Un mardi de feu
A son tour, Dahra, paisible cité marchande, habituée à une certaine torpeur, est entrée dans la ronde de la contestation. Des élèves du lycée de la localité ont décrété un mouvement d’humeur de 168 heures et ont délogé leurs camarades des quatre collèges de la ville. Les potaches réclament de l’électricité, des professeurs de français et un déroulement normal des cours. Et campagne électorale oblige, ils ont tenu à le signifier de vive voix au candidat et président sortant, Abdoulaye Wade attendu dans la localité.
Arborant du rouge en tee-shirts, casquettes, écharpes, bodies, pantalons, baskets, les élèves ont occupé par moments la route nationale Dahra-Linguère, se heurtant à une escouade de gendarmes venus en renfort depuis lundi de Louga. Le face-à-face n’a pas duré longtemps. Jets de gaz lacrymogènes, de pierres, pneus brûlés sur la chaussée, courses-poursuites, ont suivi entre dix heures et midi.
En fait, c'est l'attitude du maire libéral, Papa Alioune Sarr, entouré de ses nervis, qui a mis le feu aux poudres. Il a provoqué le monde scolaire par des menaces et des insultes alors que les officiers de gendarmerie avaient réussi à discuter et calmer la furie des élèves. En réaction, ceux-ci ont assiégé la mairie et voulu la mettre à sac. Craignant le pire, les gendarmes, bien équipés en matériels antiémeutes, ont repoussé les potaches assez loin. Un véhicule du maire a été caillassé dans les affrontements et pas moins de quatre élèves blessés et transportés vers le centre de santé. Le commandant de brigade a reçu un coup à la main. Et quatre autres manifestants ont été arrêtés. A treize heures, les élèves se sont éparpillés ramenant le calme pour quelques heures.
Mais lorsque l’hélicoptère emprunté par Wade a atterri, les manifestations ont repris. La couleur rouge a refait surface et les jets de pierres de reprendre de plus belle. Bilan : le domicile familial et une voiture ''8x8'' du maire incendiés.
MAMADOU MOUSTAPHA NDIAYE (correspondant, Linguère)