West African Democracy Radio sur les ondes de la démocratie
La West African Democracy Radio a célébré la Journée de la radio ce mardi 27 février 2024 à travers le panel sur ‘’Le rôle de la radio dans le renforcement de la démocratie’’. Un débat qui a fait intervenir plusieurs acteurs des médias s’interrogeant sur les défis de ce médium à l’ère des mutations numériques et des aspirations citoyennes de plus en plus exigeantes.
Les émissions interactives ont permis une meilleure implication des populations dans le processus démocratique. Selon certains chercheurs comme la docteure Yacine Diagne, enseignante au Cesti, il faut plus de considération pour certaines couches de la population. Pour elle, les acteurs politiques occupent l’essentiel de l’espace public et les émissions liées aux pouvoirs publics. Pour autant, elle reconnait, au début de l’éclosion des radios communautaires au Sénégal, que ces dernières avaient un grand écho dans le milieu des paysans et des communautés rurales.
‘’Ces radios communautaires sont apparues avec les théories du développement. Elles ont été financées pour éviter une libéralisation des radios privées. Elles avaient permis de mettre en place un dispositif de démocratie participative. Les citoyens pouvaient s’exprimer sur les politiques publiques et d’éliminer cette barrière entre l’élu et l’électeur. Aujourd’hui, beaucoup de radios sont entre les mains des politiques ou d’autres acteurs financiers’’, a déclaré l’enseignant-chercheur.
Dans cet échange interactif, Babacar Ndiaye, qui est chargé de recherche à West Africa Think Tank, relève que la démocratie n’est pas un processus linéaire, c’est une lutte continuelle.
Toutefois, il reconnait que cet outil est un moyen de communication de masse et sa contribution dans le changement de régime au Sénégal en 2000 et en 2012.
‘’En 2000, la radio Sud FM, qui a vu le jour en juillet 1994, a diversifié l’espace public avec des émissions politiques, économiques et culturelles. Leurs capacités à créer des débats contradictoires, à confronter des idées ont été essentielles à la formation de l’opinion publique. Les résultats de l’élection présidentielle étaient diffusés en direct’’, rappelle-t-il.
Par ailleurs, il met en lumière cette transversalité de la radio qui permet à des institutions comme Wathi de diffuser du contenu en partenariat avec des radios à l’aide des podcasts ou de chroniques. ‘’Il y a la dimension affective avec la radio. Elle permet aussi de trouver ce que l’on cherche en termes d’infos, de culture générale et de divertissement. Grâce à elle, nous touchons une plus grande cible’’, reconnait Babacar Ndiaye.
Cette mutation numérique, qui donne plus d’opportunités aux journalistes et plus d’accès aux auditeurs, devrait aussi être jugulée au modèle économique, interpellent quelques intervenants qui militent pour plus d’autonomie dans ce secteur pris d’assaut par les politiques et les hommes d’affaires.
En dehors des frontières, des défis subsistent comme au Burkina Faso où la lutte contre le terrorisme empêche les journalistes de faire pleinement leur travail sous peine d’être réprimés par la loi. Pour Moussa Sawadogo, journaliste et expert en communication de crise, la radio ne peut prendre son essor que dans un environnement libre et démocratique. Plusieurs journalistes sont arrêtés au Burkina Faso. Le journaliste devient un supplétif du combat de guerre. C’est un danger pour la démocratie.
Un autre fait marquant, ce sont les prêches dans les mosquées et dans les églises, d’autant plus que ces derniers jours, plusieurs fidèles chrétiens et musulmans ont été tués.
Pour freiner la tendance des discours haineux, Moussa Sawadogo préconise un discours politique clair de la part des autorités. Il invite le Conseil supérieur de la communication (CSC) à renforcer la réglementation des émissions d’expressions directes et réguler les réseaux sociaux, notamment Facebook. Aux médias, il recommande d’investir plus dans le fact checking et aux journalistes de toujours rester professionnels.
Amadou Camara Gueye