Des actes d’apaisement
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Dans la journée d’hier 24 mars, plusieurs détenus, arrêtés en marge des récentes manifestations, ont recouvré la liberté.
Tout porte à croire que l’appel du khalife général des mourides, mardi, n’est pas tombé dans l’oreille de sourds. Le guide religieux avait plaidé pour l’apaisement, en ces temps de tensions sociopolitiques. Et hier soir, plusieurs détenus ont recouvré la liberté.
Selon Pastef-Bignona, le professeur d’anglais Lamine Badji, Bacary Richard Diémé, Ousmane Bodian, Atab Sonko, Amadou Badji, Djibril Camara, Ismaila Badiane et Madicone Sané sont sortis libres de la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor.
A Dakar, les choses ont également bougé. ‘’La lutte continue ; nous vaincrons’’. C’est en ces termes que Guy Marius Sagna a tenu à s’adresser au peuple sénégalais, juste après sa sortie de prison hier, en fin d’après-midi. L’activiste dit devoir cette liberté à ses concitoyens d’ici et d’ailleurs. Un mois après son arrestation, la demande de liberté provisoire introduite, lundi dernier, par son avocat, a connu une suite favorable, sans surprise.
A l’instar du coordonnateur de Front anti-impérialiste panafricain et populaire (Frapp), Clédor Sène et Assane Diouf ont obtenu la liberté provisoire. Ils avaient été placés sous mandat de dépôt, pour ‘’organisation d’un mouvement insurrectionnel, association de malfaiteurs et actes de nature à troubler l’ordre public’’.
De l’avis de Me Moussa Sarr, conseil de Guy Marius Sagna, un pays qui se veut démocratique doit respecter la liberté d’expression et de manifestation des citoyens. L’avocat se dit satisfait, car Guy Marius Sagna ‘’n’a commis aucune infraction qui justifiait son arrestation’’. Cette liberté provisoire est donc due à la vacuité du dossier et s’inscrit dans un contexte de décrispation impulsée, depuis peu, par les chefs religieux.
Echauffourées à l’Ucad pour la libération de deux étudiants
Par ailleurs, les manifestations du 8 février ont enregistré les arrestations de 19 autres jeunes Sénégalais, à travers le pays. Placés sous mandat de dépôt, ces derniers sont accusés de participation à un mouvement insurrectionnel, association de malfaiteurs, incendie criminel, dégradation de biens appartenant à l’Etat, violences et voies de fait sur agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions. Le parquet devrait communiquer, dans les prochaines heures, sa décision concernant les demandes introduites par l’administrateur du Pastef Birame Soulèye Diop, Assane Fall et Cie.
De leur côté, les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ont fait face aux forces de l’ordre pour exiger la libération de deux de leurs camarades : Amadou Sow (coordonnateur de Frapp-Ucad) et Amadou Woury Ba (coordonnateur de Frapp-Koupentoum) ont été placés sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, tentative d’incendie et tentative de trouble à l’ordre public. Les étudiants comptent manifester chaque jour jusqu’à la libération de leurs camarades.
Ces multiples arrestations sont intervenues en marge des manifestations qui ont suivi l’interpellation du leader du Pastef, Ousmane Sonko, accusé de viols et de menaces de mort par la masseuse Adji Sarr.
EMMANUELLA MARAME FAYE