Publié le 28 Feb 2025 - 22:19
COUR DES COMPTES, SITUATION ÉCONOMIQUE DU PAYS…

La coalition Sopi Sénégal sort du bois

 

La  coalition Sopi Sénégal a tenu une conférence de presse, mercredi, pour se prononcer sur l’actualité du pays. Tafsir Thioye, Doudou Wade et Cie  ont donné leur avis sur le rapport de la Cour des comptes, avant de dresser un tableau sombre du bilan des dix mois du régime en place.

 

‘’Jamais notre pays n’a connu une dégradation aussi marquante et frappante de nos comptes publics. Le cadre macroéconomique s’est dégradé avec ses conséquences sur la vie quotidienne des Sénégalais. Le déficit se creuse et la dette atteint des proportions inquiétantes et continue d’augmenter de façon vertigineuse’’, a déclaré le député Tafsir Thioye, mercredi, lors de la conférence de presse de la coalition Sopi Sénégal.

À l’occasion de la rencontre, ladite coalition est notamment revenue rapport de la Cour des comptes. ‘’Ce rapport a consacré une remise en cause d’acquis importants, fruits d’un travail d’honnêtes citoyens patriotes au vrai sens du mot qui avaient réussi, grâce à nos partenaires, à améliorer sensiblement notre système de gestion des finances publiques’’, a soutenu le porte-parole du jour de la  coalition Sopi Sénégal.

Ce dernier dit avoir la conviction que cette situation pouvait être évitée, en ce sens que c’est un exercice normal voulu par le Code de transparence. Elle attend mieux de la Cour des comptes et une autre posture du gouvernement. ‘’Le rapport, malgré son caractère incomplet, a démontré à la face du monde la dégradation de nos comptes publics, mais également la fragilité du système de gestion de nos finances publiques’’, a pesté Tafsir Thioye.

Pour lui, le rapport a révélé ‘’la faiblesse et la fragilité des corps de contrôle du ministère des Finances, les  faiblesses de notre système de gestion des finances publiques, le dérèglement de notre système bancaire, la faiblesse de la BCEAO et de son système de contrôle des établissements bancaires’’. Une situation jugée dramatique.

Il estime que le rapport révèle qu’une équipe du ministère des Finances a remis en cause la gestion du ministère des Finances et du Budget. Et que ‘’la Cour des comptes remet en cause les capacités des techniciens du ministère et principalement de l’IGF à mener un audit technique, mais qui remet en cause ses propres vérités et certitudes, et qui peinent à faire valider, respecter et appliquer ses recommandations’’.

Monsieur Thioye note aussi que la Cour des comptes publie un rapport avec des ‘’insuffisances notoires’’.  À l’en croire,  il urge de cerner les causes et d’y trouver des solutions afin de mettre fin à ce spectacle.

Dans ce sens, il urge de faire face à plusieurs sources de dysfonctionnement, dit-il, s’intéressant aux liens de causalité. Il fait référence  aux tensions de trésorerie et aux arriérés de paiement qui chamboulent la programmation budgétaire,  la question des surfinancement et des rattachements de recettes qui ‘’dérèglent’’ la programmation budgétaire…’’.

‘’On se retrouve aujourd’hui dans une situation où il faudra tout changer, principalement les documents déjà produits et les données qui y sont affichées’’, a indiqué Tafsir Thioye.  Il estime que le rapport pose problème en ce sens que la période choisie met en évidence deux logiques de gestion : celle axée sur la logique de moyens et celle axée sur les résultats.

 ‘’Lorsqu’on va dans le fond du rapport, on constate des bizarreries et on fait face à beaucoup d’interrogations. La cour a parlé de la dette globale principalement bancaire, mais n’a pas fait le cumul des avoirs du Sénégal en termes de reste à recouvrer, de dépôts à terme, de disponibilités, de reliquats sur le sur financement et de montants importants affectés à des structures de l’État comme Petrosen et qui pourraient avoisiner les 1 500 milliards F CFA. Si ce montant était défalqué de la dette, les choses pourraient être moins dramatiques que ça’’, a-t-il dit.

Et d’ajouter : ‘’La cour a fait une situation de référence à géométrie variable : tantôt le document de référence est la loi de règlement, tantôt le Tofe. Tantôt elle fait référence à la DDP comme source d’information, tantôt c’est la DODP ou les banques  ou le Trésor public. Finalement, c’est selon le besoin et l’intérêt qui semble s’y rattacher’’.

Monsieur Thioye note que la DODP, dont les données étaient qualifiées de peu fiables, est, par extraordinaire, une source d’information.

Concernant le déficit, la coalition Sopi Sénégal soutient que son creusement est dû à la baisse des prévisions de croissance du PIB nominal et du rejet des rattachements de recettes. Elle considère que  des dépenses de trésorerie sont constitutives d’un creusement du déficit.  

Quant au surfinancement, ‘’si on regarde bien son histoire, l’étape la plus marquante a été l’année 2018, durant laquelle le Sénégal s’était endetté à hauteur de plus 1 000 milliards d’un seul coup. Ceci avait outré le FMI qui avait demandé un report de ce surfinancement sur l’année 2019. On voit que 300 milliards défalqués de cet emprunt en euros et en dollars à des taux variables ont été intégrés dans le besoin de financement de 2019. Depuis lors, le surfinancement semble devenir une pratique qui aide le gouvernement à faire face aux besoins de financement et aux tensions de trésorerie’’, a constaté Tafsir Thioye.

À ses yeux, la Cour des comptes devrait également informer que le reliquat sur les 123 milliards n’est toujours pas intégré dans le budget. À ce jour, seuls, dit-il, ‘’le ministère des Finances ou les autorités actuelles peuvent dire aux Sénégalais où sont passés les 123 milliards’’.

Concernant la dette, elle demeure élevée. La coalition indique que le stock est important et que les charges grèvent les dépenses publiques sans effet multiplicateur réel.

Bilan du régime

‘’Malgré les annonces et les discours, les mêmes pratiques semblent ne pas encore lâcher le nouveau régime qui, malgré les critiques à l’encontre du régime sortant et les grandes déclarations sur la transparence et la vérité, n’est pas pour autant exempt de reproches, notamment dans la gestion des finances publiques pour l’année 2024’’, a fustigé Tafsir Thioye. Parlant de l’endettement, il souligne qu’il est énorme et mal géré avec des conditions difficiles qui pèsent sur les finances publiques.

Selon M. Thioye, le  bilan des dix mois du régime en place est loin d’être fameux. Et les perspectives ne sont pas encore ‘’rassurantes’’ pour le reste de l’année et du mandat. Il constate que le taux de croissance en prévision optimiste sur la période 2024-2029 en moyenne ne dépasse pas 6,5 %, l’encours de la dette avant la publication du rapport de la Cour des comptes est projeté pour 76 % du PIB en 2029. ‘’La solution semble être renvoyée aux Sénégalais à qui on demande de faire des sacrifices. Les mesures annoncées en termes de suppression de subventions, de rebasing, voire de baisse de salaires, d’élargissement de l’assiette fiscale, qui viennent s’ajouter à l’érosion continue du pouvoir d’achat des populations, de hausse continue et vertigineuse des prix des denrées que le Premier ministre semble ignorer, de hausse du taux de chômage et de perte d’emplois, de sous-emploi et de précarité de l’emploi risquent d’aggraver la situation et de mettre les Sénégalais dans une situation extrêmement difficile’’.  

Ainsi, la coalition Sopi Sénégal  demande au gouvernement d’envisager d’autres solutions qui mettraient à l’abri les Sénégalais des contrecoups de la crise qui sévit au Sénégal. ‘’L’échec de la relance de l’économie par l’agriculture devrait pousser à envisager d’autres voies et moyens tout en maintenant le soutien au monde rural. Les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement risquent de faire plus mal et de plomber l’économie. Il s’y ajoute le fait que les gouvernements précédents ne doivent pas faire plus que le régime actuel en termes de soutien aux Sénégalais. Les difficultés sont faites pour être surmontées’’, a-t-elle soutenu, non sans saluer l’idée déjà envisagée de mettre le secteur privé au cœur de l’action de production et de création de richesses et de promouvoir la liberté économique. Pour la coalition Sopi Sénégal, la rationalisation de l’organisation de l’État ne doit pas se faire dans une optique budgétaire, mais dans une optique de recherche d’efficacité, d’efficience de l’action publique, dans un contexte de gestion axée sur les résultats.

BABACAR SY SEYE

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