La notaire Patricia Lake Diop est encore passée hier devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite, pour répondre aux questions des avocats de la partie civile et de la défense.

A nouveau appelée à témoigner hier dans le procès de Karim Wade, la notaire Me Patricia Lake Diop a subi la dure loi des avocats (partie civile comme défense) qui l’ont soumise à un feu roulant de questions. Les questions de la veille sont inlassablement revenues, la poussant à fournir les mêmes réponses que la veille. Parfois, elle n’a pas hésité à renvoyer les robes noires aux déclarations qu’elle a faites durant l’instruction. 

Par exemple, lorsque Me Demba Ciré Bathily a voulu savoir si Karim Wade lui demandait de lui rendre compte, après la création des sociétés pour lesquelles l’ancien ministre avait fait appel à elle, Me Diop a répondu par l’affirmative, avant de laisser entendre qu’elle ne se souvenait plus du nombre de fois que le fils de l’ancien chef de l’Etat lui a demandé de lui fournir des documents. Toutefois, Patricia Lake Diop a précisé que jamais Karim Wade ne lui a demandé de créer une société en usant de prête-noms.

Hier encore, la société AHS est revenue au centre des débats. La notaire n’a pas manqué, cette fois-ci, de préciser que la création de cette société s’est faire en son absence, même si elle a eu à donner son aval. «C’est mon assistante Saguinatou Barro qui a reçu Madeleine et Paul Sarr dans mon cabinet pour établir des actes sous-seing privé», a-t-elle répondu à Me Seydou Diagne. L’avocat lui a alors fait remarquer que cela ne fait pas partie de son métier. La notaire s’est expliquée : «l’essentiel, c’est de les authentifier», a-t-elle soutenu, en précisant n’entretenir aucune relation avec les actionnaires de ladite société. Elle a ajouté qu’elle n’a agi qu’en sa qualité de notaire.  

«Je n’ai jamais nié vous avoir rencontré»

Après les avocats, les inculpés ont été amenés à poser des questions à Me Patricia Lake Diop. Comme d’habitude, Karim Wade n’a pas voulu faire de commentaires. Par contre, son co-inculpé Mamadou Pouye a tenu à être confronté à la dame. Celui qui considère AHS comme son «bébé» a demandé à la notaire de dire devant la Cour que la création de la société 3 AIG n’avait rien à voir avec Karim Wade, comme il est indiqué dans l’arrêt de renvoi.

«C’est Karim Wade qui nous a recommandés. Mais, je ne saurais dire après plusieurs années, pour quelle raison il l’a fait», a répondu la notaire. Après cette réponse, Pouye est revenu à la charge, en demandant des éclaircissements sur la société AHS. Il voulait que la notaire reconnaisse que c’est bien Karim Wade qui les a présentés, à son bureau de l’immeuble Tamaro et non Bibo Bourgi. «Je n’ai jamais nié vous avoir rencontré», a-t-elle dit avec fermeté.

Tout comme Karim Wade, Pierre Agboba n’a pas réagi aux propos de la notaire. «Je ne suis pas concerné par tout ce qu’elle a dit. Donc, je n’ai aucune question à lui poser », a-t-il lancé à l’endroit du président de la CREI qui a finalement mis fin à l’audition de Patricia Lake Diop. Aujourd’hui, ce sera au tour de Victor Kantousan.

NDEYE AWA BEYE