Cocktail d’un laxisme explosif
Malgré les alertes du maire de Dalifort, Idrissa Diallo, la semaine dernière, un mini-incendie s’est déclenché à Dalifort-Foirail, hier, au niveau des rails du Train express régional (Ter). Un évènement similaire est survenu à Capa, quelque deux mois plus tôt.
Le départ de feu a vite affolé la toile, quand les photos ont été partagées par Lamine Sané de l’équipe municipale de Dalifort sur les réseaux sociaux. Les journaux radio s’en sont emparés et à la mi-journée, c’était le sujet de la journée. Un petit incendie vite maitrisé dans la matinée d’hier, à 10 h 07 mn par les pompiers, sous la houlette du capitaine Amadou Fall, qui a mobilisé l’administration territoriale du département de Pikine, le maire de Dalifort, les services techniques de la Société africaine de raffinage (Sar)...
Une catastrophe manifestement évitée sur le tracé des pipelines de la Sar dont les travaux du Train express régional (Ter) aurait déclenché l’étincelle qui a provoqué le feu. ‘‘L’accident avec un groupe d’ouvriers sur les chantiers du Ter qui voulaient relier le réseau d’assainissement de la Sar à l’émissaire d’évacuation pluviale’’, a expliqué le préfet de Pikine Moustapha Ndiaye qui a fait savoir que l’incendie s’est déclenché à 9 h 45. Le Service de communication de la Société africaine de raffinage (Sar) s’est empressé de préciser, dans un communiqué, que ‘‘le feu constaté vers le quartier de Dalifort n’est pas issu d’une fuite des pipelines de la Sar. Il est occasionné par une intervention des agents du Ter qui ont procédé à des fouilles avec une meule pour sectionner des barres de fer dans un regard en aval du bassin de rétention. Cela s’est passé dans la zone de sécurité des pipelines de la Sar qui traversent de part et d’autre la zone de Dalifort. Dès que le feu s’est déclenché, les équipes de la protection civile et de la Sar se sont rendues sur les lieux et ont procédé à la maitrise du feu et à la sécurisation des alentours’’.
Mais où se situent vraiment les responsabilités entre la municipalité, le Ter, la Sar, le commandement territorial et le ministère ? L’édile de la localité concernée, Idrissa Diallo, a fait tinter les clochettes depuis assez longtemps. ‘‘Depuis 5 ou 6 jours, on a constaté un écoulement d’hydrocarbures vers le bassin de rétention qui est en face de la route de Rufisque. Ainsi, j’ai appelé la gendarmerie de l’environnement. Après avoir effectué le déplacement, ils ont confirmé qu’il s’agissait bien de ce liquide et qu’ils devaient contacter la Sar. Le sous-préfet m’a même appelé pour me dire qu’une personne allait venir aujourd’hui à midi (hier) pour procéder aux constations’’, a-t-il témoigné après le déclenchement du feu.
Mais, malheureusement, ses prêches dans le désert ont été entendus avec beaucoup de retard. ‘‘Ce qu’on craignait est arrivé. Les ouvriers du Ter sont venus travailler sur le tuyau et ils ont produit des étincelles et le feu s’est déclaré sur les rails, non loin des pipelines. Les autorités sont en train de dire que ce n’est pas un écoulement, que c’était une fuite ancienne. Et les hydrocarbures, avec l’eau de pluie, ça remonte’’.
Des mesures d’accompagnement sont prises et les ouvriers du Ter devront être ‘‘chaperonnés’’ par les services techniques de la Sar quand ils s’approcheront d’installations sensibles.
Un fait similaire à Capa, il y a deux mois
Idrissa Diallo est même convaincu qu’il y a une sorte de conspiration du silence des autorités sur ce qui se passe vraiment. ‘‘On n’avait plus d’hydrocarbures. On avait tout enlevé. Elles (les autorités) veulent cacher quelque chose et ce n’est pas du tout normal’’. La maire de Dalifort a accusé l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) d’être à l’origine de ce départ de feu.
‘‘Il va falloir que les autorités prennent cette affaire au sérieux. Le directeur général de l’Onas ne coordonne avec personne. La Sar aurait dit qu’elle n’est pas au courant de ce qui faisait ici comme travail. Il faudrait qu’on limite les dégâts en informant les gens, en coordonnant et en respectant les endroits où ils passent. Ils doivent savoir que ce sont des vies qui sont là’’, s’est inquiété M. Diallo.
La Sar, avec son communiqué cité supra, s’est déchargée sur le Ter. Des sources proches de l’enquête prennent toutefois le contrepied de la raffinerie. D’après elles, un fait similaire, de moindre envergure néanmoins, était survenu il y a deux mois à Capa. A l’époque, des alertes ont été émises pour sensibiliser les autorités territoriales compétentes. D’après ces dernières, des moyens logistiques sophistiqués existent et leur mise à disposition pourrait permettre de localiser avec exactitude l’emplacement et le tracé des pipelines de la Sar. Mais aucune suite n’a été donnée à leurs observations. Pis, elles craignent que ces fuites n’atteignent un jour la mer. Ce qui aurait des conséquences fâcheuses sur l’écosystème.
OUSMANE LAYE DIOP