Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Mario Draghi et Klaus Iohannis à Kiev pour un statut de candidat « immédiat » à l’UE
Les dirigeants français, allemand, italien et roumain ont assuré au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, jeudi à Kiev, soutenir « le statut de candidat immédiat à l’adhésion ».
Les dirigeants français, allemand, italien et roumain sont tous pour l’octroi « immédiat » à l’Ukraine du statut officiel de candidat à l’entrée dans l’Union européenne (UE), a déclaré le président français, Emmanuel Macron, jeudi 16 juin, lors d’une conférence de presse des dirigeants européens à Kiev.
A l’issue d’entretiens avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, accompagné du chancelier allemand, Olaf Scholz, du chef du gouvernement italien, Mario Draghi, et du président roumain, Klaus Iohannis, le chef de l’Etat français a déclaré :
« Tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l’adhésion. Ce statut sera assorti d’une feuille de route et impliquera aussi que soit prise en compte la situation des Balkans et du voisinage, en particulier de la Moldavie. »
L’Italie « veut l’Ukraine dans l’UE »
Le chef du gouvernement italien a confirmé cette position. L’Italie « veut l’Ukraine dans l’Union européenne », a déclaré Mario Draghi, « elle veut que l’Ukraine ait le statut de candidat et soutiendra cette position lors du prochain Conseil européen », a-t-il ajouté. Mais il a laissé entendre que le chemin pourrait être long avant une adhésion. « Le chemin de candidat à membre [de l’UE] est un chemin, et non un point » fixe, a-t-il souligné.
Critiqué pour ses atermoiements dans son soutien militaire à Kiev, puis pour la lenteur des livraisons d’armes lourdes promises par l’Allemagne, Olaf Scholz a assuré que le soutien de son pays à la défense ukrainienne serait sans faille.
« Nous aidons l’Ukraine avec des livraisons d’armes, nous continuerons à le faire aussi longtemps que l’Ukraine en aura besoin. »
« L’Ukraine fait partie de la famille européenne », a assuré le chancelier allemand lors de la conférence de presse, précisant qu’il faudrait « faire tout le nécessaire » pour « trouver l’unanimité » au sein de l’UE pour lancer ces candidatures. « L’adhésion à l’Union européenne est soumise à des règles claires qui doivent être respectées par tous », a, toutefois, rappelé Olaf Scholz.
La France annonce la livraison de six Caesar additionnels
Emmanuel Macron a, de son côté, de nouveau assuré à Volodymyr Zelensky :
« L’Europe est à vos côtés, elle le restera autant qu’il le faudra. »
Les dirigeants européens doivent décider lors d’un sommet les 23 et 24 juin de l’octroi de ce statut de candidat à l’adhésion, première étape d’un processus de négociations qui peut durer des années. La Commission doit faire connaître sa recommandation vendredi.
Concernant les livraisons d’armes lourdes que l’Ukraine réclame depuis des semaines pour résister à l’offensive russe dans le Donbass, Emmanuel Macron a aussi annoncé :
« Au-delà des douze Caesar déjà livrés, j’ai pris la décision de livrer six Caesar additionnels [canons automoteurs réputés pour leur précision et leur mobilité]. »
Après près de dix heures de train depuis le sud-est de la Pologne, Emmanuel Macron, qui assume jusqu’au 30 juin la présidence tournante de l’UE, avait déclaré, en arrivant à Kiev, que les dirigeants étaient venus adresser « un message d’unité européenne » et de « soutien » à Kiev « à la fois pour le présent et pour l’avenir ».
En visitant Irpine en fin de matinée, une des banlieues de Kiev dévastées au début de la guerre par l’offensive russe ratée sur la capitale, le président français s’est défendu de toute « ambiguïté » dans son soutien à Kiev, lui qui a été très critiqué pour avoir affirmé qu’il ne fallait pas « humilier » la Russie.
« Il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter [face à l’armée russe]. La France est aux côtés de l’Ukraine depuis le premier jour (…), nous sommes aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté. »
« Nous reconstruirons tout », a assuré Mario Draghi
Comme d’autres dirigeants européens venus à Kiev avant eux, les dirigeants ont déambulé dans les rues d’Irpine, s’arrêtant devant des bâtiments détruits par les combats ou une voiture calcinée, et visionnant une vidéo d’Irpine au cœur des combats. A l’issue de cette visite, le président français a loué « l’héroïsme » des Ukrainiens.
« C’est ici, entre autres, que les Ukrainiens ont arrêté l’armée russe qui descendait vers Kiev. Donc il faut se représenter l’héroïsme de l’armée, mais aussi de la population ukrainienne », a déclaré Emmanuel Macron, évoquant « les stigmates de la barbarie » et les enquêtes en cours sur les crimes de guerre dont les Ukrainiens accusent les forces russes. Des centaines de civils ont été tués dans les villes d’Irpine, de Boutcha et de Borodianka, pendant l’occupation russe de cette région en mars. Des enquêtes internationales sont en cours.
« Nous reconstruirons tout », a assuré quant à lui Mario Draghi, à l’issue de la visite. Les Russes « ont détruit des écoles maternelles, des terrains de jeu. Tout sera reconstruit », a-t-il affirmé à la presse. « Une grande partie de ce que [les Ukrainiens] m’ont dit concerne la reconstruction », a-t-il poursuivi, évoquant leur « espoir » quant à « ce qu’ils veulent faire dans le futur ». Selon lui, « ils ont déjà commencé », notamment grâce à une application qui « recense chaque endroit qui a été détruit ». Ainsi, les autorités « savent exactement où se trouvent les sites à reconstruire », a-t-il ajouté face à la presse.
Le Monde avec AFP