Après la tentative de putsch, beaucoup de questions sans réponses
Retour au calme en Guinée-Bissau après la tentative manquée de putsch de mardi 1er février. Les tirs à l'arme lourde ont duré plus de cinq heures autour du palais du gouvernement, qui réunissait le président et le conseil des ministres, à la périphérie de la capitale Bissau. Beaucoup d'interrogations subsistent sur le nombre des victimes et les auteurs du coup. Paris exprime son soutien à la Guinée-Bissau et dit que c'est le moment idéal pour aider le pays.
Le bruit des armes s'est tu en début de nuit. Et ce mercredi, la population de Bissau a repris ses occupations. Le président bissau-guinéen avait dès mardi soir rassuré en s'exprimant devant la presse, après avoir été exfiltré sain et sauf du palais du gouvernement. Il y a eu volonté de « tuer le président de la République et tout le cabinet », a déclaré Umaro Cissako Embalo. « Il y a eu beaucoup de morts », a-t-il ajouté. Depuis aucun bilan des victimes n'a été publié. Pas plus qu'un bilan des arrestations.
Peu d'informations sur les responsables de la tentative de putsch
À commencer par l'identité des assaillants. Ils portaient des tenues militaires et étaient équipés d'armes lourdes, notamment des bazookas. De quelles unités provenaient-ils ? Étaient-ils vraiment des militaires ?
Le chef de l'État a assuré dès hier soir que des arrestations avaient eu lieu, on ne sait pas combien et qui est concerné. Il a également affirmé que ces évènements faisaient suite aux décisions qu'il avait prises contre la corruption et le narcotrafic, mais sans citer de commanditaires potentiels.
Pour ce qui est du bilan, incertitude également : le chiffre de 6 morts a été avancé de source militaire, mais rien d'officiel. Il s'agirait exclusivement d'agents de sécurité du président et du Premier ministre, ce qui intrigue des commentateurs locaux.
Le ministère de l'Intérieur devait dans la soirée apporter des précisions sur les premiers éléments de l'enquête. Par ailleurs, côté militaire, rien n'a filtré de la réunion nocturne entre le président et les chefs de l'armée.
Pas de nouvelles non plus du chef d'état-major, personnalité centrale du pays, évacué vers l'Espagne pour raisons médicales il y a plusieurs jours et dont l'état de santé fait l'objet de nombreuses rumeurs.
La tension était montée les derniers mois entre cet ancien général, dont l'élection est toujours contestée et le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam, qui s'estime de plus en plus mis sur la touche. Le président Embalo était attendu au sommet de la Cédéao jeudi, mais dans ce contexte, pas sûr qu'il fasse le voyage d'Accra.
Quelles sont les réactions des politiques dans le pays ?
Les partis qui composent la coalition gouvernementale ont condamné cette tentative de coup de force « barbare et violente » de même que la communauté internationale...
De son côté, le PAIGC, principale formation du pays, mais qui se trouve dans l'opposition, a qualifié les explications d'Umaro Sissoco Embalo de « simplistes » et demandé une enquête crédible pour établir les faits et les responsabilités dans cette affaire.
Paris condamne le putsch
Mardi, la violence de l'attaque a fait craindre aux chancelleries occidentales pour la vie du président Embalo. Ce mercredi, Paris a exprimé son inquiétude par la voix de son ambassadeur de France en Guinée-Bissau Terence Wills : « Hier, au sein de la communauté internationale, nous avions peur pour le sort du président et des institutions de la Guinée-Bissau ». Tout comme le reste de la communauté internationale, la France condamne la tentative de coup d'État et l'ambassadeur précise que cet échec « montre la résilience de la démocratie en Guinée-Bissau ».
Terence Wills va même plus loin en disant que « c'est le moment idéal » pour que la communauté internationale aide le pays « dans tous les domaines ». Il a ensuite déclaré que la France « réfléchirait » à la manière dont elle pourrait soutenir la Guinée-Bissau.