Publié le 25 Oct 2024 - 19:24
LE SÉNÉGAL EN ROUTE POUR LA COMPÉTITION AFRO BREAK À ACCRA

Une formation réunit les jeunes talents du break dance au CC Blaise Senghor

 

Vendredi, au centre culturel Blaise Senghor, s'est achevée une formation de breaking organisée dans le cadre de la compétition Afro Break initiée par le danseur ghanéen Lyricx Breaking. Cette compétition, visant à promouvoir la danse emblématique du mouvement hip-hop, le break, réunira seize pays à Accra, le 27 octobre prochain.  

 

Le Sénégal s’inscrit comme un pays a diversité culturelle. Le break est une danse qui est par ailleurs en pleine effervescence. Lors d'une formation de trois jours à Dakar, les jeunes talents sénégalais ont eu l'opportunité d'apprendre des meilleurs, dont le multiple champion du monde de break, B-boy Lilou. D'origine franco-algérienne, la jeune Sysy actuelle championne du monde ayant reçu son prix en Chine et ayant participé aux Jeux olympiques de Paris, sans oublier les anciens B-Boys du Sénégal comme Abdallah champion du Sénégal et bien d’autres.

Cette formation, qui a réuni des danseurs et danseuses venus de tous horizons, entre Kaolack, Keur Massar, Ziguinchor et Dakar, a offert   une occasion spéciale à ces jeunes.  Celui de réunir tous les B-boys et B- girl du Sénégal.  Lilou, qui a déjà fait plusieurs voyages au Sénégal, ne cache pas son admiration pour le talent des jeunes danseurs sénégalais. ‘’Ce n’est pas la première fois que je viens au Sénégal et pour moi, les talents Sénégalais sont les plus doués d'Afrique, aujourd'hui, concernant le break’’, affirme-t-il.   Soulignant qu’il est vrai qu’ils ont un gros niveau, car le break est un peu plus développé que dans certains pays.

Néanmoins, il rappelle qu’’’après, c'est sûr qu'il manque encore certaines choses à améliorer, mais franchement, il y a un gros talent. Même mon équipe qui est avec moi, c'est la première fois qu'ils viennent ici, mais ils sont un peu surpris du niveau, ils ne s’attendaient pas à ça’’.

Pour lui, le Sénégal a des danseurs qui sont talentueux physiquement. Il explique : ‘’Ils ont les aptitudes à faire des mouvements de fou, surtout musicalement parlant, c'est dans les gènes, les gars d'ici ou les filles ont grandi avec la musique autour d’eux et donc la culture musicale et la danse traditionnelle les rendent uniques’’, explique Lilou.

En outre, il pense qu’ils ont tous les facteurs pour pouvoir être de bons danseurs, mais qu’il leur manque une chose : le savoir-faire. ‘’Les codes des techniques sont importants quand on fait du break danse et c’est ça qu’ils doivent apprendre, car si on n'a pas les bonnes bases ou des personnes autour pour nous conseiller, on ne s’améliore pas’’, rappelle-t-il.

Sur cette lancée, ses coéquipiers, dont c'était la première visite, ont également été stupéfaits par le niveau élevé des danseurs. Pour le B-boy Damani, ‘’ils sont talentueux, déterminés et prêts à progresser’’, déclare-t-il. Lui-même issu de Saint-Étienne en France, a partagé son enthousiasme après cette formation : ‘’Je suis bracker, ça fait maintenant 16 ans. On a fait des workshops avec les danseurs d'ici pour échanger avec eux, leur donner un peu de notre savoir et pour essayer de les faire progresser.’’ Mais rappelle qu’en même temps, eux aussi progressent. ‘’Je pense que le Sénégal regorge de danseurs capables d'atteindre les sommets’’, a-t-il lancé pour finir.

Les femmes prennent leur place dans le break

D’après la directrice générale du centre culturel Blaise Senghor, cette formation avait également pour but de briser la barrière qui se présente souvent du côté des femmes. ‘’Il fallait aussi regrouper les B-girls et les B-boys. Ils nous viennent d'horizons différents pour revisiter le break dance. Apprendre, faire un partage d'expérience avec l'association Street Off et des personnes qui sont expérimentées en la matière. Les former, leur apprendre les pas de danse sans faire de distinction entre les hommes et les femmes afin de participer à la valorisation et à la promotion du break dancing’’, nous a-t-elle confié.  

C’est cette optique que Lilou avoue être surpris de voir de plus en plus de jeunes femmes intégrer la scène du break au Sénégal, malgré les obstacles socioculturels. ‘’Je vois qu’il y a de plus en plus de filles. C’est une chose que je ne voyais pas avant. Pendant mes voyages antérieurs, on voyait une ou deux femmes. C'est vrai qu'avec le contexte social ou religieux, les filles, on ne les voit pas trop danser du hip-hop. Mais aujourd’hui, j'en vois de plus en plus autant douées que les garçons et ça fait hyper plaisir’’.

La championne du monde la B-girl Sysy, ayant participé aux JO Paris-2024 en juillet dernier, souligne l'importance de l’engagement des filles. ‘’Elles sont nombreuses aujourd’hui à cette formation, elles sont très investies et vraiment elles débordent d’énergie’’, note-t-elle. Elle espère également que son parcours et ses conseils inspireront davantage de jeunes filles à se lancer pleinement dans le break.

La jeune danseuse de break, Rose, participant à la formation, a salué l’initiative de cette formation, mais souligne que ce n’est pas facile pour elle en tant que femme. ‘’Je danse depuis 2019, mais je fais le break depuis 2022 et pour moi c’est une passion que je découvre. Par contre, pour nous les filles, c’est un peu difficile. C’est vrai qu’on me motive et on m’apprend beaucoup. Mais j’entends beaucoup de rumeurs sur moi ; on dit de mauvaises choses sur moi, que je ne dois pas faire ça, car ça ne colle pas avec mon éducation. Mais pour moi, ça fait partie de la vie et c’est ce qui me pousse à aller de l’avant et à continuer’’.

Tout sur la compétition Afro Break

L’Afro Break est une compétition de haut niveau au Ghana. D’après l’organisateur Lyricx également breacking, ‘’cette compétition a pour objectif de promouvoir le break dance sur le continent africain et créer des ponts avec les compétitions internationales’’. Il explique qu’une sélection a eu lieu pour envoyer un danseur sénégalais à cette prestigieuse  compétition. Afro Break se tiendra dans deux semaines à Accra, au Ghana et nous choisissons dans chaque pays participant un danseur qui portera haut les couleurs de son pays. Il ne suffit pas que le B-boy soit connu. Le plus important est que le danseur choisi se démarque des autres et qu’il ait la possibilité de voyager. Donc, nous regardons vraiment les B-boys en herbe’’, nous a-t-il expliqué.  

Lilou renchérit en disant que cet événement est une excellente opportunité pour les danseurs sénégalais de se faire connaître à l'international. ‘’La première édition d’Afro Break a été remportée par un Sénégalais et cela a mis le pays en avant sur la carte du break dance africain’’. Il rappelle qu’à l’issue de cette compétition le gagnant participera à une autre compétition, à Lyon. A l’issue de la formation, c’est le jeune Amadou Tamba qui représentera le Sénégal à Accra le 27 octobre prochain.

THECIA P. NYOMBA EKOMIE

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