Un pont pour le cinéma sénégalais

Du 2 au 5 avril prochain, la ville de Nantes, en France, accueillera le Gala international du court métrage, un événement labellisé par le prestigieux Gala public Court de Saint-Louis du Sénégal. En effet, cet événement a pour objectif de donner le pouvoir au public en lui permettant de désigner le meilleur film parmi une sélection de productions internationales.
Le Gala international du court métrage de Nantes est un événement cinématographique unique en son genre où les films en compétition seront exclusivement jugés par le public. Fidèle à cette philosophie participative, le festival a été baptisé ¨le Gala international public court France : le public devient juré¨. Son effectivité est prévue du 2 au 5 avril prochain, avec pour ambition de mettre à l’honneur une nouvelle façon d’apprécier et de récompenser le court métrage.
De ce fait, la cérémonie d’ouverture sera marquée par un concert du célèbre bassiste international Samba Laobé Ndiaye, qui donnera une prestation exceptionnelle pour lancer les festivités.
De plus, le gala met en lumière l’apport de l’équipe sénégalaise, dont l'engagement et la créativité ont directement inspiré la création de cet événement en France. Le directeur artistique du projet et président de l'association Art à Conter, Boubacar Thioye, a accordé un entretien à l’équipe du journal ‘’EnQuête’’, afin de partager les grandes lignes et les ambitions de ce festival qui donne une voix directe au public.
‘’L'idée, c'est vraiment de faire des ponts entre les cultures françaises et sénégalaises. Donc, on a eu à faire plein d'activités, dont des expositions avec des artistes sénégalais et français, avec des artistes nantais¨, confie-t-il. D'après le directeur artistique, après la création de l’association Art à conter, ils ont travaillé sur les questions du multiculturalisme, de l'interculturalité et du vivre-ensemble. ¨C'est dans ce cadre qu'on a mis en place le festival La nuit de la Teranga qui en est à sa troisième édition à Nantes¨.
D'après lui, Nantes n’accueille pas pour la première fois un festival initié par Art Conter. Avant de préciser que pour le festival Public Court Nantes, il est à sa première édition. Une initiative tirée du festival Public Court Saint-Louis qui existe depuis cinq ans déjà.
¨Pour cette première édition, on travaille avec le dialogue des films de l'atelier au Sénégal, qui est basé à l'université Gaston-Berger. Donc, à la base, Public Court existe déjà depuis cinq ans au Sénégal. Ça s'appelle Public Court Saint-Louis. Et le principe de ce festival, c'est de faire concourir des films documentaires du monde entier. ‘’Autrement dit, ils ont été labellisés par Public Court Saint-Louis pour reproduire le même modèle en France. ¨Ce qui fait qu'on a créé le label Public Court France et cette année, la première édition se tient à Nantes¨, explique-t-il.
Une sélection variée en compétition au Public Court Nantes
Le programme soutenu par Nantes Métropole dans le cadre du dispositif ¨Places aux Mondes¨, organisé chaque année par la ville, a des films en compétition très diversifiés. D'après le directeur artistique, la sélection se veut mondiale. Ce dispositif est appelé à promouvoir la diversité culturelle à l'international. ‘’On est donc parti sur six films documentaires qui parlent de différents pays. Il y a la Suisse, la France, le Maroc, le Sénégal, l'Espagne, etc. Ces six films documentaires vont être projetés et la particularité, c'est que c'est le public qui vote, explique Boubacar Thioye. Des bulletins de vote seront distribués au public, ensuite, après deux heures de projection des six films, chacun aura la possibilité de voter pour le film qu'il aura choisi comme vainqueur. Les films sélectionnés sont : ¨Le Roi et l’empereur¨ de Marc Picavez pour la France, ¨Disciplines¨ de Christophe M. Saber pour la Suisse, ¨Binta et la bonne idée¨ de Javier Fesser pour l’Espagne, ¨The Bicycle Man¨ de Twiggy Matiwana pour l’Afrique du Sud, ¨Le chant du péché¨ de Khalid Maadour pour le Maroc et une œuvre provenant du Sénégal, ¨Un air de kora¨ réalisé par Angèle Diabang.
À l'issue de ces projections, le film qui aura été choisi par le public se verra offrit une enveloppe de 500 euros. ¨La ville de Nantes a mis à notre disposition une enveloppe qui nous permet aujourd'hui de mettre 500 euros pour le film qui va gagner¨, affirme le directeur artistique. Un événement qui promet de mettre en avant la créativité des jeunes de la diaspora sénégalaise à Nantes.
Toutefois, Boubacar Thioye souhaiterait compter davantage sur le gouvernement sénégalais. ¨Pouvoir compter plus sur l'accompagnement du ministère de la Culture du Sénégal. Parce que, qu'on le veuille ou pas, c'est l'université Gaston Berger qui est mise en avant. C'est le film de l'atelier. Donc, le Sénégal a sa participation¨, dit-il en précisant que si on veut encore travailler sur la question d'égalité et de la mobilité des œuvres artistiques, il faudrait faire en sorte que Public Court Nantes et Public Court Saint-Louis puissent faire des échanges au niveau des films et au niveau de la mobilité.¨ Et pour cela, il n'y a que le ministère de la Culture, à travers la Direction de la cinématographie qui peut nous aider, par exemple, avec le Fopica. Ce fonds devrait pouvoir aujourd'hui évoluer et aller d’un pays à un autre, pour qu’on puisse en bénéficier afin de faire venir des ateliers, des workshops et plein d'échanges", a-t-il expliqué.
Thécia P. NYOMBA EKOMIE