Nos artistes n’ont pas d’images
Un constat étonnant dans le monde du showbiz sénégalais : très peu d’artistes ont de ‘’book’’ digne de ce nom. On a pu, en effet, le constater lors de l’hommage conjoint donné récemment à la mémoire d’Oumar Bassoum et de Cheikh Sidaty Fall alias Pacotille. Surplombant la scène de la grande salle, imposante de ses 1 800 places assises, deux portraits presque volés des artistes se regardaient en miroir. Presque volé parce que le premier est une ‘’capture d’écran’’ du tradi-musicien extraite d’un obscur plateau télé qu’il avait eu à faire et le deuxième, dans la même veine, un ‘’selfie’’ du rappeur posté par lui-même sur sa page Facebook quelque temps avant sa disparition.
Si la situation n’a pas fait hausser plus de sourcil que ça, il n’empêche pour l’œil avisé de s’étonner, voire d’avoir à se poser certaines questions. La plus importante, parmi ces dernières, étant sans nul doute de comprendre comment des ‘’monuments’’ de la culture, forts de plus d’une décennie (voire plusieurs dizaines d’années) de présence sur la scène musicale nationale et internationale, peuvent ne pas avoir d’image potable, pour ne pas dire ‘’standard’’, à exploiter ?
Hélas ! L’importance de l’image d’un artiste, en musique et partout ailleurs, est souvent peu connue au Sénégal. À la seule exception, peut-être, du cas où le capital de ‘’séduction’’ que possède l’artiste est jugé ‘’plus important’’ que son talent dans le domaine où il exerce… Ce n’est donc pas une surprise de constater que les seuls artistes pouvant se targuer de portfolio promotionnels dignes de ce nom sont les ‘’divas’’ de la musique sénégalaise : Viviane, Titi, Adiouza, Coumba Gawlo et autre Aïda Samb dont le dénominateur commun d’être ‘’belles’’, ‘’pop’’ ou ‘’chon’’ a grandement aidé la carrière…
Se promouvoir, ‘’s’objectifictifier’’, voilà aujourd’hui le grand défi de l’artiste sénégalais.