Djarama à la rescousse des enfants des rues
Solidaire avec les enfants en situation de vulnérabilité, l’association Djarama, initiatrice du Festival international des arts de la marionnette, donne le sourire aux enfants des rues, à travers cet évènement. De plus, ces derniers bénéficient des formations en théâtre et en agroécologie, et participent à des ateliers de rencontre, d’échange et de partage. Le Mali est à l’honneur, pour la 7e édition de ce festival itinérant.
Débutée le 27 mars dernier, la 7e édition du Festival international des arts de la marionnette (Djaram’art) se poursuit jusqu’à ce 2 avril. Ce festival itinérant se déroule à Toubab Dialaw, à Ndayaan et à Dakar. S’agrandissant d’année en année, il rassemble près de 3 000 personnes. Marionnettes, ateliers de cirque, masques, ateliers de manipulation de marionnettes pour des artistes amateurs et professionnels, une table ronde sur la gestion des déchets dans la zone de Toubab Dialaw sont, entre autres, au menu du programme. Ainsi, deux compagnies maliennes, deux compagnies sénégalaises, une compagnie belge et une compagnie française apportent leur partition à la grande réussite de cet évènement.
Il s’agit d’un festival de solidarité destiné aux enfants en situation de vulnérabilité. ‘’Le festival est destiné aux enfants des rues. Nous les voyons dans les parcs regarder à travers des trous ; nous les rencontrons, lors des évènements, monter sur des briques pour regarder ce qui se passe à l’intérieur. Lors des festivals, ils peuvent partager un goûter ou simplement jouer avec des enfants qui vivent en famille’’, explique Patricia Gomis, Présidente de l’association Djarama, organisatrice de cet évènement dont la présente édition porte sur le thème ‘’Quel environnement pour demain’’ et dont le Mali est le pays invité d’honneur.
Ainsi, avec la collaboration des structures qui s’occupent des enfants livrés à eux-mêmes comme la Maison Rose de Guédiawaye, plusieurs gamins habitants de Guédiawaye et de Grand-Dakar et des talibés issus des écoles coraniques ont été sélectionnés pour prendre part à ce festival. ‘’Ce sont des enfants qui ne sortent pas de leurs quartiers et qui ne mettent jamais les pieds en ville. Ce sont aussi des filles mères ; des enfants qui ont fugué ou en difficulté. Et cette année, une soixantaine d’enfants sont invités pour assister aux spectacles et ateliers’’, détaille Mme Gomis.
Mieux, le Festival international des arts de la marionnette offre aux enfants des rues l’opportunité d’exploiter et d’exprimer leur talent caché. Il leur donne la chance d’apprendre un métier pour réussir leur réinsertion dans la société.
En effet, en partenariat avec plusieurs compagnies d’artistes d’ici et d’ailleurs, Djarama organise des séances de formation en théâtre et en agroécologie, mais aussi des ateliers de rencontre, d’échange et de partage. Selon Mme Gomis, 2 300 enfants, avant la pandémie de la Covid-19, ont bénéficié des formations offertes par Djarama. ‘’Ils se retrouvent aujourd’hui avec un emploi, même si quelques rares jeunes continuent toujours de chercher du travail’’.
‘’Djarama, depuis 2015, développe un réseau de diffusion. Parce que, souvent, on forme les gens et après on les laisse partir comme ça. Nous, nous avons ce réseau qui accueille pas moins de dix compagnies par an. Et nous proposons nos spectacles au Grand Théâtre’’, indique Patricia Gomis. Elle demande un accompagnement pour que les jeunes puissent jouer dans les différents centres culturels régionaux dans tout le pays qui n’ont pas de programme culturel.
Récemment, elle a rencontré la directrice des Arts, Khoudia Diagne, pour lui proposer le projet. ‘’Il faut que les jeunes puissent gagner leur vie, pour ne pas se décourager. Là, avec Khoudia Diagne, nous commençons avec Yaakar qui va faire quatre centres culturels’’, indique Mme Gomis, estimant qu’avec l'accompagnement des instances, les choses vont pouvoir changer. ‘’C’est possible. Le Sénégal est rempli de jeunes qui ne demandent qu’à travailler. On est là à essayer, mais il y a des domaines qui restent encore à développer. Le théâtre jeune public, par exemple, n’est pas bien connu. Le domaine des arts, pour les enfants, c’est un terrain à défricher’’, soutient-elle.
Pour sa part, la directrice artistique du théâtre Motus au Québec, Hélène Ducharme, a parlé des arts de la marionnette, qui est un beau mélange au niveau des arts visuels, des théâtres, de la danse, etc. ‘’La marionnette a des formes plurielles. Elle offre d'incroyables possibilités. J’ai réalisé qu’une marionnette peut faire beaucoup mieux qu’un acrobate. On peut s’inspirer de tous les mouvements d’art. Elle peut aussi porter la parole. Patricia et moi, on a pris deux à trois enfants, et on a fait une coécriture. On joue pour les enfants et pour les personnes âgées’’, explique Mme Ducharme qui tient, depuis 20 ans, sa compagnie qui a créé 15 productions et beaucoup de coproductions internationales.
A propos du Festival international des arts de la marionnette, elle dit : ‘’Vous ne savez pas la chance que vous avez d’avoir Patricia et Djaram’art au Sénégal pour voir tout l’impact qu’il y a sur le public. Ce public-là est habitué à voir du théâtre. Il a un écho, une compréhension et un échange avec les enfants d’une profondeur incroyable. J’ai tourné partout (Chine, Grèce, États-Unis, Amérique du Sud, dans le Grand-Nord canadien, mais ici, l’attention du public est incroyable. La présence est magnifique. Le public reconnaît ce qui se passe devant lui, et cet échange avec les artistes est palpable. On le ressent quand on vient ici’’.
Par ailleurs, le Festival international des arts de la marionnette ne se limite pas seulement aux arts et à la culture. Toujours sur le volet social, le projet de l’association Djarama offre aussi des soins buccodentaires à ces enfants. En outre, pour valoriser le travail des artisans, producteurs et producteurs locaux, un marché à Djarama Dialaw se tiendra le 2 avril, avec la présence d’un couturier, d’un styliste, d’une bijouterie et d’un pépiniériste.
BABACAR SY SEYE