Publié le 11 May 2013 - 00:15

Indignez-vous ! Ou le double dérapage du futur bâtonnier de Paris

M. Sur, futur bâtonnier du barreau de Paris, s’est livré le 6 mai à Dakar à un double dérapage de portée internationale à la fois désastreux pour le porte parole et « grand arbitre » des avocats parisiens qu’il sera l’année prochaine, et inacceptable dans le cadre des relations internationales entre la France et le Sénégal.

 

De triste mémoire, quelle curieuse coïncidence après «la leçon» d’un ancien Président de la République française (NDLR : Nicolas Sarkozy, et sa phrase «L'Afrique n'est pas encore entrée dans l'Histoire) lors de son fameux discours à l’Université Cheikh Anta Diop, du nom d’un digne fils de notre cher Sénégal !

 

Que ce monsieur, hors de son pays, et qu’il le veuille ou non, engageant en son nom, même à titre privé, et en sa qualité d’avocat de la défense de M. Karim Wade, l’ensemble des avocats parisiens, vienne donner des cours de droit et tenter de jeter le discrédit sur un Etat souverain et ses plus hautes autorités est proprement insultant.

 

Le droit, rien que le droit et tout le droit, semble être la seule ligne de défense mise en œuvre et à nouveau répétée par le PDS et l’avocat Pierre Olivier Sur. Ce monsieur semble oublier allègrement le nombre de fois où le Président de père de son client s’est assis, dans l’illégalité la plus totale sur les décisions de la CEDEAO prononcées à l’encontre du défunt parti au pouvoir et de son chef Suprême Abdoulaye Wade.

 

Illégalité de la CREI, Incompétence du procureur, flagrant délit de diffamation, que ne dirait- on pas au nom du sacro-saint droit qu’il nous est fait obligation de respecter selon cet apôtre définitif du droit. La bataille juridico judiciaire et technique est engagée pour tenter par tous les moyens possibles et au nom du droit et de son intangibilité, de faire plier l’Etat du Sénégal dans sa traque des biens supposés mal acquis.

 

Attendez s’il vous plaît, et retenez bien monsieur l’avocat, que les décisions tant sur la forme que sur le fond de la Cour de la CEDEAO ne portent que sur une modalité administrative de la notification de l’interdiction de sortie du territoire à certaines personnes. De quel droit, cher Maître, vous arrogez-vous le droit de bafouer la procédure en arguant de votre statut d’avocat parisien pour prendre la parole sur un dossier sur lequel les avocats de la défense sont à ce jour astreints au silence le plus strict.

 

Droit pour droit, vous avouerez que pour un avocat français se permettant dans sa conférence de presse de dénoncer un retour aux méthodes politiciennes de la France-Afrique, c’est le monde à l’envers ! Ou ne serait-ce pas, pour reprendre vos mots, un vrai retour à la France Afrique dont vous seriez l’artisan ? Mais le sujet n’est pas à ces joutes qui ne sont de fait que des détails face au dérapage inacceptable auquel vous vous êtes livré à Dakar.

 

Comment le futur bâtonnier des avocats de Paris (élu mais non encore investi) peut-il se permettre un double dérapage constitutionnel et diplomatique ? Ce n’est pas parce que vous êtes à Dakar que vous pouvez vous permettre d’oublier la séparation des pouvoirs qui prévaut en France et vous affranchir aussi légèrement des règles qui prévalent dans votre pays. Comment pouvez-vous en effet, en conférence de presse, vous attaquer frontalement aux résultats du Président de la République Française, François Hollande et à l’action de son gouvernement, représentants du pouvoir exécutif ?

 

Puisque vous souhaitez nous opposer la rigueur du droit, expliquez-nous sous quelle casquette vous vous permettez de critiquer ainsi l’action de votre gouvernement national ? L’auriez-vous fait en France ? Nous en doutons fortement, à moins que les conséquences et la récupération du «mur des cons» (NDLR : Un panneau érigé au siège du Syndicat de la Magistrature, classé à gauche, avec les photos de plusieurs hommes politiques et journalistes de la droite française mis au pilori) ne vous aient donné des ailes au point de bafouer aussi ouvertement votre serment et la séparation stricte des pouvoirs.

 

L’air des Tropiques certainement, Monsieur l’avocat, mais attention : quand on veut donner des leçons de droit, la moindre des choses consiste à s’appliquer préalablement ces lois à soit même. Votre sortie devant la presse sénégalaise est à ce sujet plus que malheureuse, elle est déontologiquement et constitutionnellement répréhensible, et vaut pour le moins un très sévère rappel à l’ordre de vos pairs, car votre charge future, est dans les faits effective depuis votre élection et vous ne sauriez dans cette affaire vous retrancher derrière votre statut de simple avocat, de la défense de Karim Wade !

 

Mais le plus grave, monsieur l’avocat, est votre plus que malheureux dérapage diplomatique et insoutenable ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, le Sénégal en l’occurrence.

En vérité, en établissant un parallèle, après un an d’exercice du pouvoir, entre les résultats du Président François Hollande et de son gouvernement et ceux du Président du Sénégal Macky Sall, démontrant au passage votre parfaite méconnaissance de la société et de la sociologie sénégalaises, vous vous permettez de porter un jugement sur la gestion des affaires publiques d’un Etat souverain. Cela est tout bonnement inacceptable.

 

Mais de quel droit osez-vous parler monsieur l’avocat ?

 

Nous ne vous reconnaissons pas le droit d’affirmer : «ils ont été élus à la même période, un an plus tard, tous deux sont en situation d’échec». Ce droit que vous vous arrogez unilatéralement est de fait une critique inacceptable tant du Garde des Sceaux, que du Chef de l’Etat et de son gouvernement. Il s’agit d’une déclaration d’ingérence et d’une faute diplomatique grave dont vous êtes rendu responsable à l’encontre du peuple et de l’Etat Sénégalais.

 

Monsieur le futur bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris, vous pratiquez la confusion des genres et l’amalgame de communication. En vous arc-boutant avec forces déclarations définitives sur le caractère, selon vous, illégal des démarches entreprises par l’Etat du Sénégal dans le cadre de la CREI, sollicitant même l’arbitrage de la CEDEAO, vous tendez à faire passer au second rang la réalité des dossiers en cours d’instruction.

 

En d’autres termes, vous accusez le gouvernement du Sénégal d’une démarche purement politique, allant même jusqu’à menacer l’économie de notre pays des pires maux et de dénoncer cette entreprise politicienne au monde entier (sic) Vous ne faites, monsieur l’avocat, que de la désinformation sur le fond en prônant le respect du droit sur la forme. Mais savez-vous seulement à combien de reprises et dans quelles circonstances votre client et son ex-Président de père ont pu bafouer en 12 ans de pouvoir, ce que vous semblez ériger en dogme aujourd’hui, à savoir l’Etat de droit ?

 

Monsieur l’avocat, vous avez en ce 6 mai à Dakar, dépassé les bornes de l’insulte faite à l’encontre du Sénégal. Vous avez confondu votre statut d’avocat de la défense avec l’instrumentalisation d’un discours politique que vous ne maîtrisez pas, vous avez commis un double dérapage inqualifiable et inacceptable en votre qualité d’apprenti sorcier du barreau de Paris et porté un très grave préjudice tant à l’indépendance de la Justice Française qu’à la souveraineté de l’Etat du Sénégal.

 

Le peuple Sénégalais sait lui aussi s’indigner Monsieur l’avocat, et en toutes circonstances demeurera souverain de ses décisions de Justice. Mais il sait surtout garder la tête froide et le cap sur la récupération des biens supposés mal acquis qui reste un impératif non négociable à ses yeux. Les Sénégalais ne sauraient supporter plus longtemps les manipulations destinées à les priver de la restitution de leurs droits, de leurs biens et de leur dignité.

Bien à vous cher maître.

 

Seydou GUEYE

Porte parole de l’Alliance Pour la République

 

 

 

 

 

 

 

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