L’ex-Dg Modibo Diop et ses acolytes encourent 10 ans
Le compte à rebours a commencé pour l’ex-directeur général de l’Agence sénégalaise pour l’électrification rurale (ASER), Modibo Dio et quatre de ses collaborateurs, dont le sort sera connu le 17 septembre prochain. Une peine de 10 ans de prison ferme plane sur leur tête, en sus du paiement de dommages et intérêts d’un montant de 10 milliards, à défaut d’une contre-expertise du rapport ayant fait couler les prévenus.
Après plus de deux ans de détention préventive, une semaine après leur audition devant le tribunal correctionnel de Dakar, l’ex-directeur général de l’Agence sénégalaise pour l’électrification rurale (Aser) Modibo Diop et ses quatre coïnculpés Mahanta Thiam, Pape Diallo, Ibrahima Dieng, Fara Diallo Thioune et Abdoulaye Diop étaient à nouveau hier à la barre pour suivre le réquisitoire du parquet et les plaidoiries de leurs avocats et ceux de l’État. Le premier à soutenir l’accusation a été l'agent judiciaire de l’État (AJE). Dès l’entame de sa plaidoirie, Amady Gadiaga s’est attaqué au rapport d’expertise qui a fait que le montant du préjudice est passé de 04 milliards 832 millions 347 mille 835 F Cfa à 477 millions 534 mille de nos francs, après instruction. L’AJE s’est même étonné que l’expert-comptable n’ait pas déféré à la convocation du tribunal, pour s’expliquer sur le document qu’il a produit. Abondant dans le même sens, Me Moustapha Mbaye a estimé que l’expert-comptable, Alioune Dramé, désigné par le doyen des juges, ‘’a failli à sa mission’’. ''Le fait de dire que la banque et les responsables de l’ASER n’ont pas voulu communiquer n’est pas sérieux. C’est un manque de professionnalisme’’, a-t-il martelé.
''L’expert doit être poursuivi et arrêté'', selon les conseils de l’État
C’est pourquoi, Me Pape Samba Bitèye a estimé que ''l’auteur de l’expertise doit être poursuivi et arrêté pour rapport 'carent' et mensonger''. C’est fort de ces griefs que Me Moussa Félix Sow, l'un des conseils de la partie civile, a sollicité une contre-expertise, afin de ''vérifier l’exactitude du préjudice''. A défaut d’une contre-expertise, Me Cheikh Faye a réclamé la somme de 10 milliards de francs Cfa. Même s’il n’est pas allé jusqu’à contester le rapport d’expertise, le représentant du parquet a relevé des insuffisances dans ledit document. Car aux yeux du substitut Saliou Dicko, le rapport a fait le cumul des chèques retirés par les inculpés. ''Ce que l’expert a fait, tout le monde peut le faire’’, a fulminé le parquetier. Quoi qu’il en soit, il estime que les faits de détournement de deniers publics, d’escroquerie et de faux et usage de faux et complicité sont établis. Pour la répression, il a requis 10 ans de prison ferme.
Jeu de ping-pong de la défense
La défense n’a pas été en reste. Puisque chacun tirait la couverture sur son client, en le lavant de tout soupçon, certains, notamment Me Macoudou Ndour, n’ont pas manqué de critiquer le rapport. Toujours est-il que dans ce jeu de ping-pong, Me Macoudou Ndour est même allé jusqu’à se demander qui était coupable. ''En écoutant mes confrères, j’ai l’impression que personne n’a rien fait, or il y a bel et bien détournement’’, a laissé entendre Me Ndour qui estime que son client Abdoulaye Diop a été berné par Modibo Diop. ''C’est un simple planton à qui on demandait de retirer des chèques. On l’a fait passer pour un auditeur, car il n’a aucune compétence pour faire une étude’’, a-t-il avancé. Les conseils de Pape Diallo ont également considéré que l’ex-directeur financier de l’ASER était innocent, parce qu’il n’avait aucune maîtrise sur les ressources de l’agence. Pour Me Amadou Aly Kane, il s’agit ‘’d’un règlement de comptes’’.
Le même argument a été brandi par Mes Maïmouna Dièye et Demba Ciré Bathily. Les deux avocats ont évoqué un règlement de comptes politique, à l’encontre de Modibo Diop. C’est pourquoi, ils ont sollicité la relaxe pure et simple de l’ex-DG. Sur leur lancée, les deux conseils et leur confrère Me Moustapha Diop ont pris le contre-pied des avocats de la partie civile, pour se réjouir ‘’des excellentes conclusions du rapport d’expertise’’. C’est pourquoi Me Ousmane Sèye a demandé au tribunal de rejeter la demande de contre-expertise sollicitée par les conseils des plaignants. Pour lui, les découverts bancaires et la mise en place de projets de villages spéciaux considérés comme le modus operandi qui a permis le détournement ne constituent pas de délits. Le tribunal à qui revient le dernier mot, rend son délibéré le 17 septembre prochain.