Une baisse de 13 000 t enregistrée
Le Sénégal a vu baisser, cette année, ‘’ses’’ exportations de mangue de 13 000 t contre 19 000 t en 2019, alors que le pays attendait 25 000 t.
Avec une capacité d’exportation annuelle de 150 000 t, le Sénégal veut exposer sa mangue au monde entier. Mais cette volonté des acteurs de la filière mangue et des autorités étatiques risque de ne pas se matérialiser très rapidement. La faute à une chute séquentielle des exportations. C’est le cas en 2019 où seules 19 000 t ont été absorbées par le marché extérieur, contre 24 700 t en 2018. Cette année encore, les exportations ont baissé de 13 000 t.
Selon l’administrateur général de la Fondation origine Sénégal (Fos), cette chute est occasionnée par la pandémie de Covid-19, mais aussi et surtout par les changements climatiques. ‘’Nous avons constaté des problèmes de conditionnement. La preuve : cette année, les exportations de mangue ont connu une baisse de 13 mille tonnes, alors qu’on projetait sur 25 000 t. Cette chute est énorme. Et elle est causée par le phénomène lié aux changements climatiques, les mouches ravageuses et surtout la crise de la Covid-19 qui a impacté la commercialisation de la mangue. Les pertes sont ressenties par le producteur, l’exportateur et tous ceux qui s’activent dans ce sous-secteur’’, analyse Papa Amadou Sidibé.
Le patron de la Fos s’exprimait au terme d’une session de formation sur les bonnes pratiques de production, organisée par l'Agence de développement et d'encadrement des petites et moyennes entreprises (Adepme). Le sous-secteur, dit-il, espère retrouver le rythme des exportations d’antan.
Un producteur de mangue dans la zone des Niayes soutient qu’il faut changer de techniques de conditionnement afin de mieux vendre à l’étranger. De plus, il a insisté sur le fait que la mangue sénégalaise doit être plus compétitive sur le marché international. Mais pour y arriver, il va falloir, a-t-il ajouté, transmettre à tous les producteurs à la base, les nouvelles techniques de production. ‘’Les producteurs doivent maitriser les techniques leur permettant d’améliorer leurs productions. Ils doivent aussi savoir comment conditionner les produits. Si on veut pénétrer le marché international, la compétitivité doit être de mise’’, préconise Gana Ndoye.
Ces derniers mois, l’actualité nationale a été marquée par la résurgence du fléau de l’émigration clandestine qui touche les jeunes, avec son lot de morts en mer. Le secrétaire général de la filière arboriculture dans la commune de Sangalkam est d’avis que la filière mangue peut être une solution durable à ce phénomène qui n’a que trop duré.
Des dégâts ‘’collatéraux et des pertes énormes’’
C’est pourquoi il demande à l’État du Sénégal de sécuriser et d’encadrer davantage la filière mangue qui, d’après lui, crée des milliers d’emplois pour les jeunes, à l’ouverture de chaque campagne. Monsieur Ndoye ajoute voir avec regret les exportations connaitre une baisse de 13 000 t, pour l’année écoulée. ‘’Nous avons vécu beaucoup de difficultés, à cause de la pandémie. Là où on devait exporter 25 000 t, c’est seulement 13 mille qui ont été exportées. C’est une perte. Les producteurs de mangue sont soutenus par le chef de l’État du Sénégal à qui nous demandons de faire encore plus pour rendre ce sous-secteur beaucoup plus viable’’, poursuit Gora Ndoye.
De son côté, le président du Collège des exportateurs de la filière mangue a listé les difficultés auxquelles ses camarades et lui font face durant chaque campagne. D’après Mamadou Guèye, cette régression notée cette année au niveau des exportations est due à la forte pluviométrie enregistrée et à l’apparition des mouches de fruits. Ainsi, le président de l’Interprofession de la filière mangue a souligné l’impératif d’éradiquer les mouches, afin de booster la production et les exportations.
‘’Cette année, il y a eu des dégâts considérables. Nous n’avons pas pu pénétrer le marché international, même celui du Maroc qui nous est jusqu’ici favorable. Par exemple, les producteurs de Méouane (département de Tivaouane) n’ont eu qu’une seule solution : vendre leurs mangues aux commerçants, parce qu’ils n’ont pas eu de régénération pendant la période de récolte. Les conteneurs de certains producteurs ont été détruits et les frais de réparation s’élèvent à 20 000 euros. Avec ces dégâts collatéraux, nous avons perdu une manne financière extraordinaire’’, confie Mamadou Guèye, invitant l’État à venir en aide aux producteurs pour préserver les milliers d’emplois qu’offre ce sous-secteur.
GAUSTIN DIATTA (THIES)