Un incident fâcheux

La célébration de la journée de l’arbre à Kaolack a été marquée par une vive altercation entre le préfet du département et le maire de la commune.
L’altercation a très vite fait le tour de la toile et a suscité une vague d’indignation populaire. Dans la vidéo devenue virale, on voit le maire de Kaolack Serigne Mboup dans tous ses états, sommant le préfet du département de ne plus jamais lui dire: “dégage”. “Vous ne pouvez pas me faire dégager. Vous dégagez tout le monde, mais vous ne pouvez pas me sommer moi de dégager. Vous n’avez pas le droit. Que ça soit la dernière fois…”, gronde-t-il devant l’assistance et les forces de police, chargées de le faire “dégager”.
Suite au tollé suscité, le préfet a fait une vidéo pour apporter ce qu’il considère comme des clarifications. Selon lui, tout est parti de la journée de l’arbre célébrée officiellement dans le quartier Ndorong. Regrettant le terme ‘’dégage’’ qu’il a employé, il explique: “Il y a une association qui m’avait sollicité pour me demander de passer présider la cérémonie marquant la célébration de la journée de l’arbre et j’avais donné mon accord. Hier (avant-hier), le maire m’a appelé et on a échangé sur l’activité. Après l’avoir salué, il m’a proposé d’aller célébrer avec lui à la plage le reboisement de la mangrove. Ce que j’avais accepté…. Vers 21H, le secrétaire municipal m’a appelé pour me dire que le maire ne peut plus participer à l’activité de Ndorong et souhaiterait qu’on l’annule”, selon les termes du préfet.
A la question de savoir pourquoi ce revirement, l’émissaire du maire lui aurait fait savoir que c’est parce que c’est organisé par ses adversaires. Devant le refus du préfet, le maire et ses hommes se sont présentés au moment des festivités, pour saboter l’activité. Selon le préfet, voilà les raisons pour lesquelles il aurait utilisé ce terme. Dans l’après-midi, Serigne Mboup a aussi fait une sortie dans laquelle il appelle à un esprit de dépassement dans l’intérêt des Kaolackois.
Il faut noter que grâce aux médiateurs, tout est rentré dans l’ordre et les belligérants ont fumé le calumet de la paix, avec l’intervention du khalife général de Médina Baye.
MAIRES VS ADMINISTRATEURS CIVILS La guerre des communiqués Dans un communiqué, l’Association des maires regrette un incident ‘’particulièrement grave et choquant, d’autant plus qu’il s’est déroulé publiquement, en présence de nombreux citoyens venus assister à l’événement’’. Ainsi, ‘’l’AMS dénonce avec vigueur ces faits qu’elle juge outrageants et irrespectueux à l’égard du premier magistrat de la ville’’. Les élus s’insurgent contre le comportement de l’autorité administrative impliquée, qui va à l’encontre des principes de respect et de collaboration devant prévaloir entre les acteurs de la gouvernance locale, surtout dans le contexte actuel de réflexion autour de l’Acte IV de la décentralisation. Ils en profitent pour réitérer l’une de leurs revendications qui concerne la revalorisation du statut de l’élu local et le renforcement de sa protection en tant que mandataire du suffrage universel. L’AMS a, ensuite, lancé un appel à l’autorité compétente à œuvrer pour le rétablissement de relations apaisées et constructives entre la mairie de Kaolack et la préfecture. Ce qui a été fait, un peu plus tard dans la journée d’hier, puisque les deux protagonistes se sont retrouvés par l’entremise d’un chef religieux. A la suite de l’AMS, l’Amicale des Administrateurs civils du Sénégal a fortement regretté les échanges de propos tenus entre l’autorité préfectorale et l’édile municipal ainsi que l’exploitation inappropriée de cet incident. Elle a, à son tour, tenu à apporter des précisions. “Le Préfet du département a arrêté le programme de la journée de l’arbre la veille (02 août 2025) en parfaite coordination avec toutes les parties prenantes dont le Maire, en l’occurrence, qui, au motif de contestation de l’association chargée d’organiser la cérémonie, s’est opposé au dernier moment à la tenue de l’activité. Le Maire, qui estimait que l’activité de reboisement ne pouvait se faire sans son accord, a entravé l’activité du Préfet au moment où ce dernier effectuait le reboisement qui devait être suivi d’un point de presse”, informent-ils dans un communiqué. Malgré les injonctions du Préfet, selon leurs dires, le Maire a fait montre d’une opposition assumée créant un trouble et proférant des propos inconvenants à son endroit. “Ce dernier, connu pour sa courtoisie et sa rectitude, a été contraint d’en appeler à la force publique pour rétablir l’ordre. L’Amicale des Administrateurs civils du Sénégal rappelle que le Préfet est, en vertu des lois de la République, le Délégué du Président de la République et le représentant de chacun des ministres. Il est chargé de l’application des politiques publiques et dispose de pouvoirs de police administrative. À ce titre, il a droit à une protection contre les attaques et les outrages dans le cadre de l’exercice de ses fonctions”, ont-ils poursuivi. |
MOR AMAR