Publié le 8 Jun 2024 - 14:22
La Grève des Agents des Collectivités Locales

Un Conflit qui Perdure et S'Intensifie

 

Depuis plusieurs mois, les agents des collectivités locales au Sénégal sont en grève, perturbant sérieusement les services publics et causant de nombreux désagréments pour les citoyens. Ce mouvement social, mené par l’Intersyndicale des Travailleurs des Collectivités Territoriales du Sénégal (ISTCTS), est une réponse à l’inaction des autorités face à leurs revendications. Malgré les tentatives de dialogue, la situation reste tendue, marquant un véritable bras de fer entre les syndicats et le gouvernement, particulièrement le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités Territoriales et de l’Aménagement des Territoires, Moussa Bala Fofana.

 

Un mois après sa première intervention, le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités Territoriales et de l’Aménagement des Territoires, Moussa Bala Fofana, a renforcé sa position en émettant une nouvelle lettre-circulaire adressée aux gouverneurs de région. Dans cette circulaire, il demande aux maires de mettre en œuvre toutes les dispositions nécessaires pour instaurer un service minimum dans leurs communes. Cette demande inclue également un suivi statistique rigoureux du respect de la continuité du service public, malgré la grève. 

La circulaire du ministre semble être une directive visant à surveiller et à documenter l'impact du mouvement de grève de l'Intersyndicale des travailleurs des Collectivités territoriales du Sénégal. Le tableau de suivi est structuré pour recueillir des informations détaillées sur les agents observant la grève : prénoms et nom des agents, nombre de jours de grève observés et numéro matricule. 

Les syndicats, en réponse, ont dénoncé cette approche comme une tentative de contrôler et de réprimer le mouvement de grève. Ils ont souligné que le droit de grève est garanti par la loi et ont rappelé que chaque maire a déjà les prérogatives nécessaires pour assurer un service minimum sans ingérence excessive du ministre. Ils restent fermes dans leurs revendications et annoncent des actions supplémentaires pour intensifier leur mouvement si nécessaire.

D’ailleurs, les syndicats ont publié un communiqué de grève ce jeudi 6 juin 2024, dans lequel ils dénoncent la posture soudaine des autorités gouvernementales. Ils rappellent notamment la déclaration de l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko, qui avait autrefois critiqué les autorités pour ne pas avoir résolu cette crise et reconnu l’importance des collectivités territoriales dans leur mission de service public.

Intensification du mouvement de grève

Face à ce qu’ils considèrent comme une ingérence excessive du ministre dans les affaires locales, les syndicats ont décidé d’intensifier leur mouvement de grève. L’Intersyndicale a décrété 120 heures de grève, à compter du lundi 10 juin 2024, renouvelable chaque semaine jusqu’à satisfaction de leurs revendications.

En outre, une marche nationale à Dakar et dans toutes les capitales départementales a été programmée pour le 26 juin 2024, avec remise de mémorandum aux préfets.

Bamba Diop, président du syndicat, a affirmé que la détermination des syndicats est plus forte que jamais. Selon lui, les travailleurs sont prêts à radicaliser leur mouvement si nécessaire, et la grève pourrait se prolonger jusqu’à la fin de l’année. Il a souligné que, malgré les appels à la concertation, les autorités doivent sérieusement s’engager à résoudre cette crise pour éviter une escalade des tensions.

Répercussions sur les services publics

Les conséquences de cette grève sont lourdes pour les citoyens, qui se retrouvent privés de services essentiels. Les administrations locales peinent à délivrer des actes d’état civil, ce qui complique la vie quotidienne des Sénégalais. Les perturbations touchent également d’autres secteurs, notamment les services administratifs et sanitaires, exacerbant le mécontentement populaire.

Les mairies, quant à elles, sont divisées sur la manière de répondre aux injonctions du ministre. Certaines ont choisi de ne pas dénoncer leurs agents grévistes, préférant préserver la paix sociale au sein de leurs collectivités.

D’autres, en revanche, ont suivi les directives ministérielles, ce qui a créé des tensions internes et des mouvements d’humeur supplémentaires parmi les agents.

Un conflit complexe et épineux

Le conflit entre les agents des collectivités locales et le gouvernement soulève des questions complexes sur la gestion des affaires locales et les limites des prérogatives ministérielles. Un secrétaire municipal, souhaitant garder l’anonymat, a rappelé que la tutelle administrative n’existe plus et que les maires doivent être autonomes dans la gestion de leurs communes. Selon lui, le ministre outrepasse ses prérogatives en donnant des injonctions directes aux maires.

Pour les syndicalistes, cette situation met en lumière la difficulté de concilier les exigences de la décentralisation avec les besoins de coordination nationale. L’Intersyndicale, dans son communiqué, a rappelé au ministre de ne pas confondre décentralisation et déconcentration, insistant sur le fait que chaque maire dispose déjà des prérogatives nécessaires pour assurer un service minimum en cas de grève.

Contexte et origines du conflit

Les agents des collectivités locales réclament l’application de l’article 29 de la loi 2011-08, qui porte sur le statut général des fonctionnaires des collectivités territoriales. Cette loi, promulguée en 2011, prévoit des améliorations significatives des conditions de travail et de rémunération des fonctionnaires locaux. Cependant, malgré les promesses et les discours rassurants, les dispositions de cette loi n’ont toujours pas été mises en œuvre de manière effective.

Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités Territoriales et de l’Aménagement des Territoires, Moussa Bala Fofana, avait exprimé ses regrets quant à la persistance de ce mouvement d’humeur. Dans un communiqué, il a souligné que cette grève crée beaucoup de désagréments pour les citoyens, notamment en rendant difficile l’obtention d’actes d’état civil.

Reconnaissant la légitimité des revendications de l’Intersyndicale, il avait néanmoins appelé les exécutifs territoriaux à assurer un service minimum pour répondre aux besoins essentiels des populations locales.

Vers une issue incertaine

Alors que la grève se poursuit, l’issue de ce conflit demeure incertaine. Les syndicats restent fermes sur leurs positions, et le gouvernement semble déterminé à maintenir l’ordre et la continuité du service public. La crise actuelle est un véritable test pour le nouveau gouvernement de Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko, qui doivent trouver un équilibre entre la satisfaction des revendications légitimes des travailleurs et la nécessité de garantir la stabilité sociale.

En attendant une solution, les citoyens continuent de subir les conséquences de cette impasse, espérant qu’une issue favorable soit trouvée rapidement pour rétablir la normalité dans les services publics locaux.

 

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