œuvre de cette stratégie pour intensifier une politique de concurrence par les infrastructures’’.
Lamine Diouf