Directeur de production, ce boss dont on parle peu
Dans la production cinématographique, le statut de Directeur de production est une fonction essentielle et capitale. Au demeurant, il est moins célèbre que les acteurs et même le réalisateur d'un film. Cette semaine, EnQuête découverte ce métier de la culture dont on parle peu.
Directeur de production de grands films du cinéma sénégalais tels que ''Le règne d'Aïssatou'' réalisé par Assane Diagne, ''Yalla yaana'' de Moussa Sène Absa et une série de films de commande faits avec le réalisateur et metteur en scène français Jeans Michel Brière, Joseph Sagna fait partie de ces hommes et femmes qui travaillent dans l'ombre pour offrir de la qualité aux cinéphiles.
Selon M. Sagna, le Directeur de production est une fonction à laquelle accèdent généralement d'anciens réalisateurs, d'anciens assistants de réalisateurs, des régisseurs généraux qui ont atteint un certain niveau de technicité ou des administrateurs de production. ''C'est un travail qui se trouve en haut de l'échelle dans la production cinématographique et audiovisuel. On peut le définir comme un chef de projet si l'on peut bien utiliser un terme moderne. Du scénario à la première copie à livrer, le Directeur de production est présent sur toute la filière pour discuter avec le réalisateur sur toutes les questions techniques, les options de la réalisation. C'est encore lui qui discute avec d'éventuels partenaires sur le financement obtenu, à obtenir leur mise en place effective. C'est le Directeur de production qui négocie les contrats de travail des comédiens, des techniciens et de prestation pour les lieux choisis pour le tournage. Il assure toute la logistique nécessaire qui doit être en place'', informe M. Sagna. Ainsi donc, le Directeur de production est le grand patron qui met la main à la poche pour le succès d'un film. C'est un acteur impliqué du début à la fin dont le seul nom apparaît sur l'écran pour laisser la place aux comédiens. C'est lui le boss.
L'oeil artistique
De l'avis de Joseph Sagna, le Directeur de production est quelque part impliqué sur les choix artistiques qui vont assurer la réussite du film. ''Si l'on prend l'exemple d'une grande scène de sabar dans laquelle le réalisateur et le Directeur de production ne mettent que peu de moyens, on n'aura pas la même description que ce qui a été prévu dans le scénario. C'est donc une interface technique, juridique et surtout psychologique. Il y a aussi la relation avec les comédiens, la fluidité dans l'exécution et la qualité du travail sur le plateau. Le production est surtout l'intermédiaire technique qui est en relation avec le Bureau sénégalais du droit d'auteur (BSDA). Il est encore en relation avec la direction de la cinématographie. Même si ces dernières tâches incombent au réalisateur, il revient souvent au Directeur de production de les assurer pour lui permettre de bien se concentrer sur le plateau'', explique notre interlocuteur. ''C'est vrai qu'il n'y a rien de créatif dans le fait d'aller faire des déclarations au BSDA ou payer des impôts, mais il est important de mobiliser toutes les ressources humaines afin d'assurer le succès d'un film. Il y a beaucoup de travail et d'entregent relationnel que le Directeur de production est chargé de faire. Il est le seul interlocuteur des organismes et des partenaires'', ajoute M. Sagna.
Opérationnel sur le terrain, le Directeur de production est toutefois aidé dans sa tâche par des assistants de production, des comptables, etc.