CRISE À L’HÔPITAL RÉGIONAL DE KOLDA
Le directeur sous protection policière
Manque de matériels, de produits consommables, de personnels qualifiés, mauvaise gestion, mal gouvernance, primes d’indemnités et de motivation non par depuis cinq mois, voilà entre autres maux déplorés par les travailleurs de l’hôpital régional de Kolda à barricader le portail pour empêcher d’accéder à son bureau et réclament son départ sans condition. Ce dernier balaie d’un revers de main toutes les accusations portées contre lui et parle de contrevérités.
Reportage
Lundi 06 mars. Il est 7 heures passé. Le centre hospitalier régional de Kolda grouille de monde. Sages-femmes, médecins, infirmiers, aidant soignants, matrones, tous ont pris d’assaut le portail. Arborés de foulards rouges et visages renfrognés, ils ont fermé hermétiquement la porte principale et empêché les malades et le directeur du centre hospitalier d’accéder à son bureau.
Ils sont en colère contre lui. D’après eux, leur patron Dr Djibril Iyan Sané est un directeur « incapable de régler les problèmes » auxquels le centre hospitalier régional de niveau 2 est confronté. Une tension électrique plane au centre hospitalier régional.
A 8 heures passé, les éléments du commissaire, Malick Dieng, sont débarqués sur les lieux. Armés de lifes, de lacrymogène, de fameux gaz qui font pleurer, ils ont pu utiliser la diplomatie pour maitriser la situation, faire revenir le calme et baisser la tension des travailleurs. Finalement, le portail a été ouvert au grand public.
Mais dés l’arrivée du directeur, la tension est encore montée en l’air. Sous escorte policière, les travailleurs ont entonné tous la célèbre chanson « Thiouné, thiouné, thiouné, thiouné », qui veut dire en langue wolof « incapable », avant d’entonner une autre chanson « Nadeem Nadeem Nadeem », qui signifie en langue wolof « nous réclamons son départ ».
C’est sous les claquements de mains et les chants déshonorant, que le directeur Djibril Iyan Sané a été escorté jusqu’à dans son bureau par les policiers, sous le regard impuissant du public venu nombreux assisté à cet évènement inédit.
L’hôpital face au manque de matériels, de produits consommables
Le centre hospitalier régional de Kolda fonctionne péniblement à cause de certains problèmes qui planent au dessus des tètes des techniciens de la santé. Il s’agit entre autres, le manque de matériels, de produits consommables et de personnels qualifiés.
Le secrétaire général du syndicat autonome des techniciens supérieurs de santé témoigne que « ça fait des années que nous prenons tout ce qui est instruments chirurgicaux et le linge qu’on amène à l’hôpital de Sédhiou pour stériliser ».
Mamadou Bayo Sy d’ajouter qu’il y a « un autoclave qui ne fonctionne pas. On évacue des malades à Sédhiou ou à Ziguinchor, par ce que nous n’avons pas de matériels stériles. Il y a aussi un manque de compresse, de cotons, de produits pour faire régulièrement des soins. Actuellement, le bloc opératoire est à terre ».
Le manque de matériels fait fuir le personnel de santé
A en croire, les travailleurs, le manque d’outils de travail fait fuir les techniciens de la santé. Il y a des jeunes médecins qui ont accepté de venir ici à l’hôpital pour travailler, mais une fois fouler le sol de l’hôpital régional, mais face un manque criant de matériels, d’outils et de produits consommables entre autres, ils décident de plier bagages pour aller voir ailleurs.
Le secrétaire général du syndicat autonome des techniciens supérieurs de santé confirme qu’il y avait « un stagiaire médecin réanimateur qui a été affecté ici. Mais, il a vu les conditions dans lesquels nous travaillons avec ce manque d matériels, il ne peut pas exercer son travail convenablement, il a préféré partir à Sédhiou. C’est dire que la situation de l’hôpital régional de Kolda est catastrophique ».
Ousseynou Badji, membre de l’intersyndical des travailleurs de l’hôpital régional martèle que « Là où je vous parle comme ça, la cuisine n’a pas préparer le repas. Parce qu’il n’y a rien là-bas. Cela veut dire que le mal est très profond et que ça touche tous les services de l’hôpital.
L’hôpital face à la mal gouvernance
En dehors de cela, il y a selon lui, la mal gouvernance. On n’implique personne dans la gestion de l’hôpital. C’est l’administration qui gère tout. A l’heure actuelle, tout le personnel est démotivé.
Primes de motivations et d’indemnités non perçues depuis 5 mois
Le président de l’intersyndical des travailleurs de l’hôpital Dr Daouda Djiba d’affirmer qu’à l’hôpital régional « rien ne marche. C’est ça la vérité ». Le directeur ne paie pas des primes de motivation et d’indemnités et de technicité. Voilà cinq mois, nous n’avons pas vu la couleur de l’argent, malgré nos multiples interpellations et négociations avec lui. Il reste sourd muet sur notre situation. Vraiment trop c’est trop ».
Le directeur est un « incapable »
Au vu de la gravité de cette crise sanitaire, les travailleurs entendent exiger ainsi son départ de cet hôpital. Car, ils martèlent que « ce directeur est incapable de régler les problèmes auxquels cet établissement public de santé est confronté ».
Le directeur rejette les accusations et rectifie les travailleurs
Interrogé dans son bureau, sous la surveillance policière, le directeur de l’hôpital régional de Kolda balaie d’un revers de main toutes les accusations portées contre lui et parle de contrevérités. Pour Dr Djibril IYan Sané, l’Etat a consenti d’importants moyens dans cet hôpital pour prendre en charge les préoccupations de populations en matière de santé.
« Les gens sont là tout le temps et ils se soignent. Le problème crucial de cet hôpital, c’est la tension de trésorerie. En vérité, tout ce qu’on produit, en plus de la subvention de l’Etat, est consommé par le personnel de l’hôpital en termes d’indemnité », précise-t-il.
Il poursuit qu’en clair, « Les recettes n’arrivent pas à supporter les charges de l’hôpital », avant de déclarer qu’on a presque « tous les appareils pour le bon fonctionnement d’un labo. Cependant, les ruptures signalées par les travailleurs s’expliquent par un problème d’indisponibilité de certains produits chez le fournisseur ».
Enfin, Dr Djibril Iyan Sané martèle qu’il faut « les travailleurs arrêtent même de peindre en noir l’hôpital régional de Kolda. Ce qui décourage et fait fuir les populations, mais surtout les techniciens de la santé pour venir travailler ici ».
En tout cas, si cette crise sanitaire persiste à secouer l’hôpital régional, elle risque d’impacter sur la vie des patients, si rien n’est fait par les autorités locales.
NFALY MANSALY
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