LA PLACE SOWETO
Toujours la guigne de 1962
Apres la douloureuse et handicapante crise de décembre 1962 faut – il continuer de se désoler de la représentation parlementaire au Sénégal. Il y a bien arguments et sentiments de le penser
Bien entendu, le Sénégal de 1962 est différent du Sénégal d’aujourd’hui. Les plaies béantes qui sont les conséquences du divorce Senghor / Mamadou DIA se sont cicatrisées certes mais l’hémicycle de la Place Soweto comme l’histoire qui bégaie n’arrive toujours pas à se hisser au niveau des espoirs, espérances et aspirations de notre peuple.
Et pourtant nous croyions ; nous espérions que tout député issu des législatures post 23 Juin 2011 se savait investi d’une mission historique de réhabiliter l’image et la perception de cette institution comme pilier essentiel de toute république et de toute démocratie. Sa mission est de voter les lois ; monitorer l’action gouvernementale et enfin évaluer les politiques publiques.
Osons le dire, l'image de la place Soweto est très sérieusement entamée par une instrumentalisation sans vergogne de ses rouages et surtout le comportement de ses principaux acteurs et animateurs que sont les députés. On n’aura tout vu : insulteurs ; pourfendeurs ; bagarreurs ; absentéistes, analphabètes ; dormeurs et ce qui me choque dans mon moi un trafiquant de faux billets s’il ne fallait que cela pour s’en convaincre.
La guigne est tellement profonde dans cet hémicycle que même son président riche de plus de 50 ans de militantisme politique et autant d’années dans des postes administratifs et gouvernementaux ne peut impulser une dynamique réformatrice capable de réhabiliter notre parlement composé de hussards issus des appareils politiques.
La majorité Benno Bokk YAKKAR en est la première victime de ce talon d’Achille qu’est notre assemblée. Et son leader le Président SALL n’aura jamais été aussi efficace que durant cette présente période : de l’offensive décisive dans forêt casamançaise pour déloger les campements rebelles à la réception des premières doses de vaccin de Sinopharm en passant par l’annonce d’une polyclinique adossée à l'hôpital principal et last but not least le passage de la loi sur les PPP.
Sa diplomatie méticuleusement mise en œuvre lui a permis d'être en bon termes avec Banjul et Bissau pour donner à l'armée nationale tout le soutien et le confort pour opérer décisivement en Casamance et anéantir toutes les bases rebelles.
Cette même diplomatie lui a permis d’enjamber le programme COVAC pour sécuriser 200 000 doses de SINOPHARM et placer le Sénégal en pole position dans la vaccination de masse des populations.
La respectabilité du Sénégal n’aura jamais été aussi affirmée par cette invitation au sommet du G5 Sahel au Tchad et l’annonce faite par le Présidente du Sénégal de participer à l’effort de guerre à hauteur de 1 000 0000 000 FCFA
Son invite à augmenter les Droits de Tirage Spéciaux pour donner aux FMI les fonds nécessaires de la relance permet déjà d’anticiper sur le financement de l’économie mondiale particulièrement des pays africains qui sont durement affectées par l’atonie de la demande de matières premières et produits de base du fait de la récession mondiale.
L’extension du contenu local au secteur des mines à l’instar du secteur des hydrocarbures afin que notre secteur privé profite pleinement et substantiellement des retombées du boom minier en cours au Sénégal avec l’or et le zircon sans oublier les carrières et phosphates.
Quant à la loi sur les PPP, elle constitue le diamant serti dans son écrin tant elle permet à notre pays de se positionner comme destination de choix pour les fonds d’infrastructures qui ont investi le continent et qui ont commencé à transformer des pays comme l’Afrique du Sud ; l’Angola et le Nigeria.
Fort de tout cela c’est à se demander la valeur ajoutée pour nos députés de discuter de faits divers dans nos plateaux de télévision et radio et de voir s’étriper ou s’étriller pour lever l’immunité parlementaire d' un des leurs face à des accusations et allégations qui vont dans tous les sens.
Et pourtant les sujets et thématiques pour les parlementaires ne manquent. Nous voudrions qu’ils montrent la même promptitude et les prestance pour éclairer le peuple conformément à leurs missions sur des dossiers aussi lourds tels que le TER ou des milliards ont été investis et que nous n' arrivons pas a réceptionner à date échue ; aussi qu’attendent nos députés pour auditionner les 1000 milliards des fonds covid de résilience et de relance économique; s’intéressent ils nos députés aussi aux conditions qui ont provoqué la perte de vie d’un personnel de santé à Thiès durant son transfèrement à Touba faute d’oxygène ou de respirateurs sur place . Enfin, j’interpelle nos parlementaires sur tous les conflits fonciers qui émaillent ce pays dans les zones rurales et urbaines et les mesures urgentes à prendre pour sécuriser la terre et le sol et rassurer les sénégalais sur leur patrimoine. Et moult et moult dossiers et interpellations sur lesquels l’assemblée de la Place Soweto ne se prononce jamais.
Face à tous ces défis, continuer de voir nos parlementaires se crêper le chignon et se précipiter de lever une immunité parlementaire d’un des leurs quel qu’en soit d’ailleurs la gravité des faits me pose problème.
Encore plus écœurant est la posture d’un des leurs ; ce député T.M qui dans une émission du dimanche sur les ondes d’une radio de la place ne trouve pas mieux que d’affirmer qu’un tel O.S sera livré à la justice comme si c’est bien lui ce député à la démarche d’un macoute qui a le destin de son collègue entre ses mains : comble de la lâcheté et de la désinvolture de sa part.
A l’endroit de ce député T.M je lui dis de se hisser à la noblesse et à l'honorabilité de la fonction en faisant comme les parlementaires de palais bourbon et du sénat français qui nous ont produit un document exhaustif sur les réformes monétaires autour du Fcfa avec l’éco en ligne de mire ; peut être ainsi il nous prouvera son intellect et son utilité mais pas en livrant à la justice son collègue de l’hémicycle.
Le Président SALL au moins a le tact - reconnaissons-le - dans ce contexte fragile pour le monde de choisir ses combats sur le front de sécurité extérieure du Sénégal et sur le front sanitaire. Les résultats sont là ; quand est ce que nos députés auront la présence d’esprit d’engager des combats politiques sérieux et nobles et laisser les vétilles.
A l’évidence la descente aux enfers du Président du Conseil Mamadou DIA commença à la place Soweto et finit dans les geôles de Kédougou après le prétendu coup d'état de 1962.
Aujourd’hui Vendredi 26 février 2021, quelle que soit l’issue réservée au sort du député en question la place Soweto n’en sortira pas grandie et ceux qui y siègent malheureusement en pâtiront en termes d’images.
Moustapha DIAKHATE
Citoyen
Ex Conseiller Special PM
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