Publié le 6 Jul 2018 - 06:15
DOCTEUR YOUSSOU BAMAR GUEYE RESPONSABLE DE LA COLLECTE, DE LA PREPARATION ET DE LA DISTRIBUTION DES PRODUITS SANGUINS CNTS

‘’On est loin de la norme de l’OMS sur le plan national’’

 

Quelques jours après la fête de la Korité, le centre national de transfusion sanguine a été confrontée à une rupture de poches de sang. Selon docteur Youssou Guèye, la situation est stable, même s’il reconnaît que le pays est loin du ratio de l’Organisation mondiale de la santé. Il espère s’en approcher d’ici 5 ans. En attendant, les populations sont appelées à donner de leur sang.

 

Quel est le rôle du Cnts ?

Le Centre national de transfusion sanguine a en charge la collecte et la distribution des produits sanguins. C’est une structure qui a la tutelle technique des banques de transfusion qui sont logées dans les hôpitaux régionaux. Dans les régions, il y a 23 structures de transfusion qui sont logées, en général, dans les hôpitaux régionaux. Mais il y a des régions où les structures de transfusion ne sont pas logées dans les hôpitaux. A Saint-Louis, il y a un centre régional fonctionnel qui ne dépend pas de l’hôpital. A Louga et à Matam, les centres régionaux de transfusion sanguine sont en cours de construction. L’objectif est d’avoir des structures de transfusion qui sont en dehors des hôpitaux pour être plus efficaces dans les régions.

 Le centre est confronté à une pénurie de poches de sang. Comment en est-on arrivé à ce stade ?

Le Cnts était confronté à un problème de pénurie pendant la première semaine qui a suivi le mois de Ramadan. Parce que, comme vous le savez, le centre a deux bêtes noires. La première est la période du Ramadan, la deuxième est la période des vacances. Parce que nos principaux donneurs sont les étudiants et les élèves. Le mois de cette année, on l’a bien préparé, parce qu’en début de Ramadan, on avait 3 000 poches de sang en stock. Mais si on distribue plus de 150 à 200 poches par jour, en fin de Ramadan, nos stocks sont épuisés.

Nous l’avons signalé pendant la période du 14 juin, parce que cette date est la Journée mondiale des donneurs de sang. On a fait une communication, on a fait un communiqué de presse, mais malheureusement, avec la Korité, le message n’est pas bien passé. C’est pour cela que, dès la fin du mois de Ramadan, il y a eu une pénurie qui a duré peu de jours, parce que les associations de donneurs de sang, les populations ont vite réagi par rapport à notre demande et le stock a commencé à se renouveler. Pas plus tard que le samedi dernier, on a reçu une association qui nous a permis de prélever plus de 500 poches de sang.

On peut dire qu’aujourd’hui la situation est revenue à la normale ?

La situation est revenue à la normale, actuellement.

Quel est le ratio de poches de sang par année, selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ?

Au Sénégal, si on prend la moyenne nationale, nous avons 5,8 dons pour 1 000 habitants. Alors que l’Organisation mondiale de la santé (Oms) dit qu’il faut 10 dons pour 1 000 habitants. Là, vous voyez qu’on est loin de la norme sur le plan national. Mais dans la région de Dakar, on est à 12 dons par 1 000 habitants. Dans la capitale, on a atteint la norme. 

Les besoins en transfusion sont plus importants à Dakar, parce que quand quelqu’un est malade dans une région pour un traitement de pointe, en général, il vient à Dakar. En plus de cela, il faut savoir que la transfusion, actuellement, est confrontée à un double fardeau, parce qu’avant, ce sont les femmes qui accouchaient, les accidentés ou bien les enfants qui étaient transfusés. Mais aujourd’hui, en plus de ces personnes, de ces malades, il y a d’autres types de maladies qui peuvent être transfusées.

C’est-à-dire les malades qui ont des insuffisances rénales, ils font la dialyse. Pour faire la dialyse, il faut de temps en temps être transfusé. Les malades qui sont sous chimiothérapie, qui ont un cancer, qui peuvent survivre avec leur cancer nécessitent d’être transfusés assez souvent. Donc, ce double fardeau-là nécessite une augmentation de la capacité du Centre national de transfusion sanguine. C’est pour cela que nous sommes confrontés à des demandes qui augmentent de plus en plus.  Ce sont les progrès de la médecine. Au début, c’était surtout les femmes qui accouchaient, les enfants anémiés, les accidentés de la route qui nécessitaient la transfusion. Mais maintenant, elle sert pratiquement à toutes les spécialités de la médecine de pointe.

Quelles sont les régions les plus touchées par cette situation ?

Vous savez, la transfusion, c’est surtout dans les régions où il y a moins de populations où les populations sont ancrées à des croyances socio-culturelles qui entraînent des freins dans le don de sang. C’est là-bas qu’on a le plus de difficultés : à Kédougou, Kolda etc. Dans ces régions, il y a plus de difficultés d’approvisionnement. Mais les choses tendent à s’améliorer de plus en plus, grâce à la communication sur le terrain. Parce que vers les années 2005-2010, le nombre de dons pour 1 000 habitants était entre 3 et 4. Chaque année, on constate une augmentation de 13% sur le plan national en matière de don de sang. Donc, cela veut dire que les populations sont conscientes de la nécessité de donner du sang.

Le gap est énorme. Le Sénégal n’est pas dans les normes de l’OMS, aujourd’hui, quelle est la communication que vous menez pour pallier toute éventualité ?

Le gap est énorme, mais l’espoir est là. J’ai dit qu’on augmente de 13% en moyenne par an sur le nombre de dons. Donc, il faut espérer, dans les 5 années à venir, de vraiment avoisiner ce gap. La communication qu’il faut est qu’il faut continuer à parler, parce que le don de sang est quelque chose d’actif. Il faut communiquer avec les populations et ne pas s’arrêter. Et il faut aussi des moyens logistiques, il faut aussi des structures de transfusion sanguine qui sont capables de gérer cela. Parce que si la structure de transfusion est dans l’hôpital, alors que le rôle de ce dernier est surtout de traiter, donc là, il y a problème. Je crois que dans les régions, en général, la transfusion n’est pas trop développée.

On sait que les Sénégalais attendent les situations d’urgence pour donner du sang. Que faut-il faire ?

Ça aussi, ce n’est pas une bonne habitude, parce que le don de sang doit se faire en temps normal. Il ne faut pas attendre. Si vous allez dans les pays européens où il y a 30 ou 39 dons pour 1 000 habitants, là-bas les gens donnent du sang régulièrement. C’est comme un rendez-vous médical. Vous allez donner du sang ; si la date arrive, vous allez le faire rapidement. Nous, dans nos pays, il y en a certains qui le font, mais ce n’est pas encore entré dans nos habitudes.

Aujourd’hui, ne pensez-vous pas qu’il doit y avoir une loi sur la transfusion sanguine pour permettre de régler ce problème ?

C’est une bonne question. Il y a la loi qui est dans le circuit. Elle est déjà écrite. Mais vous savez, une loi doit faire un long processus. Ça doit passer dans tous les ministères, il y a les comités techniques. C’est pourquoi on dit que la loi sur la transfusion est dans le circuit de validation. Une fois validée, elle passera à l’Assemblée nationale, mais on souhaite vraiment que cette loi soit votée pour que la transfusion bénéficie de tout ce qu’il faut améliorer dans les conditions de transfusion sanguine.

Le Chef de l’Etat, Macky Sall a lancé un appel aux Sénégalais pour qu’ils viennent donner du sang, comment vous trouvez son message ?

On apprécie beaucoup son appui, parce que c’est la première autorité de ce pays. S’il s’intéresse à notre campagne de don de sang, je pense que c’est une bonne chose et on est vraiment content de son engagement, parce que le don de sang demande l’engagement des plus grandes autorités du pays. Je pense qu’il a bien fait d’appeler la population au don de sang, parce que c’est un acte civique.

VIVIANE DIATTA

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