Publié le 18 Jan 2024 - 14:56
INAUGURATION DU MÉMORIAL-MUSÉE DU NAUFRAGE DU ‘’JOOLA’’

 Fin d’un long feuilleton de deux décennies

 

Le Premier ministre a procédé, ce mardi, à l’inauguration du musée-mémoire ‘’Le Joola. Il aura fallu deux décennies pour que ce monument gigantesque d’une ‘’folle beauté’’ puisse voir le jour. À l’origine de la réalisation du sanctuaire, une vieille revendication des familles des victimes et rescapés du naufrage du ‘’Joola’’ qui a sombré, quille en l’air, au large des côtes gambiennes, emportant avec lui plus de 2000 âmes, le 26 septembre 2002.

 

Alors que la douleur était encore très vive quelques semaines après le tragique événement, les familles des victimes vont, parmi un chapelet de doléances, poser la question de l’érection d’un musée-mémorial. Plus qu’une doléance, cette question, au fil des ans, devient, comme celle du renflouement de l’épave, une revendication centrale dans le ‘’dossier du ‘Joola’’’. 

À l’origine, le projet consistait à ‘’tirer l’épave du bateau jusqu’à 500 m de la côte de Kafountine pour y dresser un sanctuaire marin, après avoir vidé le contenu dans une fosse commune qui devait servir de socle sur lequel devait être érigé un mémorial portant les prénoms et noms de toutes les victimes’’.

Ce mémorial, de l’avis des familles des victimes, devait servir de lieu de pèlerinage et de prière, et contribuer à l’accompagnement psychosocial des rescapés et des parents des victimes.

Quatre ans après la tragédie, le 12 août 2006, cette revendication des familles des victimes et rescapés va faire l’objet d’une rencontre à Bruxelles (Belgique), entre les familles des victimes françaises, belges et hollandaises et Louis Michel, chargé, à l’époque, du Commissariat européen au développement et à l’aide humanitaire.

Lors de cette rencontre, M. Michel avait manifesté toute sa disposition à aider le Sénégal à renflouer le bateau, mais, avait-il souligné que cela ne pouvait se réaliser qu’avec l’accord du président Abdoulaye Wade qui a été saisi à cet effet. Cette proposition, qui est tombée dans l’oreille de sourd, est restée sans suite.

C’est au début de mai 2016, sous l’e magistère du président Macky Sall, que le processus de réalisation du mémorial a été lancé à Ziguinchor. C’était lors d’un comité régional de développement (CRD) présidé par l’ancien ministre de la Culture Mbagnick Ndiaye. Rencontre à l’occasion de laquelle la maquette du mémorial a été présentée aux autorités et aux familles des victimes. Le mémorial devait être érigé aux abords du fleuve Casamance, sur un site de 2 ha mis à disposition par la mairie de Ziguinchor, près du quai de pêche de Boudody. Il devait être construit sur 1 800 m², un chiffre qui renvoie au nombre estimé des victimes du naufrage, avait informé Seynabou Diouf Ndiaye, l’architecte qui a réalisé la maquette.

Le projet étant ‘’évolutif’’, aucune date pour le démarrage du projet n’avait été arrêté, ni son coût. Le 21 septembre 2017, un peu plus d’un an après la présentation de la maquette, feu Moussa Cissokho, ex-président de l’Association nationale des familles des victimes du ‘’Joola’’, déclarait que le processus se poursuivait. ‘’Pratiquement, nous recevons presque chaque mois, voire deux une délégation du ministère de la Culture (la commission chargée de ce projet). Nous sommes à la phase terminale. L’appel d’offres a été lancé’’.

Un marché de 10 milliards F CFA gagné par Eiffage

‘’C’est Eiffage qui a gagné le marché qui avoisine 10 milliards de francs CFA. Nous nous acheminons vers la pose de la première pierre. Nous sommes très rassurés parce que le dossier avance. L’État a consenti des efforts extraordinaires, par le biais du ministre de la Culture Mbagnick Ndiaye que nous saluons et remercions au passage par rapport à son engagement, sa détermination à réaliser ce projet cher aux familles des victimes’’.

Le premier site choisi pour la construction du mémorial va être changé en 2018. Finalement, c’est la place qui jouxte la gare maritime de Ziguinchor qui a définitivement été choisie, d’un commun accord entre l’État et les familles des victimes. ‘’Très sincèrement, nous allons, en droite ligne, vers la construction de ce musée. En relation avec le ministère de la Culture, nous avons convenu que le mois de décembre 2018 serait mieux approprié pour la pose de la première pierre. Parce que le terrassement n'est pas fini. L'ancienne usine Sosechal (unité de transformation de produits halieutiques) fait partie du périmètre du site. Il faut attendre que le décret d'expropriation soit signé pour faire le terrassement à ce niveau’’, avait rassuré feu Moussa Cissokho, décédé le 13 septembre 2019 à Ziguinchor.

Selon l’Association nationale des familles des victimes du ‘’Joola’’ (ANFV-Joola), ‘’cette infrastructure a pour objet d’entretenir le souvenir éternel des milliers de victimes du naufrage, mais aussi de faciliter la construction d’une société où la sécurité est assurée par et pour tous les citoyens, en sensibilisant à la mémoire des catastrophes humaines. Le mémorial-musée permettra de célébrer l’avenir, en se souvenant du passé. Il sera un centre de réflexion et de la prospective’’, précise feu le président Moussa Cissokho.

Confiés à Eiffage-Sénégal, les travaux vont être lancés le 20 décembre 2019 par le ministre Abdoulaye Diop qui a succédé à Mbagnick Ndiaye. ‘’Le chef du projet m’a fait part de quelques difficultés qu’ils ont rencontrées dans l’exécution du projet. Il s’agit de la nature des sols qui sont vaseux, la proximité du fleuve et l’éloignement de la carrière. Il fallait se rendre au Cap Skirring pour disposer du sable adéquat. Il y avait aussi d’autres contraintes inhérentes aux chantiers de cette nature. C’est ce qui explique les lenteurs notées. Tous ces écueils ont négativement impacté sur les délais d’exécution du chantier.  Mais des solutions ont vite été trouvées. Pour faire face à ces difficultés, le personnel a été renforcé. Tout comme le matériel. Le travail s’opère depuis, de jour comme de nuit.  Le projet avance à grands pas, malgré le petit retard accusé’’, avait expliqué, à la veille de la commémoration du 20e anniversaire du naufrage, Élie Jean Bernard Diatta, chargé des questions juridiques de l’Association nationale des victimes du ‘’Joola’’.

Selon lui, les familles des victimes se réjouissent de l’intérêt tout particulier que le président de la République Macky Sall accorde à ce projet. ‘’Il a personnellement demandé que nous lui produisions un rapport mensuel sur l’avancement des travaux. Nous saluons cette étroite collaboration avec la plus haute autorité, mais également avec le ministère de tutelle, celui de la culture et de la communication qui ne ménage aucun effort pour la réalisation de ce chantier. Nos rapports et comptes rendus relativement au projet sont envoyés directement à la présidence de la République. Encore une fois, nous nous félicitons de cette étroite collaboration. Nous remercions l’autorité pour la réalisation de ce projet. Cela a pris du temps, mais mieux vaut tard que jamais’’, s’est-il réjoui.

Réalisé en souvenir du drame et des victimes de l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire de la navigation maritime, ce monument d’une ‘’folle beauté’’, selon Boubacar Ba, le président de l’Association nationale des familles des victimes et rescapés du naufrage, sera une ‘’célébration de la vie sur les injonctions permanentes de ceux qui ont disparu pour manifester encore et toujours plus jamais ça’’, souligne le Premier ministre qui procédait, ce mardi à son inauguration. Une coupure de ruban pour faire savoir que ‘’le musée-mémorial est debout pour faire vivre les morts. Debout pour témoigner de notre capacité de résilience. Debout pour dire que les morts ne sont pas morts. Debout pour dire qu’ils sont avec nous’’. 

L’inauguration de cet édifice majestueux, debout près de l’endroit d'où est parti le ‘’monstre’’, un jour du 26 septembre 2022, siffle la fin d’un long feuilleton, mais qui, par ailleurs, ouvre la sensible question de la gestion du musée que les familles veulent inclusive.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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