Publié le 30 Mar 2023 - 17:46
LE PROCUREUR DE ZIGUINCHOR SUR LE DÉCÈS DE MAMADOU KORKA BA A BIGNONA

“Le rapport d’expertise médico-légale conclut à une mort due à un impact, un explosif”

 

Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Ziguinchor (TGI) a révélé, hier, que le rapport d’expertise médico-légale établi par une équipe de trois médecins sur les circonstances du décès du jeune manifestant tué à Bignona, a conclu à une mort par plaie béante pénétrante du cuir chevelu avec destruction cérébrale due à un impact, un explosif.

 

Le procureur de la République près le TGI de Ziguinchor a fait face à la presse hier. Il a indiqué qu’à la date du 20 mars 2023, le parquet a été informé, par voie téléphonique, à la suite des échauffourées dans la commune de Bignona, de la présence d’un corps sans vie. Il a été déposé à la devanture du camp militaire Lieutenant Landing Mancadiang sis dans la capitale du Fogny.

‘’Dans l’immédiat, nous avons instruit le commandant de la brigade de gendarmerie de Bignona à l’effet d’effectuer un transport au camp militaire en vue d’effectuer les premières constatations d’usage’’, a-t-il souligné. 

Selon lui, le défunt a été identifié sous le nom de Mamadou Korka Bâ, âgé de 22 ans, élève en classe de terminale au collège privé René Coly. Les gendarmes avaient constaté une plaie béante au niveau de son front. Une réquisition à personne qualifiée, aux fins d’autopsies médico-légales, avait été établie le 21 mars pour déterminer les causes de la mort du défunt. Le rapport d’expertise médico-légale, établi par une équipe de trois médecins, a conclu à une mort par plaie béante pénétrante du cuir chevelu avec destruction cérébrale due à un impact, un explosif. 

Il a rappelé que dans la même journée du 20 mars 2023, une autre personne blessée, du nom de Sadio Dramé, âgé de 19 ans, avait été admise au niveau du district sanitaire de Bignona, puis au centre régional hospitalier de Ziguinchor.  Le médecin traitant a évoqué une blessure de l’émis-thorax gauche. Admis, d’abord, en réanimation, ce blessé est hors de danger, parce que son pronostic vital n’étant pas engagé.

Aussitôt après la survenance de ces faits, c’est-à-dire la mort de Mamadou Korka Ba ainsi que la blessure de Sadio Dramé, Papa Ismaila Diallo a informé qu’une enquête judiciaire a été ouverte dans le but d’élucider les circonstances des faits et de situer les responsabilités

Selon le procureur, l’enquête suit son cours normalement.

96 personnes arrêtées, au cours de ce mois

À l’instar d’autres contrées du pays, la région de Ziguinchor n’a pas échappé à la série de manifestations notées au cours de ce mois de mars 2023. Plusieurs arrestations s’en sont suivies. Au cours des manifestations qui ont eu lieu notamment à la date du 16 mars, 40 personnes, soit cinq par la brigade de gendarmerie d’Oussouye, 18 par celle de Bignona et 17  par le commissariat central de Ziguinchor, avaient été arrêtées. Ces quarante personnes ont été déférées au parquet du tribunal de grande instance (TGI) de Ziguinchor, à la date du 17 mars 2023.

Parmi celles-ci, 34 ont été inculpées puis placées sous mandat de dépôt pour diverses infractions. Il s’agit de la participation à une manifestation non autorisée, des actions diverses ayant causé des dommages, de l’entrave à la circulation, de l’outrage à agents de la force publique dans l’exercice de leur mission et de détentions illégales d’armes.

Six autres personnes, qui étaient toutes des mineures ont, quant à elles, été inculpées puis laissées en liberté provisoire. Les 40 personnes ont été jugées à l’audience des flagrants délits du 21 mars dernier. Dix-huit d’entre ces prévenus ont été relaxés, deux condamnés à une peine assortie de sursis et l’affaire concernant les autres mise en délibéré puis vidée à l’audience des flagrants délits de ce mardi 28 mars. Quinze prévenus ont été relaxés, un condamné à un mois d’emprisonnement ferme et deux personnes ont, chacune, écopé de six mois d’emprisonnement ferme.

Le 20 mars, 45 autres personnes ont été déférées au parquet par la Brigade de recherches de la gendarmerie ainsi que le commissariat central de Ziguinchor. Parmi ces personnes, 26 ont été inculpées et placées sous mandat de dépôt. Pendant que 19 autres qui étaient des élèves et des mineurs ont été mises en liberté provisoire. L’audience les concernant était prévue en flagrants délits pour le mardi 28 mars. De même que pour 11 autres manifestants qui ont été arrêtés à Baïla et déférés le 24 mars. Parmi ces 11, sept sont des mineurs et ont tous été mis en liberté provisoire et quatre ont fait l’objet d’un placement sous mandat de dépôt.

‘’À l’heure où nous vous parlons, aucune procédure d’information judiciaire n’a été faite’’

En résumé, depuis les manifestations du 16 mars dernier et en ce qui concerne le parquet du tribunal de grande instance de Ziguinchor, 96 manifestants ont été arrêtés et déférés au niveau du parquet. Parmi ces personnes, 64 ont été placées sous mandat de dépôt pendant que 32 personnes, essentiellement des mineurs et des élèves, ont été mises en liberté provisoire. Hormis quelques mineurs non encore jugés, mais qui sont tous en liberté provisoire au regard de la particularité de leur situation, tous les prévenus majeurs sont d’ores et déjà fixés sur leur sort, pour avoir, tous, été jugés en flagrants délits, avec des fortunes diverses.

‘’À l’heure où nous vous parlons, aucune procédure d’information judiciaire, c’est-à-dire aucune saisine de juge d’instruction, n’a été faite, car non seulement il ne s’agissait pas pour le parquet de Ziguinchor, en relation avec notre hiérarchie, notamment le parquet général, que de poursuites de principe sur la base d’indices et de charges retenues afin de présenter ces personnes interpellées devant une juridiction de jugement. Ce qui a été fait’’, a précisé le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Ziguinchor Papa Ismaila Diallo.

Il faisait, hier, l’économie de la présentation du parquet du TGI de Ziguinchor après les manifestations du 15 mars dernier et jours suivants. C’était lors d’un point de presse convoqué par le procureur général près de la Cour d’appel de Ziguinchor pour faire le point sur les procédures engagées par la Cour d’appel de Ziguinchor qui couvre les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda.

À l’occasion, Papa Ismaila Diallo a rappelé qu’en termes de démarche de politique criminelle, au regard des spécificités et des particularités, il ne leur semblait pas nécessaire, pour le dénouement de ce dossier, de saisir le juge d’instruction qui, au demeurant, est obligatoire, lorsqu’il s’agit d’une infraction qualifiée de ‘’crime’’. En matière correctionnelle, précise-t-il, elle est facultative, mais peut avoir lieu notamment lorsque les exigences de la manifestation de la vérité commandent qu’un juge d’instruction chargé d’investiguer soit saisi afin d’approfondir les éléments réunis au cours de l’enquête de police et de gendarmerie.

Le procureur général près de la Cour d’appel de Ziguinchor qui a pris la parole pour faire le point dans les ressorts de Kolda et de Sédhiou, a indiqué qu’aucune manifestation d’envergure de nature à troubler l’ordre public n’a été notée à Kolda et aucune poursuite n’y a été effectuée, par conséquent. Il a ensuite fait remarquer qu’à Sédhiou, les demandes de marche déposées pour le 15 mars ont toutes été autorisées.

Selon lui, aucun débordement n’a été constaté. Toutefois, poursuit-il, le 15 mars, des échauffourées sont survenues à Bounkiling. Événements lors desquels 10 personnes ont été arrêtées pour manifestation non autorisée et trouble à l’ordre public. Jugées en flagrants délits, elles ont toutes été relaxées pour vice de forme au niveau de la procédure.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR

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