Publié le 2 Jul 2024 - 21:42
CRISE À LA RTS

Pape Ale Niang sous la tempête

 

La Radiotélévision sénégalaise (RTS) traverse une période de turbulences sous la direction de Pape Alé Niang, récemment nommé directeur général. Ses nouvelles réformes visant à rationaliser les dépenses et à rétablir l'ordre financier ont provoqué la colère de certains membres du syndicat et des employés qui ont convoqué une assemblée générale ce mardi 2 juillet 2024.

 

La suppression des "fonds communs", la baisse des salaires, le licenciement de contractuels et la suspension des primes ont cristallisé le mécontentement. Entre tensions internes et mesures drastiques, la nouvelle ère de la RTS s'annonce tumultueuse. En remontant les événements récents qui ont plongé la Radiotélévision sénégalaise dans une crise potentielle, il est crucial de comprendre les décisions qui ont déclenché la colère du syndicat et les mesures prises par le nouveau directeur général Pape Alé Niang.

La situation, marquée par une série de décisions controversées et de réformes radicales, menace de perturber profondément le fonctionnement de l’institution.

Mesures controversées et réactions syndicales

Le point de rupture le plus récent s’est produit le 1er juillet 2024, lorsque Pape Alé Niang a annoncé la suspension de l’application de l’accord d’entreprise signé le 29 mars. Cet accord, fondé sur un décret du 27 mars 2024, avait été conçu pour accorder des avantages financiers substantiels aux employés de la RTS, notamment une augmentation de salaire de près de 80 %. La justification avancée par M. Niang était l’impact financier insoutenable de cet accord.

La réaction du syndicat ne s’est pas fait attendre. Les délégués syndicaux ont dénoncé cette décision, la qualifiant d’attaque contre les acquis sociaux des travailleurs. Ils ont accusé Pape Alé Niang de vouloir démanteler les privilèges obtenus sous l’administration précédente et ont promis de lutter contre ces nouvelles mesures.

Toutefois, un agent de la RTS, sous l’anonymat, relève que ''ces syndicalistes cherchent à mettre le discrédit sur le nouveau DG. Ils savent qu’ils vont perdre leurs privilèges''.

Prémices de la crise 

Les tensions avaient déjà commencé à monter fin juin 2024, lorsque le nouveau DG a ordonné la résiliation de plus de 200 lignes téléphoniques attribuées à des agents, y compris des retraités. Cette mesure faisait partie d’une série d’actions visant à rationaliser les dépenses de l’entreprise et à éliminer ce qui était perçu comme des abus. De plus, Pape Alé Niang a récupéré des voitures de fonction distribuées de manière jugée illégale, exacerbant le ressentiment parmi les employés.

Le même mois, une mission d’audit financier et organisationnel a été lancée pour examiner en détail la gestion de son prédécesseur Racine Talla. Les premières découvertes ont révélé des anomalies importantes, notamment la distribution annuelle d’une enveloppe de 200 millions de francs CFA sous forme de "fonds communs". Ces fonds, semblables à ceux des régies financières, étaient partagés entre les employés chaque 30 juin.

Les agents de la RTS ont-ils perçu ce montant le dimanche 30 juin pour l’année 2024 ? Pape Alé Niang compte-t-il supprimer cette allocation budgétaire afin de respecter l’esprit de rationalisation des dépenses publiques prôné par le nouveau régime ?

‘’Libération’’ n’apporte pas de réponses à ces questions. ‘’Dans tous les cas, indique le journal, une mission de l’IGE est attendue sur place. En attendant, un cabinet est en train de mener un audit’’.

La même source indique que Pape Alé Niang a déjà pris une mesure significative qui pourrait susciter la colère des travailleurs de la RTS.

En effet, l’ancien directeur de publication de ‘’Dakar Matin’’ a bloqué l’accord d’entreprise conclu par son prédécesseur avec les syndicats, juste avant la troisième alternance, et qui augmentait les salaires des travailleurs de ‘’pratiquement 80 %’’.

Dans la foulée, Pape Alé Niang a commencé à nommer de nouveaux cadres, remplaçant les proches de Racine Talla par ses propres hommes de confiance. L’une des nominations les plus notables a été celle de Pape Mady Diop, une voix bien connue dans le domaine du sport, à la direction de RTS1, en remplacement de Daha Ba.

Avril 2024 : arrivée de Pape Alé Niang

La crise à la RTS trouve ses racines dans la nomination de Pape Alé Niang en avril 2024, pour donner suite à la troisième alternance présidentielle au Sénégal. Dès son arrivée, Niang a entrepris une révision complète du fonctionnement de la RTS, promettant de mettre fin à ce qu’il considère comme des pratiques inefficaces et coûteuses. Ses premières actions ont été accueillies avec scepticisme par certains employés, qui craignaient pour leurs acquis et leur stabilité professionnelle alors que d'autres en sont optimistes relevant qu'il avait le courage de redresser cette institution qui avait perdu toute sa légitimité auprès des téléspectateurs.

Le conflit entre la nouvelle direction et le syndicat des employés de la RTS s’inscrit dans un contexte de transition politique et de réformes économiques au Sénégal. Le nouveau régime du président Bassirou Diomaye Faye a prôné une rationalisation des dépenses publiques et une gestion plus transparente des ressources de l’État.

Pape Alé Niang, fidèle à cette ligne directrice, a donc entrepris des réformes radicales à la RTS, déclenchant une opposition farouche de la part du syndicat.

En dépit des critiques et des tensions, Pape Alé Niang reste déterminé à mener à bien sa mission de redressement. L'audit en cours et les réformes mises en place seront déterminants pour l'avenir de la RTS.

Si le directeur parvient à rétablir l'équilibre financier sans sacrifier la qualité des services, il pourrait marquer une nouvelle étape dans l'histoire de la chaîne publique. Toutefois, la route s'annonce parsemée d'embûches et seule la gestion habile des crises internes pourrait garantir le succès de son mandat.

Amadou Camara Gueye

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