Publié le 4 Jun 2013 - 21:51
EN PRIVÉ AVEC... NGONÉ NDIAYE GUÉWEL, ARTISTE-CHANTEUSE

''J'aimerais qu'on m'appelle madame''

 

 

A presque 39 ans, Ngoné Ndiaye Guéwel fait partie de ces artistes féminins qui rivalisent d'originalité dans le ''Taasu''. Griotte jusqu'au bout des ongles, elle vient de connaître un grand succès pour le tout premier anniversaire de sa carrière ''La nuit de la Taille basse''. C'est avec sa sensualité naturelle qu'elle ouvre sa vie d'artiste au quotidien EnQuête.

 A quelle famille griotte appartenez-vous ?

Permettez-moi, avant tout, de transmettre un salut cordial à toutes les familles religieuses du Sénégal, au peuple sénégalais et particulièrement à la population de Grand-Yoff qui m'a toujours soutenue. Cela dit, mes origines sont partagées entre le Baol et le Cayor, et Ngoné Ndiaye Guéwel est la fille de toutes les familles griottes du Sénégal.

Avez-vous hérité cela de vos parents ?

Mon père était un Inspecteur de police mais cela ne l'empêchait pas de participer à des causeries à la radio et de s'intéresser même au théâtre. L'artiste que je suis devenue n'est pas un fait du hasard.

Quelle genre d'enfant étiez-vous ?

Comme je l'ai dit plus haut, mon père était inspecteur de police. Par conséquent, il nous a donné une éducation basée sur le respect des autres en tant qu'êtres humains. J'ai été à l'école comme la plupart des filles de mon âge. Seulement, j'ai dû arrêter les études en classe de CM2. Parce que j'étais déçue d'avoir échoué au concours d'entrée en sixième après avoir décroché le certificat de fin d'études élémentaires. Malgré les encouragements de mon père, j'ai préféré arrêter pour aider ma mère dans les tâches ménagères.

Et comment vous êtes-vous retrouvée dans le milieu de l'art ?

Il faut rappeler que j'étais une danseuse auparavant. Ensuite, dans le quartier Grand-Yoff, c'est moi qui faisais office de communicatrice pour annoncer les baptêmes et les mariages. A l'occasion de ces différents événements festifs, je me faisais toujours remarquer par la danse, le chant et le taasu.

Gagniez-vous assez d'argent à l'époque ?

Étant jeune, deux mille francs représentaient beaucoup pour moi. Mais je remettais les trois quarts à ma mère que je ne cesserai d'aider. Après le décès de mon père en 1994, je devais, en tant que jeune fille, redoubler d'efforts pour soutenir ma mère. C'est ainsi que je me suis trouvé un boulot en qualité de mareyeuse à la Sofrigal, située au Môle 10 du Port autonome de Dakar.

Est-il facile pour une femme de faire le métier de mareyeuse ?

Non. Mais si l'on sait d'où l'on vient, l'abnégation est la meilleure arme pour réussir. C'est vrai que la cupidité dans ce milieu peut vous détourner de votre objectif. Par la grâce de Dieu, j'y ai honnêtement gagné ma vie. Au port, je m’isolais souvent avant qu’un bateau ne débarque pour m'inspirer en fredonnant des chansons ou en faisant du taasu. Il m’arrivait de passer quatre heures d’horloge à créer et écrire des paroles sur une feuille. Avec mes petites économies, je suis allée exprimer mon désir de faire de la musique à Bara Samb, un grand frère du quartier, parce qu’il connaissait mieux le milieu artistique à Grand-Yoff. C’est ainsi qu’il m’a conduite chez Baba Hamdy à la Zone 7. Je me rappelle qu'il avait éclaté de rire lorsque je lui ai dit que je ne possédais que la somme de 50 000 francs pour aider ma mère, payer mon transport et enregistrer mon album. Baba Hamdy a accepté de m’aider à enregistrer mon premier album ''Lu jot yomb'' sous le label ''1000 Mélodies''. C’était un album de six titres dont deux vidéo-clips.

Y a-t-il eu une autre production ?

Non. Depuis ce premier album, je ne fais que des singles. Il y a ''Sakare Yàllà kaw ak suuf'', ''Coxxotaan'', ''Yaay saay saay''.

Un album en gestation ?

Bien sûr. Je travaille en studio avec quelqu’un qui s’y connaît très bien. C'est lui qui me suggère d'être patiente pour l'album. Il est à la fois le producteur et l'arrangeur.

Avez-vous votre propre orchestre pour vous accompagner ?

J'ai mon groupe qui s’appelle ''Ngoné Ndiaye et le Lëmbël rythme''. J’ai la chance d’avoir des musiciens qui sont des talibés comme moi. C'est un groupe d'artistes qui est toujours disponible pour me rendre un service en cas de besoin.

Pourquoi vous ne vous produisez pas régulièrement en live ?

J’ai beaucoup tourné avec mon groupe l’année dernière dans différentes boîtes de la place avec en moyenne quatre prestations dans la semaine. Par la suite, je me suis rendue en Espagne où j’ai séjourné pendant un bon moment. Après, je suis rentrée au Sénégal pour préparer mon anniversaire, enregistrer et faire le vidéo-clip de ''Yaay saay saay''. Et je vais bientôt reprendre les concerts en live.

Vous avez choisi Fatou Laobé comme invitée principale de votre premier anniversaire. Pourquoi ?

Vous me posez une question pertinente. C'est une occasion pour moi d'éclairer la lanterne des Sénégalais. Il n'y a jamais eu une seule zone d'ombre entre Fatou Laobé et moi. C'est une femme digne qui sait se battre pour mériter le respect des autres. Je le jure sur Serigne Fallou, mon guide spirituel, qu'il n'y a jamais eu le moindre écart de langage entre Fatou Laobé et moi. Elle est la personne que j'ai sentie comme invitée d'honneur de mon anniversaire. Fatou Laobé m'a honorée de sa présence devant un parterre d'invités et un public venu en masse.

D'où vous est venue l'idée de ''La nuit de la Taille basse'' ?

Personne ne me l'a soufflée. C'est un concept inspiré de ma propre personne. Parce que tous ceux qui connaissent très bien Ngoné Ndiaye Guéwel savent qu'elle s'est toujours habillée en Taille basse. C'est la tenue que je mets le plus en valeur dans la vie. Puisqu'il me fallait trouver un nom pour mon premier anniversaire, je me suis dit pourquoi pas ''la nuit de la Talle basse''.

Et la mode dans tout cela ?

C'est vrai que je travaille sur un projet sur lequel je ne voudrais pas m'avancer pour l'instant. Mon souhait est de célébrer ''la nuit de la Taille basse'' chaque année. Et ce sera bientôt exporté aux États-Unis et dans la Diaspora. Mon manager est beaucoup sollicité dans ce sens. Nous allons entamer une tournée internationale.

Dans quelles circonstances avez-vous fait ce duo avec la diva Kiné Lam ?

Nous nous sommes rencontrées en studio et elle a décidé d'apporter sa contribution pour le single ''Yaay saay saay''. C'est une grande fierté pour moi de faire un duo avec une diva comme Kiné Lam qui a bercé mon enfance par son riche répertoire.

Que pensez-vous de l’obscénité de certains vidéo-clips ?

Personnellement, je crois que l'artiste, en tant que référence dans la société, a l'obligation d'adopter un comportement exemplaire. Cela dit, je respecte le public et je m'emploie à ne rien faire de négatif qui dérangerait mes fans. Nous essayons chaque fois de bien faire notre travail.

Êtes-vous toujours célibataire ?

Oui. Je suis célibataire pour l'instant. Mais je pense me remarier un jour. Parce que la valeur d'une femme se trouve dans son foyer. On aimerait entendre souvent l'interpellation : madame.
 

 

Par Almami Camara
 

 

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