Les acteurs de défense s’inquiètent de la non-application des chartes
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Les conditions des migrants écœurent de plus en plus ceux qui luttent pour la libre circulation des personnes. Hier, à l’occasion de la Journée mondiale de la migration, les acteurs ont dénoncé la non-application des chartes.
L’émigration est un droit, mais les gouvernants veulent la restreindre. Pourtant, ces derniers ont l’obligation d’informer les populations sur les conditions de voyage, les droits garantis par l’Etat sans inquiétude. Mais que nenni, se désole le directeur de l’Ong Action Aid, Zacharia Sambakhé.
Selon lui, au Sénégal, comme dans les pays d’origine des migrants et les pays de transit, les droits de ces derniers y sont bafoués. ‘’Dans les pays d’accueil, c’est encore pire. Il y a une inquiétude généralisée, car, bien que les Etats aient ratifié les chartes, ils ne les respectent pas. Il y a une injustice très claire que nous constatons. Parce que les migrants ne bénéficient pas d’avantages comme les autres citoyens. Il faut qu’on revoie toutes ces politiques qui discriminent’’, fustigent M. Sambakhé.
A l’en croire, les pays européens sont en train de transposer leurs problèmes et les lient à la migration, alors que les difficultés de l’Europe sont ailleurs. Le Vieux Continent a des soucis de gouvernance. ‘’Il faut que l’on respecte le droit international et ceux des citoyens’’.
Il a souligné, en outre, que les femmes constituent 17 % des migrants en Afrique et les conditions dans lesquelles elles migrent sont difficiles. ‘’Elles n’ont pas de protection. Il y a un changement de paradigme qui s’impose. Si on prend l’exemple des demandes de visa à l’ambassade d’Espagne, sur les 400, il n’y a que 10 qui sont acceptées. Cela est un risque qui expose les jeunes à migrer de manière irrégulière. Il y a moins de femmes qui sont acceptées ; donc, elles préfèrent prendre des moyens irréguliers pour voyager’’, justifie-t-il.
Les jeunes ne se découragent pas, malgré toutes les restrictions. Ce qui est expliqué dans un communiqué de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts). ‘’Des jeunes sont victimes d’une pauvreté grandissante. Le chômage endémique est engendré, entre autres, par la privatisation de nombre d’entreprises nationales (eau, électricité, santé, école). A cela s’ajoutent les difficultés sociales’’, énumère le texte. Le document donne comme indicateurs les derniers drames survenus dans la Méditerranée, avec pratiquement des dizaines de morts au quotidien.
Dans la même dynamique, la Cnts invite l’Etat du Sénégal, par ailleurs signataire du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, à ratifier les conventions. Il s’agit de celles de l’Organisation internationale du travail ((Oit) qui concernent les travailleurs migrants et les travailleurs domestiques. ‘’Il faut éradiquer le mal par la racine, et ceci se fera solidairement‘’, note le communiqué.
VIVIANE DIATTA