La société civile appelle au dialogue
Le M23 invite au dialogue et n’exclut pas la dissolution de l’Assemblée nationale, dans la crise actuelle. Dans le même sillage, Assane Dioma Ndiaye, président de la ligue sénégalaise des droits humains, fustige l’absence de débat.
En conférence de presse hier, le mouvement du 23 juin (M23), coordonné par Mamadou Mbodji, a condamné ‘’les tiraillements, invectives et pugilats auxquels se livrent les députés, depuis quelques jours’’. Selon l’analyse du M23, la grave crise qui sévit dans l’Hémicycle est sans aucun doute la conséquence d’une absence de dialogue entre la majorité et le pouvoir. Le mouvement appelle ainsi les parlementaires à la concertation, à défaut de dissoudre l’Assemblée nationale.
‘’Nous préconisons un dialogue dans tous les cas entre les gens du Pds pour trouver une solution interne et un autre entre l’opposition et la majorité pour qu’il y ait une stabilité dans l’espace parlementaire. Ce dialogue devrait conduire à la mise en place d’un nouveau bureau. A défaut de trouver ce consensus, on devrait envisager la dissolution de l’Assemblée nationale’’, a soutenu le coordinateur du mouvement. Cependant Mamadou Mbodji et ses partisans révèlent que la réaction de l’opposition a été provoquée et que la majorité doit être animée d’un esprit de dépassement et se hisser à la hauteur des attentes citoyennes.
‘’Nous pensons que les députés de la majorité sont les premiers responsables, car l’opposition doit avoir son propre groupe parlementaire. Le fond de cette affaire est purement politique’’, a ajouté Mbodji. A l’en croire, le groupe dirigé par Moustapha Diakhaté a perpétué l’artifice de la majorité mécanique, en contribuant à installer la confusion, la défiance, la violence verbale et physique qui n’honorent pas notre démocratie. ‘’Il n’est pas capiteux d’ajouter que cette situation calamiteuse découle de la révision tendancieuse de ce règlement intérieur qui a dessiné en pointillés l’absence dommageable de pluralisme à l’hémicycle’’, ont rajouté les membres du M23. Ils se sont toutefois démarqués de la prochaine mobilisation prévue par la ‘’commission orientation et stratégie’’ du M23.
Me Assane Dioma Ndiaye : ‘’Cette situation entraîne le désamour entre le peuple et ses dirigeants’’
‘’Pour l’intérêt de la démocratie, on doit avoir une opposition et un pouvoir, car le débat public est l’expression des libertés’’, souligne Me Assane Dioma Ndiaye, joint par EnQuête. Le président de la ligue sénégalaise des droits humains regrette le fait que chaque régime impose l’hégémonie des vainqueurs et une négation de tous les droits de l’opposition. ‘’Cette situation a toujours perduré et installe le désamour entre le peuple et les dirigeants des institutions’’, fustige-t-il. Pour Assane Dioma Ndiaye, l’Assemblée fait face à une absence de débat.
‘’On aurait dû trouver un accord et non poser des décisions radicales qui aboutissent à des situations malheureuses. Cette radicalisation est dangereuse pour notre pays, car ceux qui se sentent bafoués sont capables de tout. Il faut que la sérénité revienne.’’ Pour Me Ndiaye, l’opposition est dans son droit, car les groupes parlementaires se forment par affinités et non par partis. Selon lui, notre pays fait face à d’autres urgences telles que la commercialisation de l’arachide, la pauvreté et le chômage des jeunes diplômés. Il estime par ailleurs que l’image de l’Assemblée nationale est contradictoire au rôle de médiateur que joue notre pays dans l’espace sous régional.
HABIBATOU TRAORE (STAGIAIRE)