La Fidak, c’est terminé pour le Pavillon Vert
La Foire internationale de Dakar (Fidak) a été perturbée hier par un incendie d’une très grande violence. Après le sinistre, les victimes impuissantes se désolent et s’interrogent.
La journée a été cauchemardesque hier pour les exposants du Pavillon Vert, à cette 24e édition de la Foire internationale de Dakar (Fidak). Les bonnes affaires attendues ont rapidement cédé la place à la désolation. D’ailleurs, un silence de plomb régnait sur place. En un tour de main, des centaines de millions sont partis en fumée. Hier, en début d’après-midi, l’atmosphère était toujours assez pesante, en partie à cause de la présence massive des éléments de la gendarmerie nationale qui quadrillaient les lieux.
Les murs et le plafond noircis par la fumée, les marchandises calcinées témoignaient de la violence de l’incendie survenu dimanche, vers 4 heures du matin, selon les témoins. « J’ai tout perdu », lance Aladji Yaya Makery. Le Burkinabé estime ses pertes à plus de 18 millions de francs CFA. Quand il ouvre ses 5 caisses en fer remplies de colliers traditionnels, on ne voit que du charbon. Absent des lieux lors de la catastrophe, il n’a pu que constater les dégâts. « Pour nous, la foire, c’est fini. Nous attendons les autorités sénégalaises pour voir s’ils vont nous indemniser, car certains d’entre nous n’ont même pas de quoi payer le transport pour rentrer au pays », se désole-t-il, entouré de ses compatriotes.
Coup dur pour de nombreux exposants étrangers
Les étrangers ont payé un lourd tribut dans cet incendie qui a ravagé le Pavillion Vert. Des Egyptiens, des Pakistanais, des Africains bref, des non-sénégalais tous désorientés. «Quand je suis venue ce matin et que j’ai vu tous ces dégâts, j’avais les larmes qui coulaient à flot. Toutes les marchandises ont été réduites en cendres. Les victimes étaient dans un désarroi total. C’était vraiment triste », témoigne Nafissatou Guèye, sénégalaise qui travaille pour un Marocain. Quelques dizaines de petits tapis de prière brûlés en partie, des couvertures et des fauteuils, c’est tout ce qui reste à ces 5 Egyptiens.
Leurs employés et interprètes essayent de trier, afin de récupérer les objets en bon état. De grande corpulence, ils ne cessent de discuter en arabe et font de petits va-et-vient. Ils estiment leurs pertes à plus de 100 millions de francs CFA. « J’ai tout perdu. Regarde ! Il n’y a rien». C’est ce qu’a pu dire en anglais Ajumal, un Pakistanais trouvé devant la porte de sortie du Pavillon Vert. Lui et son compatriote ne savent pas quoi faire. Leurs deux vendeuses aussi disent qu’ils n’ont rien à dire, car les dégâts sont visibles. Ces nombreux Sénégalais qui servaient d’intermédiaires ou de traducteurs ont perdu tout espoir. Ils avaient des emplois temporaires pour gagner quelques sommes d’argent. Voilà que le destin vient mettre fin à cette opportunité dont beaucoup profitaient, surtout les étudiants.
Après le sinistre, des questions restent encore sans réponse. Dès l’annonce de l’incendie, la thèse du court-circuit a été avancée. Un sapeur-pompier trouvé sur place soutient la même thèse, sous le couvert de l’anonymat. Témoin et acteur de la lutte contre l’incendie, il affirme que la situation était prévisible. « Au début, nous avions prévenu les commerçants d’éviter trop de branchements. Il faut le dire, l’installation du courant n’est pas bien faite. Voilà les conséquences ! Il y avait des matériels électroménagers, des vêtements, des pots de karité etc. Tous ces produits sont parties en fumée.»
Une commission pour faire la lumière et évaluer les dégâts
Le directeur du Cices Cheikh Ndiaye, pour sa part, confie « qu’une commission a été mise en place pour faire l’évaluation des dégâts matériels et la cause de l’incendie ». Le DG explique que le centre et l’aile sud du pavillon ont été les plus touchés. Les ailes nord et est ont été épargnées. « Il n’y a aucune perte en vie humaine. 30 personnes dormaient dans le pavillon. Elles sont saines et sauves », a-t-il dit. Concernant une éventuelle indemnisation, M. Ndiaye estime qu’il est prématuré d’évoquer la question, tout en rappelant que le Cices est assuré. Il invite les exposants du Pavillon Vert à remplir des fiches d’informations.
Le Pavillon Vert regroupait près de 250 exposants provenant des pays comme le Pakistan, l’Inde, l’Algérie et la Syrie. Après quelques heures d’interruption, la foire a repris le dimanche à 16 heures et se déroule normalement.
AÏDA KANE ET ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRES)