Publié le 22 Oct 2022 - 00:03
HIVERNAGE 2022 – AGRICULTURE

À Mbour, la pluviométrie abondante inquiète les paysans

 

L’hivernage de cette année a été d’une rare abondance. Plusieurs millimètres d’eau ont été enregistrés durant la saison des pluies. Pour les paysans, cette pluviométrie abondante est source d’inquiétudes, puisque comportant des conséquences négatives sur leurs productions.

 

L’hivernage de cette année n’est toujours pas terminé dans la Petite Côte. Cette semaine seulement, des averses sont tombées dans le département, au moment où les cultivateurs se souciaient déjà du trop-plein d’eau dans les champs. Ces derniers s’étaient habitués à la production de cultures appelées hâtives qui ne nécessitaient pas beaucoup de millimètres de pluie. Mais, cette année, il a beaucoup plu dans le département de Mbour, à tel enseigne que les paysans ne dorment plus que d’un seul œil, de peur de se retrouver avec leurs productions détruites par les dernières pluies, s’il en avait.

‘’Dans le monde rural, vu le déficit pluviométrique des dernières années, les paysans avaient l’habitude d’exploiter des cultures hâtives. Malheureusement, cette année, les averses ont été trop abondantes. Et à cause de l’excès de la pluviométrie, les cultures n’ont pas connu une croissance normale et celles qui s’étaient échappées ont muri en pleine période de pluies’’, fait savoir Nicolas Bakhoum du village de Roff, dans la commune de Malicounda.

Selon ce paysan du village qui se situe au sud de la commune de Mbour sur l’axe de Joal, ‘’la conséquence directe de cet excès de la pluviométrie est que la moisson n’a pas été bonne. Dans plusieurs parties du Sénégal, il sera difficile d’atteindre la quantité de l’année dernière’’, estime M. Bakhoum.

D’ailleurs, selon lui, ‘’pour l’arachide, c’est quasiment la même la chose. À cette période de moisson, la pluie n’est pas bonne pour le foin. Elle le rend noirâtre et presque impropre à la nourriture des animaux’’.

Dans ce sens, le paysan n’est pas très optimiste quant à la qualité de la production de cette année, puisqu’il estime déjà que ‘’les moissons de cette année ne sont pas bonnes’’. Pis encore, explique Nicolas Bakhoum, ‘’avec le ciel menaçant, on dirait que ce n’est pas encore la fin de l’hivernage’’. De ce fait, se lamente-t-il, ‘’pour se départir de l’exploitation des cultures hâtives, on avoue que ce sera très difficile, puisqu'une partie de la main-d’œuvre est constituée par des élèves qui ont déjà commencé l’année scolaire, avec l’ouverture des classes depuis quelques semaines’’.

Donc, précise le cultivateur, ‘’pratiquer les cultures de long cycle est aussi beaucoup plus risqué, car à une certaine période de l’année, la main-d’œuvre se fait réellement désirer dans la campagne’’.

Cette situation vient s’ajouter à un lot de difficultés vécues par les paysans du monde rural sénégalais. Ces difficultés qui sont liées à une insuffisance des intrants, semblent également corroborer les complaintes de Nicolas Bakhoum. À l’en croire, ‘’pour ce qui est des semences, nous les achetons, à défaut d’en garder après les moissons. Les semences sont achetées au marché hebdomadaire. Il n’y a que le sorgho que nous achetons auprès des représentants de l’État. Sinon, nous épargnons des semences chaque année’’.

Dans le même sens, ajoute-t-il, ‘’concernant l’engrais, nous n’avons rien. Même si, compte tenu de la nature du sol qui est fertile, l'engrais n'est utilisé que dans la culture maraîchère. Pour ce qui est des semences, nous ne les voyons qu’à la télé et les entendons à la radio. La culture du petit mil et du sorgho est privilégiée, même si nous cultivons du haricot et de l’arachide’’.

De plus, poursuit M. Bakhoum, ‘’vu la nature du sol qui est argileux, nous ne pouvons pas cultiver trop d’arachide, car durant le mois d’octobre qui correspond à la récolte, le sol argileux est quasiment impraticable’’, se désole-t-il.

IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)

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IBRAHIM MAMADOU BA, DRDR DE KOLDA 

‘’La pluie continue à tomber et cela peut causer des dégâts’’

Dans la région de Kolda, la campagne agricole se déroule normalement, à la faveur d’une bonne pluviométrie enregistrée cette année, contrairement à l’année précédente. Les 19 postes suivis sont excédentaires. Le directeur régional du Développement rural (DRDR), Ibrahim Mamadou Ba, estime qu’il y aura de bons rendements pour les producteurs, si la pluie ne vient pas tout gâter.

 

L’hivernage tire à sa fin. Quelle est la quantité de pluie reçue à la date du 17 octobre dernier ?

Je n’ai pas les dernières situations de la pluviométrie. Comme vous le savez, les agents de l’agriculture sont en grève depuis quelque temps. Donc, nous avons des difficultés pour être à jour sur certaines données. Mais je peux vous assurer que cette année, la région de Kolda a enregistré une bonne pluviométrie. Pour preuve, les 19 postes suivis sont excédentaires.

Pour le département de Kolda où j’ai la dernière situation, pratiquement tous les postes ont dépassé la barre des 1 000 mm, à la date du 17 octobre. Nous avons pris en compte la pluie d’avant-hier. Donc, à la date du 17 octobre, les postes les plus excédentaires, c’est celui de Kolda, avec 1 089 mm. Les autres postes également ont dépassé la barre des 1 000 mm. Au niveau du département de Vélingara également, il y a des postes, comme Pakour, qui ont dépassé la barre des 1 000 mm. Au niveau du département de Médina Yoro Foula, presque tous les postes sont aux alentours de 800 à 900 mm.

Dans la région, tous les postes sont à la normale, par rapport à l’année dernière. Cette année, il y a une bonne répartition des pluies dans le temps et dans l’espace.

Comment se comportent les cultures ?

Pour le moment, je peux dire que toutes les cultures sont en voie de maturation, pour certaines. Il y a que les derniers semis de maïs, de riz qui sont en voie de maturation. Mais pour l’essentiel des cultures, elles sont arrivées à maturation.

Est-ce que ces fortes précipitations qui continuent de s’abattre sur Kolda ne risquent pas de gâter les cultures qui arrivent à maturité ?

Si. Comme vous le savez, nous avons connu un hivernage assez tôt et que les semis étaient étagères au début de la campagne agricole. Parce que nous avons connu trois vagues de semis au départ, voire quatre pour beaucoup de spéculations. Ce qui fait qu’à l’heure où nous sommes, les premiers semis, voire les deuxièmes semis du début de mois de juin et même de la dernière décade du mois de juin et début du mois de juillet, ces spéculations sont arrivées à maturité. Et quand une culture arrive à maturité, si elle n’est pas récoltée, c’est des pertes de production.

Donc, nous sommes dans cette situation pour certaines spéculations comme le riz. Et le mil, les cultivateurs ont récolté sous la pluie. Actuellement, les premiers semis du sorgho sont arrivés à maturité et les cultivateurs sont en train de récolter. Ils sont obligés de tout faire pour préserver les récoltes contre l’humidité. Donc, il y a de fortes chances qu’il y ait quelques déperditions. L’arachide, également, pour ceux qui ont commencé à récolter, ils ont ces craintes sur la quantité des arachides et du foin. C’est que la pluie continue à tomber et cela peut causer des dégâts sur les cultures qui sont à maturité, surtout les graines, si elles ne sont pas protégées.

Peut-on avoir une idée sur l’estimation des rendements ?

Cette année, nous espérons avoir de meilleurs rendements, par rapport à l’année dernière, pour toutes les cultures. Maintenant, les craintes, c’est que tu peux avoir une bonne culture, mais compte tenu du fait que les cultures ne sont pas encore récoltées et sont sous l’emprise des pluies qui continuent de tomber, cela risque d’anéantir les rendements sur les cultures.

Avez-vous une idée sur le prix de l’arachide qui sera fixé aux producteurs ?

Je ne peux pas me prononcer sur cette question. C’est le Comité national interprofessionnel de l’arachide (Cenia) qui est habilité à répondre. C’est elle qui fixe le prix du kilogramme d’arachide. Les membres de ce comité qui se réunissent et proposent à l’État le prix du kilogramme d’arachide, tout en tenant compte du compte de l’exploitation. Comme vous savez, cette année, les intrants sont chers et ils vont tenir compte tout cela pour proposer un prix qui ne va pas être défavorable aux producteurs.

NFALY MANSALY

 

 

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