Le journalisme ‘’des droits de l’Homme’’ magnifié et célébré
Journalistes, enseignants et défenseurs des droits de l’Homme se sont réunis hier au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) pour célébrer ensemble la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse. Une occasion de mettre en relief les conditions, exigences, et libertés d’un métier qui reste, avant tout, une vocation.
Le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) a célébré, hier, la Journée mondiale de la liberté de la Presse. Cet événement a été l’occasion de la tenue d’un panel animé par des intervenants de qualité, au rang desquels le Secrétaire général du Synpics, Ibrahima Khalilou Ndiaye ; le Directeur de l’Ejicom, Hamadou Tidiane Sy ou encore Eugénie Aw, ancienne directrice dudit établissement.
Après des allocutions officielles inaugurales lues par différents représentants d’organisations internationales (Unesco, Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme etc.) plusieurs thématiques ont donc été développées, ces dernières ayant trait aux Tic, au Genre ou encore à la notion de sécurité des sources et des données, surtout concernant les nouvelles plates-formes interconnectées. Le micro a ensuite été ouvert à l’ensemble de la salle pour continuer les échanges avant de procéder au lancement officiel d’un magazine, ‘’Journalistes des droits de l’Homme ‘’, qui est le fruit d’une opération conjointe de formation entre les Nations unies et l’Ong Article 19.
Ce lancement a été jumelé à une cérémonie de remise d’attestations et de prix aux journalistes ayant rédigé les articles publiés dans le magazine, ces derniers étant tous des professionnels intégrés au sein d’organes de la Place. C’est ainsi que la journaliste Mansoura Fall, de l’Agence de Presse Sénégalaise (Aps), a remporté le 1er prix pour son reportage sur l’extraction de Zircon dans la région de Thiès intitulé ‘’Entre terre et sable, les paysans n’y voient que de la poussière’’. La 2e place revient au journaliste d’EnQuête, Amadou Ndiaye, pour son article sur l’avortement clandestin au Sénégal.
‘’Le choix de l’exploitation du Zircon au Sénégal comme sujet de reportage est vraiment innovant car c’est d’abord un sujet très peu connu du grand public. A cela s’ajoute que Mansoura a réussi fidèlement à porter la voix des populations spoliées à la fois de leurs terres et de la possibilité de trouver un emploi par les firmes chargées de l’extraction’’, a expliqué Eugénie Aw, qui a assumé la charge d’être le jury de ladite compétition avec le journaliste Mame Less Camara.
Alioune Dramé, le Directeur de la Communication au Sénégal, a enfin prononcé le discours de clôture de cette journée qui s’est terminée sur une note d’espoir avec la réassurance de l’Etat quant à son engagement pour l’adoption rapide du projet du Code de la Presse : ‘’Au Sénégal, il n'y a pas de journalistes poursuivis pour avoir usé de sa liberté d'informer, c’est un acquis que l'État s'engage à renforcer en allant vers le consensus et le vote, dans les meilleurs délais, du code de la presse car, aujourd'hui, ce sont surtout les conditions de vie et de travail des journalistes qui posent problème’’ , a-t-il déclaré.
La Précarité est le « 1er obstacle » à la liberté de la presse, selon le SG du SYNPICS Participant à cette célébration de la Liberté de la Presse au Cesti en tant que panéliste, le Secrétaire Général du Synpics s’est exprimé sur les principaux obstacles que rencontrent les journalistes à l’heure actuelle en termes de restriction de leur liberté. De l’avis d’Ibrahima Khaliloulah Ndiaye, c’est la précarité plus que toute autre forme de censure dont souffrent les professionnels de l’information. ‘’Il faut que les gens puissent s'accorder sur le fait qu’il est illusoire de parler de Liberté de la Presse sans parler de liberté financière. Le problème, dans nos pays, c'est que la plupart des journalistes sont dans le dénuement. Aujourd'hui, la plus grosse menace à la liberté de la presse, c'est la précarité des journalistes. On ne peut pas être libre si on n’a rien dans le ventre’’, a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : ‘’La majorité d'entre nous fait ce métier par passion mais il y a un minimum auquel est tenu tout employeur. Les professionnels des médias sont aujourd’hui précarisés au vu et au su de tout le monde, particulièrement de l'Etat qui se doit pourtant de les protéger. Souvent, ils n'ont pas de contrats en bonne et due forme, leurs cotisations sociales ne sont pas reversées ou alors leurs salaires mêmes ne sont pas payés à temps’’. Enfin, sur la ‘’question bloquante’’ de la dépénalisation du délit de presse quant au processus en cours d’adoption du projet de Code de la presse, le Sg du Synpics se défend d’une quelconque position figée des journalistes : ‘’Ce n’est pas que nous refusons de dépénaliser. Le projet de Code de Presse n'a jamais été soumis aux gouvernants. C'est l'État qui doit prendre l'initiative. Sous l'ère de Macky Sall, ledit projet n’a jamais été envoyé à l'Assemblée nationale pour être voté par les députés. Les gens ne se basent que sur des supputations pour dire que la dépénalisation pose problème. À qui le pose-t-elle? Pour maximiser les chances, ce qu’il faut faire c’est appeler à des concertations nationales. Après avoir discuté avec les autorités, je pense que nous pourrons y parvenir avant la fin de l'année’’, a-t-il conclu. |
Sophiane Bengeloun