Ironie du sort !
La phrase prononcée par Mamadou Bassirou Kébé dans l’entretien qu’il a accordé au journal « La Tribune » n’arrange pas du tout les affaires du Parti démocratique sénégalais (Pds). Elle le met au contraire dans une situation très inconfortable. Comment en arriver à commettre des actes qu’on a toujours critiqués et combattus avec la plus grande virulence ? Il faut bien s’appeler Wade pour le faire. « Cette commission est aussi illégale que la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite) », a tout simplement constaté ce membre du Comité directeur du Pds et du groupe des réformateurs. Une grosse pierre dans le jardin de Wade et Cie. Ceux-là qui ont toujours critiqué la Crei en ce qu’elle renverse la charge de la preuve qui incomberait à l’accusé en l’occurrence Karim Wade aujourd’hui emprisonné.
Dans cette histoire, on le constate bien, Wade accuse indirectement Fada et Cie en lui demandant de jurer sur le Coran qu’il n’a rien reçu de Macky ; Oumar Sarr avance que Macky fait chanter Fada et sans hésiter, Farba Senghor l’accuse d’avoir reçu de l’argent du Président Sall. Sauf que dans cette expédition punitive, personne d’entre eux n’apporte la moindre preuve de ses allégations. « Aujourd’hui, je crois qu’on doit d’abord convoquer ceux qui accusent pour qu’ils apportent les preuves de leurs allégations. Sinon, ce serait la CREI bis. On ne peut pas lui reprocher d’avoir condamné Karim Wade par le renversement de la preuve et faire pire que cela. Maintenant, s’ils veulent faire comme cette CREI, qu’ils le fassent. Mais, personnellement, tant que ceux qui nous accusent n’apportent pas de preuves, je ne répondrai à aucune convocation ».
Une sombre histoire qui rappelle à certains égards que Me Wade ne vaut finalement pas mieux que ceux qu’il critique. Voilà un homme si habitué à donner des ordres, à instrumentaliser son entourage et à être dans la manipulation qu’il ne se rend même pas compte des actes qu’il pose. Une sorte de chef qui souffre d’être contredit ou de ne pas contrôler les choses. Dans cette histoire où c’est un enfant qu’il a lui-même élevé en l’occurrence Modou Diagne Fada, éduqué de surcroît à l’école de la politique, Wade se rend bien compte que l’affaire ne sera pas aisée à dénouer.
Le précédent Idrissa Seck est là pour montrer la vraie nature du pape du Sopi qui est en totale contradiction avec la notion de justice. Ce dernier, accusé dans un premier temps, a été par la suite blanchi après des histoires à dormir debout. Le cas de Macky Sall, convoqué au commissariat central de Dakar et qui échappera de justesse à la justice, est frais dans les mémoires. D’autres cas peuvent être cités. Comment peut-on dès lors attendre de cet homme qu’il fasse toujours les choses en étant juste ? On voit en tout cas mal dans cette affaire l’enfant de Darou accepter de se soumettre à cette commission de discipline. Mais de toute façon, la jurisprudence Karim est là pour nous rappeler que Fada n’aura qu’une chose à faire : suivre les traces du fils de son père. Ironie du sort ou plus exactement arroseur arrosé ? Le choix va en tout cas être difficile à faire ? Mais enfin la voie est toute balisée.
MAME TALLA DIAW