19% des adolescentes ont déjà donné naissance
Au Sénégal, 19% des adolescentes de moins de 20 ans, soit 22% de l'ensemble des femmes en âge de procréer, ont déjà commencé leur vie féconde. Révélation faite hier au cours d'un atelier d'information en prélude à la journée mondiale de la population prévue le 11 juillet.
La fécondité des adolescentes est une réalité tangible au Sénégal. Précoce, elle est souvent due aux nombreuses pressions exercées sur ces jeunes filles dans le cadre de l'institution du mariage adossée à certaines règles culturelles et/ou religieuses. En prélude à la journée mondiale de la population prévue le 11 juillet, la Direction de la santé de la reproduction et de la survie de l'enfant (DSRSE) et la Direction de la population et de la planification du développement Humain (DPPDH) ont organisé hier un atelier d'information pour sensibiliser la population sur l'évolution des grossesses. Selon le directeur de la DSRSE, Bakary Djiba, il urge de travailler à ce niveau au regard des statistiques disponibles en ce qui concerne les grossesses précoces dans le pays. «Les résultats de l'Enquête démographique et de santé 2010-2011 (EDS-MICS) ont révélé que 19% des filles de moins de 20 ans ont déjà donné naissance au moins à un enfant et 3% sont à leur première grossesse. Ces mêmes résultats ont montré que les adolescentes constituent 22% de l'ensemble des femmes en âge de procréer. Elles contribuent pour environ 10% à la fécondité totale des femmes», a annoncé M. Djiba.
A en croire ce spécialiste, la grossesse précoce est davantage fréquente chez les populations pauvres, moins éduquées et vivant dans les zones rurales. Les facteurs explicatifs de ce phénomène sont nombreux et complexes, a-t-il dit. «Le mariage précoce, la pauvreté, le faible niveau d'instruction des adolescentes, les abus et violences sexuels, la migration des jeunes filles des campagnes vers les villes, l'accès limité aux produits contraceptifs, de la croissance et de la bidonvilisation sont les principales causes des grossesses précoces», a énuméré Dr Djiba. «Ces problèmes constituent une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics, et ces grossesses se soldent parfois par une interruption volontaire avec des risques de mortalité'', a-t-il ajouté.
«Risques de mortalité»
Pour Cheikh Ahmadou Bamba Diop de la DSRSEP, les complications de la grossesse et de l'accouchement sont l'une des principales causes de décès des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans. «Les enfants nés de mères plus jeunes (-20 ans) courent un risque plus élevé que ceux nés de mères plus âgées (20-29)», a soutenu Dr Diop.
Selon toujours M. Diop, malgré les nombreux efforts consentis chaque année, certains déterminants restent encore des freins à la promotion de la santé des adolescents. «Le déficit de communication au sein de la famille sur la santé de la reproduction, la déficience du système éducatif à prendre en compte les besoins en santé de la reproduction des adolescentes, l'insuffisance d'espaces jeunes au niveau des structures de santé sont (des) freins à une bonne prise en charge de la santé de la reproduction des adolescentes'', a-t-il dit.
L'édition 2013 de la Journée mondiale de la population sera célébrée dans la région de Fatick autour du thème «La grossesse des adolescentes».