Publié le 6 Feb 2015 - 20:04
HOLLANDE ET MERKEL A KIEV

Les pourparlers laissent espérer un cessez-le-feu 

 

Selon Petro Porochenko, le plan de paix présenté jeudi en Ukraine par la chancelière allemande et le président français laisse "espérer un cessez-le-feu".

 

Le plan de paix présenté à Kiev par Angela Merkel et François Hollande et qui sera soumis vendredi à Vladimir Poutine à Moscou, laisse espérer un cessez-le-feu dans l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine, a déclaré jeudi la présidence ukrainienne. Les pourparlers qui se sont déroulés jeudi à Kiev entre le président ukrainien, la chancelière allemande et le président français "laissent espérer un cessez-le-feu", a déclaré la présidence dans un communiqué. Le président ukrainien Petro Porochenko a souligné que toutes les parties devaient respecter les accords de paix signés à Minsk en septembre.

Selon des informations publiées dans la soirée par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, mais démenties par le gouvernement allemand, ce plan prévoirait de "conclure un cessez-le-feu immédiat" contre une "autonomie plus grande accordée aux séparatistes, sur un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu'ici". "A Porochenko, on veut clairement faire comprendre qu'il s'agit de la dernière chance offerte à l'Ukraine d'éviter une défaite militaire et un écroulement économique" tandis que Vladimir Poutine a été averti qu'il devait compter sur de nouvelles sanctions de l'UE, selon le journal. "Cet article est inexact", a déclaré un porte-parole du gouvernement allemand.

François Hollande et Angela Merkel exposaient jeudi soir à Kiev leur plan de paix pour l'Ukraine avant de le soumettre le lendemain à Vladimir Poutine qui a toutes les cartes, selon Washington, pour décider de mettre fin à dix mois d'un conflit meurtrier. Parallèlement à l'initiative franco-allemande, annoncée dans l'urgence face à la détérioration de la situation sur le terrain, et dans laquelle le président français et la chancelière allemande ont mis tout leur poids en décidant de se déplacer expressément jusqu'à Moscou, les États-Unis continuaient de réfléchir à la possibilité de livrer des armes à l'armée ukrainienne, qui accumule les revers dans les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk.

La déclaration conjointe annulée

Le président Petro Porochenko a accueilli dans la soirée le président français et la chancelière allemande pour des entretiens et un dîner. La déclaration conjointe prévue dans la soirée a été annulée. Leur initiative, qui a tout du plan de paix de la dernière chance, avait été annoncée dans la matinée par le président français depuis Paris. "Nous ferons une nouvelle proposition de règlement sur le conflit lui-même, qui sera fondée sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Nous irons la discuter avec le président (Petro) Porochenko et vendredi à Moscou avec le président russe", a déclaré François Hollande.

Il n'a cependant pas détaillé le contenu de la proposition franco-allemande. "L'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment", a mis en garde François Hollande en marquant cependant sa différence avec l'attitude des États-Unis : "la France ne rentre pas dans le débat sur la fourniture des armes à l'Ukraine". François Hollande et Angela Merkel avaient été précédés à Kiev par le secrétaire d'État américain John Kerry, dont les annonces sur la possibilité de livraisons d'armes létales à l'armée ukrainienne étaient très attendues.

Obama se décidera "prochainement" sur les armes

Il a souligné que Washington soutenait l'initiative de paix que François Hollande et Angela Merkel auront la difficile tache d'exposer au Kremlin. Mais le haut responsable américain a douché les attentes du gouvernement ukrainien d'une annonce immédiate. Barack Obama prendra sa décision "prochainement", a-t-il dit, afin notamment de laisser une chance au plan de paix des Européens. Le président américain "passe en revue toutes les options". "L'une de ces options est la livraison d'armes défensives", a indiqué John Kerry tout en assurant que les États-Unis privilégiaient une "solution diplomatique" dans ce conflit qui a fait plus de 5 300 morts aux portes de l'Europe.

Le président Poutine peut "faire le choix d'en finir avec la guerre" en Ukraine, a insisté John Kerry alors que Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d'armer les rebelles et d'avoir déployé ses troupes en Ukraine. "Nous voulons une solution diplomatique, mais nous ne pouvons pas fermer les yeux lorsque les chars, depuis la Russie, traversent la frontière et arrivent en Ukraine", avait-il déclaré plus tôt dans la journée. "Nous ne combattons contre pas les rebelles, nous combattons contre l'armée régulière russe", a lui martelé le Premier ministre Arseni Iatseniouk.

Washington a longtemps écarté l'idée d'armer les Ukrainiens avant de commencer à l'envisager, selon des responsables américains, en raison de l'importance de l'appui apporté par la Russie aux rebelles. Kiev avait fait savoir qu'il demandait des armes sophistiqués, comme "des outils de communication, de brouillage électronique ou des radars".

Un "préjudice colossal"

Un rapport indépendant, publié lundi par plusieurs groupes de réflexion américains, avait pour sa part évoqué des drones et des missiles anti-véhicules blindés, dont l'Ukraine manque cruellement. Washington étudierait également la possibilité d'équiper Kiev de puissants missiles antichar. Une réponse positive des Américains risquerait toutefois d'être interprétée comme une implication de Washington dans ce conflit par Moscou, et d'aggraver encore les relations russo-américaines, qui traversent leur pire crise depuis la Guerre froide. Des livraisons d'armes porteraient un "préjudice colossal" aux relations entre les deux pays, a d'ores et déjà averti jeudi le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch.

Les efforts diplomatiques autour de l'Ukraine se sont intensifiés après une nouvelle intensification des combats, qui ont fait plusieurs centaines de morts depuis le début de l'année. Rien que jeudi, les bilans séparés de Kiev et des séparatistes ont fait état d'au moins 24 morts dont 19 civils ces dernières 24 heures. 

(lepoint.fr)

 

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