C'est chez lui, dans le populeux quartier de Niary Tally, que nous avons trouvé Lac Rose, assis au milieu des siens. Le lutteur de l'écurie Fass savoure bien sa victoire avec ses supporters. Entre les va-et-vient, le lutteur a trouvé un peu de temps pour la presse et a parlé du combat et de son avenir.

 

 

Que ressentez-vous après cette victoire sur Modou Anta ?

 

Les sentiments habituels que j'ai à chaque victoire, celle-ci n'est pas extraordinaire par rapport aux autres, c’est juste une victoire. J’en ai eu de plus belles et de plus prestigieuses que celle-ci. Cependant, je ne peux pas la minimiser puisqu'une victoire est toujours une très bonne chose dans la carrière d’un lutteur, elle embellit et renforce le palmarès, elle vous permet également d'accéder à un pallier supérieur. Tout cela pour vous dire que je ne minimise pas ce combat, mais battre Modou Anta ne peut être une chose extraordinaire pour moi. Avant même de l’affronter, les portes de la cour des grands m’étaient grandement ouvertes. Seulement il fallait que je l’affronte pour laver l’affront de l'écurie Fass ; il a battu deux de mes coéquipiers, que sont Ouza Sow et Balla Diouf. Modou Anta n’était pas forcément mon adversaire. Je l’ai pris pour le freiner et lui fermer son clapet, parce qu’il se glorifiait trop d’avoir terrassé deux lutteurs de Fass. J’espère qu’il a compris la leçon et ne pensera plus défier un lutteur de mon écurie.

 

Donc vous avez l'impression d'avoir lavé l'honneur de vos deux coéquipiers, avec cette victoire ?

 

Bien sûr que oui ! Et en plus de laver l'honneur de Fass, je suis content pour mes supporters qui se sont déplacés en masse au stade pour me soutenir. Je leur dédie cette victoire. Quand même je dirais que je ne suis pas trop content, parce que je n’ai pas corrigé Modou Anta comme je le voulais.

 

Et qu'est-ce qui vous a empêché de le faire ?

 

Ce n'est pas l'envie qui me manquait, je peux vous l'affirmer, mais c'est mon staff technique qui m’a interdit de le faire. Durant toute la préparation du combat, Moustapha Guèye ,qui est mon directeur technique, n’arrêtait pas de me rappeler que je ne dois pas me bagarrer dans ce combat. La seule chose qu’il m'a conseillé de faire, c’était de soulever Modou Anta et de le jeter à terre, parce que j’avais les moyens de le faire. Je pouvais bien le bastonner, mais Tapha Guèye serait furieux contre moi. Il a insisté en me disant : ''ne te bagarre surtout pas''. Gris Bordeaux aussi m’a interdit de le faire. Même à l’entraînement je ne faisais que soulever mes coéquipiers. Soulever, c’est tout ce qu’on me demandait de faire et par la grâce de Dieu, je l'ai fait.

 

''Avec les prédictions de Sélbé ou non, j’étais sûr de ma victoire''

 

Une chose qui a intrigué ceux qui étaient au stade, vous avez tenté à plusieurs reprises de soulever votre adversaire et sans succès. N'était-ce pas là un gros risque que vous preniez ?

 

Je peux vous assurer d'une chose : je n'ai pas senti une grande résistance de la part de mon adversaire. Il a tenté une prise sans succès, il ne pouvait rien contre moi. J’ai essayé de le soulever à deux reprises, pour montrer simplement comment j’allais le terrasser. C’est vrai que Modou Anta est un lutteur très puissant et il était sur la défensive, mais je lui ai imposé ma force pour réussir à le soulever et à le mettre à terre.

 

Que pensez-vous de la voyante Selbé Ndom, qui avait prédit à Fass deux victoires, alors qu'au final, il n'y a eu qu'une seule, la vôtre ?

 

La défaite de Forza m'a fait très mal, je l'ai vu se tuer aux entraînements pour revenir en force et gagner ce combat. Je n'ai jamais douté de ma victoire. Je me suis un peu agité après la défaite de Forza, parce que je voulais en finir avec Modou Anta, pour libérer les miens, pas pour autre chose. Je ne dis pas que je ne crois pas aux prédictions, mais je ne me fie pas à cela, je me fie à mes entraînements. Sélbé Ndom, je ne l'ai vue qu’à la télévision et une fois lors de la soirée de gala tenue au King Fahd Palace. La saison passée, elle a prédit juste les résultats de presque 10 combats, donc je ne peux pas dire qu’elle ne connaît rien. Mais personnellement, avec les prédictions de Sélbé ou non, j’étais sûr de ma victoire.

 

Mais qu'est-ce que cela vous a fait de l'entendre prédire votre victoire ?

 

Cela m'a juste réconforté dans ma position, j'étais sûr que j'allais gagner, même si elle avait prédit le contraire. Je suis sûr d'une chose, si je continue à travailler sérieusement, je ne dis pas que personne ne va me terrasser, mais mon adversaire s'épuisera avant d'arriver à me mettre à terre. Face à Modou Anta il me fallait être prudent, c’est pourquoi le combat a un peu duré.

 

N'est-ce pas un retour remarquable, après votre défaite la saison dernière devant Amanekh ?

 

Je ne suis jamais tombé devant le lutteur que vous venez de citer. Comment peut-il y avoir deux chutes dans un combat ?

 

Après cette victoire, à qui pensez-vous pour votre prochaine sortie ?

 

Je n’aime pas citer de lutteurs.

 

Mais vous aviez parlé de Baboye et de Lac de Guiers 2. Qu'en est-il ?

 

Il est temps que les ténors me tendent la perche parce que j’ai assez prouvé. C’est dans cette logique que j’ai cité Baboye et Lac 2. Tous les lutteurs de ma génération ont titillé la cour des grands parce qu’on leur a tendu la perche. Pourquoi pas moi ! Je demande solennellement à Baboye et Lac 2 de me tendre la perche.

 

Lac 2 vise votre chef de file, Gris Bordeaux, non ?

 

C'est vrai qu’il peut réclamer Gris Bordeaux, s'il le veut. Mais moi aussi j'ai le droit de réclamer les ténors, parce que je me sens prêt à les affronter. Maintenant, si Gris Bordeaux a envie d’affronter Lac 2, tant mieux. Baboye, lui, doit pouvoir me tendre la perche.

 

Vous insistez sur Baboye. Est-ce parce qu'il est à quelques pas de la retraite ?

 

Baboye est et reste un lion, il est tout sauf fini. Je ne cherche pas la facilité, mais pour rejoindre le cercle restreint des ténors il faut passer par certains adversaires qui sont des références. J’ai envie de laisser mes traces dans l’arène, donc il vaut mieux affronter les lutteurs les plus dangereux, et Baboye en est un.

 

KHADY FAYE

 

 

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