Publié le 13 Mar 2017 - 10:43
DEDICACE DU LIVRE ‘’SENEGAL, LES LIMITES DU PLAN SENEGAL EMERGENT’’

El Hadj Mansour Samb déconstruit le PSE

 

Son premier lecteur sera probablement le président de la République. Le  livre ‘’Sénégal, les limites du PSE’’, d’El Hadj Mansour Samb, s’emploie à déconstruire ce qu’il convient de nommer l’alpha et l’oméga du régime actuel, en termes de référentiel en matière de politiques publiques.

 

Polémiques, critiques et certainement des répliques de la part des défenseurs du régime ! Tel est l’inéluctable accueil qui sera réservé à l’ouvrage de El Hadj Mansour Samb, ‘’Sénégal, les limites du PSE’’ dont la cérémonie de dédicace a été organisée ce week-end à la Maison d’édition l’Harmattan Sénégal. Rien que par son titre, le lecteur peut présumer du contenu  pas  complimenteur de ce livre pour la rédaction duquel l’auteur a emprunté une  démarche de déconstruction du Plan Sénégal Emergent, devenu le référentiel des politiques publiques dans le pays, depuis quelques années, sous l’impulsion du Président Macky Sall.

‘’Je n’ai pas écrit ce livre pour jeter une pierre à l’édifice en construction, mais pour apporter ma pierre à l’édifice en construction’’, se défend l’auteur qui, à travers ce livre, dit vouloir marquer une rupture dans le débat public au Sénégal largement cristallisé autour des interminables feuilletons politico-judiciaires. Selon ce membre du Forum civil, le vrai débat qui intéresse ses compatriotes reste les questions économiques en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie. Ainsi, les premières critiques du PSE portent sur l’absence de clarification du concept ‘’émergence’’ dont la définition et le type n’ont pas été précisés.

Pour Mounirou Ndiaye, enseignant chercheur au département des Sciences économiques et de gestion à l’université de Thiès, l’autre limite du PSE reste son échéance, 2035. Selon cet économiste, l’élaboration d’un plan de cette nature qui couvre une telle période devrait se faire dans un cadre inclusif. Autrement dit, pour donner plus de garantie et de chances au PSE d’être poursuivi par un autre régime, après le départ de Macky Sall au pouvoir. Il était nécessaire, selon ses dires, de consulter et d’associer l’essentiel de la classe politique et les autres entités composant les forces vives de la nation, un peu à l’image des Assises nationales qui avaient donné la charte de la gouvernance démocratique. Le PSE qui est un projet à haute définition technologique n’est pas un plan endogène, mais aussi n’avantage non plus le secteur privé national qui ne dispose pas de la technologie pour la construction des ouvrages prévus. C’est un plan à fort investissement public qui est capté par les entreprises étrangères (turques, marocaines…).

Sur le plan de la gouvernance institutionnelle, le réquisitoire de l’auteur sur la conduite du pays sous l’ère Macky Sall est sans ambages. ‘’La démocratie  totalitaire’’ est l’expression qu’il a trouvée juste pour désigner la ‘’politisation à outrance de l’administration publique, la justice sélective, la mise en avant des intérêts partisans au-dessus de intérêts collectifs, la faillite des partis politiques traditionnels’’. Pour toutes ces pratiques ‘’déconsolidantes’’ de la démocratie, ce natif de Bargny et conseiller municipal depuis les locales de 2014 disqualifie le PSE et son premier défenseur. Pour ce membre de l’Institut panafricain de Stratégies (IPS) de Cheikh Tidiane Gadio, Macky Sall n’est pas le timonier qui va transformer le tissu économique de ce pays. A la place du PSE, l’auteur lance une invite à l’endroit des Sénégalais de faire un retour aux sources, en s’appropriant la vision économique et de l’esprit de Mamadou Dia.

MAMADOU YAYA BALDE

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