Publié le 11 Mar 2024 - 15:36
DIOMAYE PRÉSIDENT

Une démonstration de force des lieutenants du candidat

 

Malgré l’absence de ses principaux leaders Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, la coalition Diomaye Président affiche ses ambitions au meeting d’ouverture au terrain Acapes des Parcelles-Assainies. Le terrain de football était, hier, noir de monde.  

 

17 h 5 au terrain Acapes des Parcelles-Assainies. Une rumeur se répand peu à peu. En un rien de temps, elle a fini de se propager partout dans cette partie de la capitale sénégalaise. ‘’Ousmane Sonko serait libre’’, souffle-t-on de bouche à oreille. Vers les coups de 17 h 20, la nouvelle a fait le tour. Par groupes, les patriotes tombent en transe. C’est l’hystérie générale ; tous crient le nom du maire de Ziguinchor : ‘’Sonkoooo, Sonkoooo…’’. La trentaine révolue, drapeau fièrement  arboré autour de son corps, Adama n’a plus aucun doute sur la victoire de son candidat dès le premier tour. ‘’La victoire était déjà acquise, mais avec la sortie de Sonko, c'est acquis dès le premier tour’’, se réjouit-il.

Malheureusement pour lui et pour tous les autres, l’information s’est révélée fausse. Ousmane Sonko reste, toujours, en prison.

Sur place, l’ambiance est électrique. Principalement composée de jeunes hommes et femmes venus de tous les recoins de Dakar, la foule a marché de la cité Keur Gorgui, le quartier d’Ousmane Sonko, au terrain Acapes des Parcelles-Assainies. Partout, des Sénégalais se lèvent spontanément, sur leur terrasse ou derrière leur commerce, pour acclamer, chanter, scander avec la caravane : ‘’Diomaye mooy Sonko, Sonko mooy Diomaye….’’ Aminata Faye habite Pikine ; elle vend de la vaisselle dans cette artère au marché de Grand-Yoff. Debout auprès de son étal, les deux mains levées vers le ciel, elle prie pour une ‘’brillante victoire d’Ousmane Sonko dès le premier tour’’ au soir du 24 mars.

Ici, on ne fait pas de différence entre Ousmane et Diomaye. De l’avis des patriotes, la Présidentielle de 2024, c’est comme une promotion. Tu élis un président, tu te retrouves avec deux présidents. ‘’Fal ben président, am niaari présidents’’, clament-ils le long de la caravane.

Au fur et à mesure, la foule s’épaissit. Au terrain Acapes, c’est l’effervescence. Le terrain de football est devenu exigu pour accueillir tout le public venu répondre à l’appel de la coalition Diomaye Président. Venu avec ses deux enfants Ousmane (7 ans) et Mohamed Rassoul (3 ans), assis sur un scooter, Mor Mbengue est un jeune entrepreneur-transitaire. Se considérant comme ‘’simple sympathisant’’, il croit dur comme fer que la voie proposée par Sonko est la voie idéale pour le développement du Sénégal.

‘’Nous ne sommes pas avec Sonko pour sa personne. Personnellement, je me sens dans le projet, mais surtout je pense à l’avenir de mes enfants, de nos enfants. C’est le plus important et je pense que c’est avec cette vision qu’il propose qu’on arrivera à transformer ce pays’’.

Les raisons d’un engagement

Jeune cadre, M. Mbengue confie être mu uniquement par le développement du Sénégal. ‘’Personnellement, insiste-t-il, je n’ai pas de problème particulier, grâce à Dieu. Je peux voyager facilement ; je peux même me permettre le luxe de rester chez moi sans avoir de problèmes financiers. Mais ce qui m’intéresse, c’est le développement de ce pays. Ce qui m’intéresse, c’est une société plus juste où tout le monde peut s’épanouir. Et je pense que Sonko est sur la voie. C’est pourquoi j’accompagne le projet qu’il porte’’.

À l’instar de M. Mbengue, Soulèye Abdoul Niang, venue avec sa famille (son époux et leurs deux enfants) ne cache pas sa joie de participer à cette belle mobilisation, en guise d’ouverture de la campagne. Étudiante à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, elle revient sur les raisons de son engagement à Pastef. ‘’C'est parce que j'aime Sonko et je suis convaincue par le projet. C'est pourquoi j'ai adhéré. J’ai acheté ma carte de membre et je participe à toutes les activités. Ce qui me plait le plus chez Sonko, c’est que c’est un homme droit qui aime le Sénégal. Je suis sûre que si on lui confie le pays, il va le développer’’, souligne-t-elle. Avant d’ajouter : ‘’Sonko mooy Diomaye.’’

Si la plupart des participants sont des jeunes âgés de moins de 35 ans, le troisième âge n’est pas non plus en reste. La soixantaine, Coumba Wagué a quitté l’Unité 4 pour venir participer à la ‘’fête’’. Pour elle, Sonko en vaut bien la peine. ‘’Je suis très contente. Parce que comme vous le voyez, Sonko est en prison ; Diomaye est en prison. Mais cela n’a pas empêché de drainer autant de monde. Voilà pourquoi je suis contente. S’ils étaient dehors, imaginez ce que ça serait’’, se réjouit Mme Wagué.

À la question de savoir pourquoi cet engagement pour le maire de Ziguinchor, elle rétorque : ‘’Parce que c’est un bon croyant ; un homme véridique et droit. C'est pourquoi on le suit. Nous allons l’accompagner, lui et Diomaye, jusqu’au palais.’’

Quelques engagements du candidat

Exit le poste de Premier ministre, place au vice-président. C’est là un des engagements forts de la coalition Diomaye Président, qui propose également la création d’une monnaie pour le Sénégal, l’interdiction du cumul des mandats, entre autres.

Dans l’axe 1 de son programme, Bassirou Diomaye Faye fait diverses propositions qui tranchent d’avec le système actuel. Considérant que le régime est ‘’hyper présidentialiste’’, il promet de le revoir en supprimant le poste de Premier ministre, en instituant celui de vice-président, avec des attributions renforcées. Dans la même logique, le candidat de la coalition Diomaye Président promet de mettre un terme au cumul des mandats et à rendre automatique l’inscription sur le fichier électoral pour tous les Sénégalais détenteurs de la carte nationale d’identité.

Pour une société plus juste, le candidat d’Ousmane Sonko prévoit de recourir systématiquement au concours et à l’appel à candidatures. Dans tous les postes à pourvoir dans la Fonction publique, le concours sera rendu obligatoire, promet le secrétaire général de l’ex-Pastef. Pour certains postes stratégiques comme les grandes directions, les sociétés publiques et certaines agences, il faudra passer par un appel à candidatures pour le recrutement de leurs dirigeants.

Dans l’axe 2 du programme de Diomaye, on note surtout ‘’la réforme monétaire’’ annoncée par le présentateur du projet. À l’en croire, si Diomaye est élu, le Sénégal engagera une réforme monétaire pour se doter ‘’de sa propre monnaie’’. Dans la même logique, l’inspecteur des impôts s’engage pour une importante réforme de la politique fiscale, dans l’optique d’augmenter les recettes internes, à travers notamment la réduction des exonérations, mais aussi la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale.

Les nouveaux visages de l’antisystème

Il faut rappeler que la coalition Diomaye Président regroupe plusieurs entités de l’opposition, notamment d’anciens candidats comme Aminata Touré, Aida Mbodj, Dr Abdourahmane Diouf, Mary Teuw Niane, Serigne Guèye Diop et le dernier venu, l’ancien ministre du Budget Birima Mangara.

Candidat au même titre que Diomaye, Habib Sy était lui aussi présent pour le candidat Diomaye. Prenant la parole, il dit : ‘’Si je suis candidat, c’est grâce à Ousmane Sonko qui est un homme très intelligent, un fin stratège. S’il n’avait pas désigné Bassirou Diomaye Faye, s’il n’avait pas choisi Dr Cheikh Tidiane Dièye, s’il ne m’avait pas choisi, on ne serait pas là à battre campagne. Si le candidat que je suis n’était pas présent, cette belle mobilisation ne passerait pas à la RTS pour être vue par le monde entier. Il faut être stratège pour mettre en place tout ça.’’

Tout en revendiquant le rôle qu’il a joué dans le système, l’ancien ministre d’État et directeur de cabinet d’Abdoulaye Wade estime que pour déconstruire le système, il faut aussi des gens de ce système.

MOR AMAR

Section: 
GRÈVES DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ ET DANS LES UNIVERSITÉS : Le régime face à un front social en ébullition
3E ALTERNANCE : La gauche invitée à accompagner le nouveau régime
JOURNÉE NATIONALE DES DAARA : Le ministre de l'Éducation nationale en tournée dans les foyers religieux
SUPPRESSION DES VILLES : Diomaye-Sonko acte-t-il la volonté de Macky Sall ?
OUSMANE SONKO AUX DÉPUTÉS DE PASTEF : ‘’Cette Assemblée nationale doit réconcilier les Sénégalais avec l’organe parlementaire’’
ASSANE DIOMA NDIAYE SUR LE MANDAT DE LA CPI CONTRE NETANYAHU ET CONSORTS : ‘’Le Sénégal, en tant que signataire du Statut de Rome, a l’obligation de respecter ses engagements internationaux’’
LEADERSHIP PARLEMENTAIRE : Les alliances cachées et les ambitions dévoilées
CRISE POLITIQUE AU MALI : Le limogeage de Choguel Maïga, symbole des fractures au sein de la junte
RÉSULTATS PROVISOIRES DES LÉGISLATIVES : La suprématie de Pastef confirmée
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES : Haro sur le pillage 
PR. ALIOU THIONGANE - CADRE PASTEF MATAM : ‘’La restructuration du parti s’impose à Matam’’
Moustapha Diakhaté convoqué
THIÈS : La coalition Pastef rafle toutes les 15 communes
ASSEMBLÉE NATIONALE : Le projet de loi de finances pour 2025 finalisé dans les prochains jours
MARCHÉS DE L’ARACHIDE : L’État cherche un consensus  
Pikine
LÉGISTATIVES 2024 : Unité égarée : L'échec des coalitions de l'opposition
LÉGISLATIVES À MÉDINA YORO FOULA ET À VELINGARA : Pastef obtient 15 081 voix, soit plus de 53 % des suffrages
LÉGISLATIVES EN MAURITANIE ET EN AFRIQUE DU NORD : La razzia de Pastef et le faible taux de participation
LÉGISLATIVES 2024 : Les leçons du Pr. Madior Fall