Publié le 29 Jan 2013 - 03:40
L'HOMME D’AFFAIRES MOHAMED OULD BOUAMATOU TRAQUÉ PAR LES SERVICES FISCAUX

Entre acharnement fiscal, règlement de comptes et application de la loi

 

L’homme d’affaires mauritanien Mohamed Ould Bouamatou est dans le collimateur des services fiscaux mauritaniens. En effet, la Direction générale des impôts réclame à ce grand homme d’affaires des sommes estimées à plus de 5 milliards d’ouguiyas (environ 10 milliards de F Cfa) sur certaines de ses sociétés. Une affaire qui défraie la chronique en Mauritanie.

 

 

Si certains observateurs parlent d’acharnement fiscal sur le PDG de la Générale de Banque de Mauritanie (GBM) par des intentions non avouées, d’autres considèrent que l’homme a toujours tenté de contourner le fisc et que les impôts exigés sont conformes à la loi en la matière. Des impôts évalués à plus de 5 milliards d’ouguiyas (environ 10 milliards F Cfa) ont été prescrits récemment sur les entreprises du groupe BSA de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, volontairement exilé au Maroc depuis ce malentendu qui a soufflé sur les relations le liant au président Ould Abdel Aziz.

 

L’homme d’affaires avait pourtant soutenu à coup de milliards d’ouguiyas l’actuel président de la République, lors de la campagne présidentielle de juillet 2009 ayant conduit à son élection, mais également dans son coup d’Etat d’août 2008.

 

Trois sociétés dans lesquelles Mohamed Bouamatou détient des actions (Générale de Banque de Mauritanie - GBM, BSA Ciment et Mauritano-Tunisienne de Télécommunication - Mattel) ont reçu des avis de redressements fiscaux pour un total de 4,1 milliards d'ouguiyas (13,3 millions de dollars américains).

 

Cette situation a donné lieu à deux pôles dont le premier qualifie ces impôts d’acharnement fiscal sur l’homme d’affaires et témoignent de l’ampleur de la rupture entre Ould Bouamatou et Ould Abdel Aziz. Tandis que le second considère que cette fiscalité est conforme en la matière en raison de la richesse de l’homme.

 

Réagissant contre ce qui pourrait ressembler à un acharnement, Ahmed Ould Hamza, président de la Fédération des industries et des mines, par ailleurs président de la Communauté urbaine de Nouakchott, considère ce redressement fiscal comme une «manipulation des impôts» conduisant à la fermeture de l’usine de ciment (BSA-ciment). Ould Hamza a averti ses pairs du secteur privé face à cet acharnement qui vise à «mettre au pas les promoteurs du secteur privé».

 

«Face à cette gestion capricieuse, qui menace tout le tissu économique que nous avons construit une pierre après l’autre, j’en appelle au sens de la responsabilité de tous les hommes d’affaires mauritaniens à exprimer leur solidarité avec leur pair Mohamed Ould Bouamatou et par delà à s’opposer à tout ce qui semble être une œuvre programmée d’implosion de tout le secteur privé dans notre pays», a-t-il indiqué non sans prendre à témoin l’opinion nationale et les partenaires au développement de la Mauritanie.

 

Cousin du président Aziz

 

Se défendant de toute discrimination ou volonté de nuire, la Direction générale des Impôts (DGI) nie tout acharnement et affirme qu’elle ne vise personne en particulier, se contentant uniquement de rester attachée aux devoirs de tous les citoyens, stipulés par la loi. Pour elle, «certaines parties tentent de désinformer l'opinion publique en diffusant des chiffres erronés pour justifier leur évasion fiscale». La DGI a d’ailleurs soutenu que les montants prescrits sur les trois entreprises auxquelles Bouamatou est actionnaire sont les plus bas parmi les montants imposés aux autres entreprises travaillant dans les mêmes secteurs.

 

Selon d’autres informations, des cercles sociaux proches de l’homme d’affaires et du président de la République multiplient actuellement les réunions pour tenter de conduire une mission de bons offices entre les deux cousins dont les rapports se sont détériorés depuis longtemps, parvenant à leur niveau le plus critique. D'après certaines sources, Ould Bouamatou apporte son soutien aux opposants de l’actuel pouvoir. Suffisant pour que l’actuel homme fort de Nouakchott orchestre alors, disent-elles, des manipulations pour abattre un cousin souteneur d’hier devenu indésirable aujourd’hui.

 

Un ami de Karim Wade

 

Bouamatou, faut-il le rappeler, est un grand ami de l’ancien super ministre sénégalais Karim Wade, lui aussi poursuivi par la justice sénégalaise pour biens mal acquis. D’ailleurs, lors de la présidentielle de juillet 2009, l’opposition mauritanienne avait accusé Bouamatou et Karim Wade de complicité pour frauder cette élection. Ironie du sort, les deux grands amis se retrouvent aujourd'hui dans le pétrin.

 

 

A propos de ces impôts sur les entreprises de l'homme d'affaires mauritanien qui s’élèvent à 5 milliards d'ouguiyas, l’une, BSA-ciment dont 65% des actions appartiennent à une société française, est imposée à hauteur de 1,5 milliard d'ouguiyas. Sur intervention du partenaire français, les taxes ont été réduites à 1,038 milliard d'ouguiyas avec un délai d'acquittement ne dépassant pas huit jours. La Générale de Banque de Mauritanie (GBM) et l'opérateur mobile Mattel ont aussi été sommés de verser respectivement 1,5 milliard et 1,3 milliard d’ouguiyas. D'ailleurs, le directeur gérant des affaires de Bouamatou a été entendu par la police des crimes économiques à propos de la compagnie Mauritanie Airways (en faillite) dont Bouamatou était un actionnaire.

 

 

 

IBOU BADIANE (Correspondant en Mauritanie)

 

Ibou Badiane, correspondant en Mauritanie

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