Publié le 23 Dec 2019 - 20:49
GESTION DES URGENCES AU SENEGAL

Le Samu, passer du ‘’cosmétique’’ à la coordination 

 

Il est impératif, aujourd'hui, avec l'ensemble des menaces, de mettre un réel plan stratégique de gestion des urgences au Sénégal. De l’avis de docteur Serigne Fallou Samb, l’urgence est de sortir le Samu national de l'opérationnel, pour en faire un véritable centre stratégique de coordination. Car, aujourd’hui, c’est juste un outil cosmétique destiné à quelques privilégiés de Dakar.

 

‘’Il faut une cartographie journalière de l'ensemble des lits destinés aux urgences publiques comme privées, avec un suivi en temps réel. Cela permettrait de savoir, à la minute, dans chaque commune, département ou région, le nombre de places disponibles dans les services d'urgence. Ce dispositif de veille permettra un gain de temps et une bonne prise en charge de la patientèle’’.

Mais pour y arriver, renseigne docteur Serigne Fallou Samb, le Samu doit être doté de fonds souverains lui permettant de mener à bien cette délicate mission. Ce fonds, dit-il, peut être alimenté par les contraventions, les assurances, le Fonds de garantie automobile, les compagnies de téléphonie, une taxe sur les produits de luxe et les donations.

Par ailleurs, le médecin estime qu’il est nécessaire de répertorier l'ensemble des médecins anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens, urgentistes, infirmiers anesthésistes. Ce, pour avoir une base de données solides et stratégiques dans chaque région pour une célérité des interventions. ‘’Il faut, dans chaque région, une équipe de coordination rapidement mobilisable, en cas de besoin. Une équipe mixte constituée des acteurs de la santé, des sapeurs-pompiers, des forces de défense et de sécurité, l'administration territoriale. Leurs interventions seront bien rémunérées pour une réelle motivation’’. 

Selon lui, une gestion des urgences efficace résulte d'une approche coordonnée et d'une structuration plus uniforme dans toutes les institutions médicales, paramédicales, de défense et de sécurité, publiques comme privées. ‘’Il est urgent d'établir un plan stratégique de gestion des urgences qui aura comme objectif la protection des populations contre les menaces et les dangers quotidiens’’, fait-il savoir. En plus de cela, il suggère la formation des chauffeurs ambulanciers et des paramédicaux à la prise en charge des urgences sur la voie publique, domestiques, des maladies chroniques, invalidantes pouvant mettre en jeu le pronostic vital. 

Planification de la gestion des urgences

En effet, les menaces et les risques pour les Sénégalais deviennent de plus en plus complexes, à cause de la diversité des dangers. Notamment ceux qui sont naturels et ont des répercussions sur notre pays, les menaces transnationales inhérentes aux conséquences du terrorisme, l'éclosion mondialisée des maladies (Ebola…).

Selon docteur Serigne Fallou Samb, les urgences sont susceptibles de dégénérer rapidement en étendue et en gravité, de donner lieu à des pertes humaines et économiques significatives. Ainsi, assurer la sécurité et la protection des populations est la principale fonction du gouvernement.

Dr Samb suggère de mettre davantage l'accent sur les activités de gestion des urgences, étant donné l'évolution du contexte des risques dans tous les domaines. Parce que, dit-il, une bonne gestion des urgences sauve des vies, préserve l'environnement et protège la propriété, en augmentant la compréhension des risques. ‘’La planification de la gestion des urgences vise particulièrement à renforcer la résilience, en favorisant une perspective globale et intégrée. Elle comprend cinq piliers de la gestion des urgences. C’est la prévention, l'atténuation, la préparation, l'intervention et le rétablissement’’, dit-il.

Outil cosmétique

Aux yeux du docteur Fallou Samb, il est impératif de sortir le Samu national de l'opérationnel pour en faire un véritable centre stratégique de coordination, d’orientation et d'organisation des secours et des urgences du Sénégal. Ce Samu, tel qu'il est conçu, fustige-t-il, est juste un outil cosmétique destiné à quelques privilégiés de Dakar et son coût peut ne pas être social du tout pour certains.

‘’Le rôle du Samu devrait être le recensement de tous les moyens mobiles de secours (ambulances, entre autres), publics, parapublics, privés comme confessionnels, sur toute l'étendue du territoire national. Ces moyens seront bien cartographiés, géolocalisés de sorte que, quand survient une urgence, quel que soit le lieu, les ambulances les plus proches sont averties et peuvent se déplacer le plus rapidement possible’’, conseille le médecin.

Ainsi, poursuit-il, il n'est pas nécessaire qu'un plan stratégique de gestion des urgences (Psgu) efficace soit volumineux pour être complet. Comme c'est souvent le cas des documents stratégiques et de haut niveau. C’est pourquoi, souligne le médecin, la stratégie sert à différencier ce plan de haut niveau des autres genres de plans de gestion des urgences. Ces plans, procédures et processus internes courants doivent être évalués et modifiés ou adaptés au besoin.

‘’Dans le domaine de la santé, il est impératif de faire une introspection profonde, pour trouver des solutions durables dans la gestion des urgences. Dans notre pays, chaque jour, nos vies sont menacées sur les routes avec ce désordre indescriptible et ce manque de civisme. Dans nos maisons (les accidents domestiques), les maladies non transmissibles, la gestion des fins de vie sont une réalité. Des réformes s'imposent pour une bonne prise en charge des urgences de toutes sortes’’, conclut Dr Samb.

VIVIANE DIATTA

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