Une dénonciation de la longévité au pouvoir
En compétition officielle à l'édition 2022 des Journées théâtrales de Carthage, ‘’Antigone’’ de Okbaoui Cheikh est une adaptation de la pièce de Sophocle. Cette œuvre est une dénonciation de la tyrannie, un appel à l’alternance politique, un chant pour la démocratie en Afrique. Elle a été présentée en langue Kabyle sans sous-titrage, ce qui a rendu difficile sa compréhension.
Qui ne connaît pas Antigone ? C’est l'histoire d’une jeune fille rebelle et idéaliste qui lutte pour la liberté, et qui combat l'injustice. En effet, dans la mythologie grecque, explique-t-on, ‘’Antigone est la fille d’Œdipe. Elle est ainsi la sœur d’Étéocle, de Polynice et d’Ismène. Son oncle Créon est également le père de son fiancé Hémon. Antigone s'oppose jusqu’à la mort à Créon qui avait interdit d’ensevelir son frère Polynice pour des raisons politiques, et Œdipe à Colone, où elle apparaît principalement en tant que guide de son père Œdipe, aveugle et exilé’’. Elle est l'incarnation de la résistance.
Cette tragédie grecque constitue toujours une grande source d’inspiration. L’Algérien Okbaoui en a fait une adaptation qui est en lice aux Journées théâtrales de Carthage 2022. Le metteur en scène l’a contextualisée. En effet, la représentation algérienne dénonce la dictature en Afrique, et particulièrement en Algérie. En effet, produit par l’Association Farsan al Rokh pour les arts, le spectacle fustige notamment le fait que, dans la majeure partie des pays africains, les dirigeants s’accrochent au pouvoir.
Symbole de résistance, cette satire politique est une célébration de la démocratie, une invite pour que le pouvoir soit rendu au peuple. Car le pouvoir n’appartient pas à une poignée de personnes. Pour y arriver, Akbaoui Cheikh a mis tous les ingrédients pour la réussite de son spectacle. Il a réussi à réunir plusieurs corps de métiers : la danse classique qui donne un aspect moderne, la musique, etc. De plus, les costumes, la lumière obscure, et une belle présence scénique émerveillent. Des modules mobiles ont servi pour représenter, entre autres, une arène où se déroulent des combats, une chaise roulante pour le roi Créon, du fumigène pour donner une ambiance floue et ambiguë. Il y aussi le jeu d’ombre chinoise et des images vidéo.
Tout ceci a permis de tenir en haleine les spectateurs, alors qu’ils n’ont pratiquement rien compris du spectacle, puisqu’il a été joué en langue Kabyle sans sous-titrage. Journaliste à la radio culturelle tunisienne, Samah kasdallah a livré son impression après avoir suivi le spectacle : ‘’On sent qu'il y a beaucoup d’efforts des acteurs et actrices, mais c'est une pièce très longue. La langue est aussi un obstacle pour comprendre les dialogues. Et il y a plusieurs écoles, donc différentes techniques dans une seule pièce de théâtre. Ce n’est pas bien pour la mise en scène de cette pièce’’.
Ceci dit, chacun aborde l'œuvre artistique à sa manière.
BABACAR SY SEYE (ENVOYE SPECIAL A TUNIS)