‘’Ce que Senghor, Diouf, Wade et Macky ont fait pour la culture…’’
Première à être invitée à la série de conférences initiée par le Monument de la Renaissance africaine, la directrice de la Langue française, de la Culture et de la Diversité à l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), Dr Youma Fall, a axé son intervention sur l’apport des différents chefs d’Etat sénégalais pour la reconnaissance de l’identité culturelle de l’autre.
Depuis les indépendances, l’actuel président du Sénégal, Macky Sall, serait celui qui donne un sens à la fusion culture et citoyenneté. C’est la conviction de la directrice de la Langue française, de la Culture et de la Diversité à l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), Youma Fall. Elle a animé, ce week-end, la première rencontre du cycle de conférences initié par le Monument de la Renaissance africaine. Parlant de la diversité culturelle et de la citoyenneté, elle a partagé les grandes lignes de la politique culturelle sénégalaise, de Senghor à Macky Sall.
Le président-poète était pour le financement et le soutien de la culture par l’Etat. C’est dans cette optique qu’ont été créés le Théâtre national Daniel Sorano, les Manufactures des arts décoratifs de Thiès ou encore l’Ecole nationale des arts. Senghor était pour une affirmation d’une identité culturelle africaine. Son successeur Abdou Diouf, lui, a été pour la modernisation du soutien à la culture. Le créateur participe maintenant et devient acteur de l’économie. Diouf était persuadé que ‘’le développement culturel de nos pays est un enjeu suprême de développement’’, a rappelé Dr Youma Fall. C’est pour cela qu’il disait souvent que le Sénégal ‘’sait ce qu’il doit à ses créateurs’’.
Abdoulaye Wade a été l’homme des infrastructures. Il en a beaucoup construit sous son magistère. Ce qui est important, si l’on se fie à Joseph Ki-Zerbo qui disait que la culture sans infrastructure n’est que vent qui passe, comme l’a souligné l’ancienne administratrice du Grand Théâtre de Dakar.
Macky Sall est, aujourd’hui, celui qui essaie de faire de l’acteur culturel un citoyen acteur du développement de la cité. ‘’C’est là que nous avons le lien entre culture et citoyenneté avec la création d’un statut pour l’artiste, la mise en place d’une mutuelle de santé, etc’’, a indiqué Mme Fall. Ce qui participe à l’épanouissement de l’acteur au sein de la société et aide le créateur à y avoir sa place. ‘’Vivre de son art apaise’’, a-t-elle affirmé.
En outre, à cet environnement, il faut ajouter des conditions d’une production de qualité, en assurant la formation des acteurs. Mais également en créant les conditions leur permettant d’avoir accès aux marchés, de faire circuler leurs marchandises, etc. Pour ce que Youma Fall appelle une ‘’refonctionnalisation de la culture, c’est-à-dire inscrire l’apport des industries culturelles créatives dans un processus de développement : adaptation d’un contexte, d’un modèle, etc.’’, il faut tout cela.
‘’La culture peut être un moyen de changement sociétal’’
Un épanouissement ou une ouverture pourrait participer à la création d’une pensée africaine endogène qui est, par ailleurs, l’un des buts du cycle de conférences initié par le Monument de la Renaissance africaine. Dans ce cadre, est d’ailleurs prévue la participation d’éminents Africains. Ainsi pourrait être construite l’Afrique.
Car, de l’avis de Youma Fall, ‘’la culture peut être un moyen de changement sociétal’’. Et la citoyenneté, considérée comme une ‘’manifestation d’une identité culturelle et d’une histoire commune, reste fondamentalement liée à une même communauté politique appelée Nation’’.
Par conséquent, la citoyenneté est un concept intimement lié à la culture. Mieux encore, ils sont deux termes indissociables. Donc, pour parler de développement durable, on est obligé de prendre en compte la notion de culture comme vecteur de cohésion sociale et catalyseur de créativité. Si l’on conçoit qu’on ne peut pas laisser le citoyen à côté et construire pour ce dernier. C’est pour cela que l’échange, le dialogue et la prise de parole restent impératifs pour la cohésion sociale. C’est en échangeant qu’on découvre l’autre. Dans cette ère de mondialisation, cela s’impose. Pour ne pas ‘’sombrer’’ dans la culture de l’autre, il faut ‘’s’enrichir de vos différences pour converger vers l’universel’’, comme disait Léopold Sédar Senghor.
‘’Où peut-on trouver plus grande différence que dans le domaine de la culture ?’’, se demande alors Youma Fall. C’est pour cela qu’elle suggère un dialogue des cultures pour mieux se connaître, se découvrir et échanger. Car, est-elle d’avis, ‘’avant d’avoir la connaissance de l’autre, il faut avoir la connaissance de soi d’abord ; et la culture est à la société ce que la personnalité est à l’individu’’. Elle ajoute, dans la même veine, paraphrasant Ki-Zerbo, que seul un échange culturel équitable peut assurer l’équilibre dans les échanges entre le Nord et le Sud.
La cohésion sociale repose donc sur l’égale chance d’exprimer et de vivre sa culture. Une industrie culturelle doit, pour exister, se référer à une identité culturelle, à l’imaginaire. C’est cela qui fait la différence. ‘’J’ai beaucoup de respect pour les créateurs qui engagent leur culture, leur identité dans une création contemporaine’’, a avoué Youma Fall.
Par ailleurs, pour un meilleur épanouissement des artistes, les gouvernants gagneraient à mettre en œuvres les accords internationaux signés. ‘’On ne peut pas évoluer seul. Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin’’, a déclaré la directrice de la Langue française, de la Culture et de la Diversité à l’Oif.
B. BOB