La blogosphère sénégalaise vous salue bien
Le blogging remporte un franc succès auprès des Sénégalais. Partie intégrante de la machine médiatique mais aussi paradis des individualités, le Blog est une tribune d’expression nouvelle, réactive et très à la mode. Revue des tendances sous le prétexte de la célébration
La Non exception sénégalaise
D'ordinaire prolixes, les Sénégalais ont très vite adopté le blogging comme mode d'expression. Avec presque deux (2) millions d’utilisateurs d’Internet aujourd'hui au Sénégal, pas moins de 3178 noms de domaines actifs enregistrés en ''.Sn'' (lire point Sn) au premier trimestre 2012 et déjà de sérieuses options prises sur le très prochain dotAfrica, notre pays est un des leaders en Afrique de l’Ouest en matière de présence sur la toile.
Du fait de la disparité des formats et des hébergeurs, de même que de celui du relatif anonymat des auteurs locaux et en grande partie des étrangers de passage ou en séjour dans notre pays, il est quasi-impossible de savoir le nombre exact de Blogs tenus par des Sénégalais ou dédiés au Sénégal. Il n’empêche que certaines expériences concluantes (exemples de personnalités influentes de la blogosphère) ou des témoignages d’utilisateurs rompus au blogging permettent de prendre une assez bonne mesure de la situation actuelle de ce genre médiatique au Sénégal.
La Communauté des bloggeurs sénégalais est de fait très active. Elle est regroupée en associations, à l’exemple du Réseau des blogueurs du Sénégal, incontournable sur les réseaux sociaux et possédant même un site web attitré (http://www.blogger.sn). Mais elle existe aussi en ensembles moins formels, plus basés sur des affinités et tout aussi dynamiques lorsqu’il y a une cause commune à défendre. C'est le cas des bloggeurs du Hashtag (le signe #) Sunucause sur Twitter, qui se sont récemment mobilisés pour recueillir des dons en faveur d’un enfant victime d’une maladie génétique rare et qui se battent actuellement pour les sinistrés des inondations en banlieue. S’il n’y a pas encore de classement officiel des blogs au Sénégal, une rapide recherche Google vous donne néanmoins les résultats les plus probants.
C’est l’exemple du blog ''Nangadef-Sénégal'' de la journaliste Ndèye Khady Lo. Hébergée par la branche Afrique du magazine en ligne français Slate, sa plate-forme se veut ''un cadre de réflexion pour une meilleure visibilité des défis du continent''. Son auteure ne cache pas avoir fait du blogging plus qu’un passe-temps mais une activité professionnelle : ''Pour mon blog, je reçois un revenu mensuel de 300€ (près de 197 000 F Cfa, Ndlr), pour 12 articles mensuels'', confie Ndèye Khady Lo. En plus c'est moins contraignant. ''Je suis plus libre qu’à l’époque où je travaillais pour des médias en ligne comme Nettali.net ou Slate.fr, car on ne me propose pas de sujet, c’est moi-même qui choisis les sujets que je trouve intéressants. L’autre différence, c’est qu'il y a plus de réactivité par rapport à l’actualité. Parfois, on n'a pas le temps de fouiller, alors on met quelque chose sur le blog en attendant de pouvoir revenir dessus de manière plus détaillée'', ajoute la journaliste.
L'autre bloggeur dakarois qui compte, c'est @Mr.BoombasticPlo, ingénieur informaticien dans la vraie vie. C’est un membre si influent de la blogosphère sénégalaise (un des rares utilisateurs locaux à avoir franchi la barre des 1000 abonnés) qu’on lui a dédié un fil Twitter. En clair, ces fans ont créé un sujet de discussion internet sur ledit réseau social qui le cite nommément. Une sacrée reconnaissance ! D’autres Vips de la toile sont tout aussi connus : @NattySeydi, @Paouz, @Aamyjane et compagnie ont vu plusieurs articles de presse leur être consacrés dont un, tout récemment, par la chaîne France 24.
Avantages compensatoires
Si certains trouvent la gloire à force de blogger, d’autres - plus anonymes – n’en tirent pas moins des avantages compensatoires beaucoup plus concrets. Cela peut être, par exemple, une mention dudit passe-temps dans un CV qui donne un coup de pouce non négligeable au cours d’un entretien professionnel, comme ce fut le cas pour Hamidou Diouf. Actuellement en stage à la RTS dans une division en charge du tout nouveau site web de la télévision publique, il ne cache pas que son expérience de blogueur l’aide grandement dans l’accomplissement de sa nouvelle tâche. ''En ce moment, je travaille sur le projet de site de la Radio-télévision nationale et mon expérience de blogueur me sert beaucoup car je suis déjà familiarisé avec le type d’interface dont je dois me servir'', admet le jeune diplômé du Centre d'études des sciences et techniques de l'information (Cesti).
D’un point de vue rédactionnel, le blog est également la vitrine idéale du style de son auteur si ce dernier est dans une logique de travail. Téclaire Ekédié, Rédactrice en chef d’un média en ligne, se rappelle : ''J’ai eu à répondre à des questions ayant trait à mon activité de bloggeuse lors de mes deux derniers entretiens d’embauche. Je pense que c’est moins l’aspect technique que l’aspect rédactionnel qui a intéressé mes potentiels employeurs. Avec le blog, ils ont pu se faire une idée de ma plume.''
Que l’on soit blogueur par passion ou pour des raisons professionnelles, que l’on cherche à affirmer une opinion personnelle ou plutôt développer une stratégie d’entreprise, ce qu'il faut retenir du blog est qu’il est un outil facile d’utilisation, partie intégrante aujourd’hui de notre paysage médiatique. Au Sénégal, comme ailleurs, il a fait et continue de faire des émules, plaçant des individus ou des structures dans des sphères d’influence dont les maîtres-mots sont : individualité, partage et réactivité. Le blog, symbole de cette nouvelle ère d’inter-connectivité, a encore de beaux jours.
SOPHIANE BENGELOUN