‘’Nous avons l’objectif d’attirer 300 000 touristes par an’’
Depuis 2008, le festival Koom Koom est organisé pour renforcer la visibilité de la destination Casamance. Il se veut un marché international consacré à la promotion de la grappe Ticae (Tourisme - Industries culturelles - Artisanat - Environnement). Dans cet entretien, l’initiateur de cet événement, Khalifa Dramé, évoque notamment les enjeux et les perspectives de ce festival résilient.
Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre en place le festival Koom Koom ?
L’idée de ce festival m’est venue d’abord autour de ce que je fais. Je suis un acteur du tourisme, de la culture, de l’artisanat et de l’environnement. Donc, j’ai pensé que ce sont quatre secteurs transversaux, mais qui sont complémentaires. Et il y a une approche multi-secteurs qui fait que les préoccupations de création d’emplois, de développement que nous avons, nous pouvons les régler à partir de cette grappe. Alors, il m’a été donné l’idée de mettre en place un festival autour de cette grappe pour faire converger l’ensemble des acteurs qui travaillent sur toute cette chaîne de valeur.
Quel bilan tirez-vous des éditions de ce festival ?
C’est le bilan de l’endurance, de l’effort. Plus nous y allons, plus nous trouvons que c’est intéressant de continuer. Parce que nous nous appelons ‘’goorgoorlou’’ et ça, c’est la persévérance. Ça veut dire que le nom que nous nous sommes donné prouve déjà à suffisance que nous sommes engagés pour le développement.
Aujourd’hui, combien de touristes venant du pays, d’Afrique, d’Europe, etc., ont visité ce terroir pendant les éditions ? Ils parcourent les différents villages, rencontrent les différentes ethnies. Aujourd’hui, sur la question économique, surtout à Ziguinchor, ce sont des millions qui sont dépensés. Et les artistes se sont mobilisés pour faire des efforts supplémentaires.
La Chambre de commerce de Ziguinchor a bien compris les enjeux et c’est pourquoi elle a décidé de mettre en place, à côté d’autres actions qu’elle mène quotidiennement en faveur des acteurs et des populations, un événement d’envergure mondiale en faveur des acteurs et des populations, un événement d’envergure mondiale structurant, à l’image de sa dimension et dont l’édition de cette année constitue le lancement d’un projet/programme décennal 202-2030 qui a pour ambition d’attirer 300 000 touristes par an pour des recettes estimées à plus de 200 milliards, de créer 2 500 emplois directs, surtout de la grappe et de créer les meilleures conditions pour une véritable appropriation par les populations des secteurs de la grappe. Nous avons des références.
C’est l’organisation du tourisme qui dit que jusqu'à l’horizon 2050, les pays à vocation culturelle et de la biodiversité vont attirer le maximum de flux touristiques. La Casamance a également été portée comme destination prioritaire par le président de la République. En dehors de ça, la Casamance est un terreau fertile de la culture et de la biodiversité. Donc, nous avons tous les ingrédients possibles pour dépasser cette ambition.
14 éditions. Qu’est-ce qui vous a permis d’avoir cette endurance dont vous parlez ?
C’est croire en ce que nous faisons, et savoir que ce que nous sommes en train de faire n’est pas un simple jeu, puisque nous voulons contribuer au développement social et économique de cette région qui a besoin de la solidarité de tous. Donc, vraiment, cette motivation a fait que même si c’est difficile, on se dit que les obstacles sont faits pour être surmontés. Donc, nous allons y aller. Quel que soit le moyen que nous avons, nous essayons d’organiser quelque chose pour rassembler ce beau monde, puisque l’objectif, c’est la création des conditions d’un marché international, de ce qu’on appelle la grappe, comme les salons internationaux de tourisme.
Mais c’est également de faire en sorte que le festival Koom Koom soit un puissant outil de communication et de promotion pour le renforcement de la visibilité de la destination Casamance.
D’où le thème de l’édition 2021…
Voilà, la présente édition, c’est : ‘’Quelles offre pour la destination Casamance et son hinterland ?’’ Donc, il s’agit de voir ce qu’on doit proposer au marché local pour que les Sénégalais voyagent vers la Casamance, mais également ce qu’on va proposer au marché international, pour les touristes qui nous viennent de l’extérieur.
Et quelle est la réponse à cette interrogation ?
C’est déjà la mobilisation de tous. Ce qui prouve qu’il y a des possibilités de travailler. On a demandé, d’abord, que les gens se concertent, se réunissent. Nous avons un réseau établi dans plus d’une trentaine de terroirs de la Casamance. Et ils sont tous parties prenantes de ce projet. Nous avons véritablement le cadre qu’il faut, et maintenant, on réfléchit à mettre en place des stratégies et des plans pour avoir des résultats.
Rappelez-nous les programmes de l'événement.
Il y a plusieurs activités. Il y a eu des activités scientifiques, artistiques, des défilés de mode, un carnaval et puis, il y a eu un concours de poésie dédié aux jeunes. Tout cela est mis en branle. Parmi nos invités de marque, il y a le ministre du Tourisme de la Gambie que nous considérons comme le ministre africain de la Culture et du Tourisme, parce qu’il ne se lasse jamais d’aller dans des endroits. Même si nos autorités ne sont pas présentes, il comprend les enjeux et les perspectives qui sont liés à ce que nous faisons. C’est pourquoi il tient à être présent tous les ans. Il y a également le Forum mondial de l’eau qui est là, parce que c’est un grand événement que les gens attendent au mois de mars. Ils viennent fêter avec nous, informer les populations pour une meilleure mobilisation des Sénégalais lors de ce forum. L’année prochaine, la Chine sera l’invité d’honneur.
Peut-on avoir un chiffre beaucoup plus exact sur le coût du festival ?
Le budget est parti de 145 millions jusqu’à 57 millions, mais on a revu les choses à la baisse, du fait des difficultés financières. Aujourd’hui, avec tout ce qui a été organisé, nous en sommes entre 42 et 45 millions.
Quelles sont les principales difficultés que vous avez eu à rencontrer durant les 14 éditions ?
C’est toujours un problème de partenariat. Les gens considèrent souvent les festivals comme des cadres de jeu, alors que ce qui développe le tourisme européen, c’est d’abord les événements culturels. L’enjeu se trouve là. Il faut faire comprendre aux autorités que la culture, les arts en général, la biodiversité, sont des éléments essentiels pour le développement. Alors nous avons eu des partenaires. L’OIF a été un partenaire, l’UEMOA est un partenaire. Il y a aussi des autorités sénégalaises.