Publié le 30 Jun 2014 - 08:29
LIBRE PAROLE

Plaidoyer pour un vote citoyen

 

Dans les grandes démocraties occidentales, les élections sont pour le peuple une forteresse, une messe, à travers un agenda politique déterminé à l’avance et scrupuleusement respecté (Ex. l’élection du PR des Etats-Unis) et par le suffrage universel de choisir ses dirigeants ou de se prononcer sur des décisions majeures qui régiront la vie de la Nation.  

Sans citer ces auteurs théoriciens du 18e siècle de la démocratie et de l’égalité tel Jean Jacques Rousseau du « Contrat social », de l’esprit des lois de Montesquieu qui avaient leurs critères constitutifs d’une démocratie, d’une élection sous les Tropiques. Par contre, en Afrique les élections tout en étant un choix par le « suffrage universel » (contestations de résultats, violence donc instabilité sociale). Les élections sont en même temps le lieu de prédilection de l’expression de l’assentiment public pour une ethnie, une religion ou une région. Et particulièrement au SN le moment de dévotion à une personne, d’où du coup la professionnalisation d’une fonction de politicien, naguère si noble dans la Grèce Antique.

Qu’observons-nous actuellement au SN avec ces élections locales ? Une forte clientèle qui court, courtise, chante les louanges de leurs leaders politiques candidats : Fii la magge Fii la dékk, mo méa, Kii moy pappam.

A cette multitude liste (+ de 2700) pour ne pas parler de pagaille politique, il faut qu’on soit citoyen qui dans la cité crée, acquiert ce titre. Ce statut non parce qu’il jouissait du droit de cité siégeant à l’Agora du point de vue de ces devoirs envers la Patrie et venaient ensuite ces droits politiques et il se départissait du statut de sujet ; tout ceci pour une meilleure gestion de la Cité.

Des cahiers de doléances des Etats généraux de 1789 déposés par les mulâtres de Saint-Louis à l’Acte III de la décentralisation, il n’y a pas en avancées.

Et pourtant, de l’antiquité à nos jours, beaucoup d’eau a coulé sous nos ponts et dans notre fleuve ; de Carpot à Macky Sall en passant par Blaise Diagne, Lamine Guèye, L.S.Senghor, Abdou Diouf à Abdoulaye Wade. Non, nous avons aussi constaté des reculs tant du point de vue de nos ressources humaines, politiques que la réaction de l’électeur au moment du choix ; oui nous avons aussi constaté des reculs dans le choix des listes, dans l’organisation des élections, du déroulement de la campagne (moment de bilan – projections, de visions programmatiques).

Sommes-nous, au SN, dans la véhiculisation d’idées, seul gage d’un développement où d’une émergence accélérée comme il est d’actualité ou de comédie ?

Is that the question? Pour « taquiner » Shakespeare.

Dans tout état moderne, donc dotés d’instruments et d’institutions stables, fonctionnels ou “forts” pour reprendre notre Gentleman Pr Obama, les élections devraient et doivent être une procédure démocratique en vue de légitimer la position, la « station » des dirigeants dans leur choix des hommes et  la prise de décisions pour un meilleur devenir.

Mais au SN est-ce que les électeurs, les votants avant, pendant et après les élections ont un comportement normal pour élire des dirigeants normalement ?

Non, on ne le pense pas – Non seulement parce que n’étant pas formés civiquement, politiquement et même sur le plan de leur attitude vis-à-vis du bien commun et de l’intérêt général – fii mbeddu buur la – pour se justifier d’avoir jeté des ordures – fii robinet mbed la – bonjour les querelles et le désordre.

Notre Plaidoyer sera et restera un vote citoyen dans le cadre d’une démocratie « achevée » - vous me direz que toute œuvre humaine est perfectible mais qu’on ne se leurre pas, notre démocratie est en gestation à la manière des cantons suisses organisés autour d’une démocratie directe – nous ne sommes pas allés chercher loin.

Mais en faisant une analyse symptomatique où réside le mal ou les maux ?

Ne devrait-on pas procéder à une transformation, un changement des mentalités, de là nos comportements, nos réactions seront tout autre.

Notre cible thérapeutique sera constitué par les acteurs politiques, gouvernants, grands électeurs ou dignitaires et chefs religieux ou chefs traditionnels jusqu’aux simples citoyens et autres étranges qui vivent parmi qui ont une grande mission pour ce faire.

A cette noble et lourde tâche de conscientisation des masses, la mission  revient à nos dirigeants, à nos gouvernants qui tiennent le gouvernail afin de conduire à bon port : notre Sunugal.

Pour en revenir à ces élections, tel qu’elles se déroulent au vu de la gestion de son orchestration ressemble à une traite comme à l’époque coloniale où ce paysan saloum-saloum disait se frottant le ventre dans l’attente de quelques mois fastes futures : « ah treet bi niew na ».

Oui, c’est la traite – traite pour les petits parties politiques aux leaders opportunistes, pouvant tenir leur congrès dans un salon, ces leaders de partis politiques louent le leur aux candidats indépendants se réclamant soit de la société civile où de je ne sais pas quoi – et au passé douteux – où étaient-ils aux mercredis de la Place de l’Obélisque où les jours ayant procédé ou suivi le 23 juin à l’image de Cheikh Bamba Dièye, les jours où la conscience patriotique et citoyenne était interpelée, où les militants patriotes convoqués ; comme cet après midi à la salle Daniel Brottier et dans les rues de la capitale point de départ d’une nouvelle citoyenneté – ad mutum avec le courage de certains leaders du mouvement rap.

Oui, traite pour cette clientèle composée de jeunes garçons, je veux citer les Rollers qui distribuent des Flyers – comme à cette question posée à ce jeune rencontré à la Sicap Amitié II. Ton candidat mobilise-t-il fortement ? – Réponse – Hé mon grand pas mon blème – (comprenez par là problème) Je suis de la Médina – on ne me paie la demi-journée  - l’après-midi je serai à Dieuppeul, demain au Point E.

Autre question posée à un autre et toi tu voteras pour qui ? – Eh mon Grand « Politicien = Politichien » parlant comme les rappeurs – mais j’écris que je voterai pour KHAF – Mais qui est Khaf ? Réponse l’actuel maire. Ailleurs on dirait Monsieur le Maire fut-il même sortant – mais pourquoi – Votes-tu pour lui – T’as pas vu la Corniche, le parcours sportif au moins on soulève des poids pour devenir lutteur, videur ou gros bras dans les manifestations. Là, au moins le maire sortant a répondu à une attente, une réalisation fut-elle mal comprise.

Oui, traite pour ces jeunes filles porteuses de pancartes, vêtues de tee-shirts à l’effigie des candidats, telles des hôtesses ou agents commerciaux.

Oui – Traite pour les gros bras organisés en comités électoraux de sécurité qui n’ont leur place qu’à l’arène où il n’y a pas traite pour eux car la lutte est en trêve. Ecuries qui ne génèrent que la violence (ou caillasse – ou brûle, on tabasse, on dégaine…)

Oui, traite pour les journalistes sans conscience déontologique nous tympanisant   aux interminables wakh sa khalat où le monde est expert en tout.

Sans énumérer les loueurs de véhicules, de groupes électrogènes, de matériel Sono et j’en passe.

Etait-il nécessaire d’injecter autant de moyens financiers pour des élections locales au coût d’organisation déjà exhorbitant de 15 milliards pour le contribuable ? Rien que pour le Partie au pouvoir ou la coalition on parle de trois milliards. Je n’y crois pas !

Oui, dommage causé à ce pauvre paysan du Cayor du Baol – Saloum courant derrière des bons impayés d’une traite (celle-ci la vraie traite) ou n’ayant pas encore reçu, ni vu la couleur des intrants agricoles pour la présente campagne.

Oui, dommage pour ces jeunes chômeurs massifiant à jamais les colonnes des marchands ambulants qui se bousculent dans les rues de Dakar.

Oui, dommage causé à ces vieux retraités qui s’attendent à des espaces verts, à un environnement adéquat où ils pourront s’oxygéner au bord des fleuves lacunes et mer qui sont plutôt devenus des dépôts d’ordures.

Mais, le discours politique au sens grec du terme « Polis » est foulé du pied pour nos acteurs politiques qui sont loin de répondre aux attentes des populations et ceci pourrait avoir comme amer constat un taux d’abstention très élevé.

Ont-il un bref moment pensé à la matérialisation de l’Acte III de la décentralisation dont la révolution principale est la communalisation intégrale universelle et, du coup, les responsabilise pleinement.

Cette réforme n’est-elle pas un prématuré ou mort-né. Ah au vue de tous ces comportements et actes folkloriques au lieu de conscientiser les masses à diriger, à les y préparer, ils sont à la foire de l’achat des consciences.

Cette foultitude de candidat doivent informer les dirigés sur la nouvelle réforme, ses exigences, son contenu, sa portée et sa finalité, là est la mission qui les attends pour un meilleur devenir des populations.

Oui toujours pour parler comme François de Closets – toujours plus dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la sécurité des infrastructures routières, sportives et socio-culturelles mais il faudrait qu’ils pensent à la recherche de ressources financières, additionnelles dans le cadre d’une coopération internationale bilatérale ou multilatérale bien pensée par recensement les priorités des populations et de leur localité.

Oui, il faut une rupture comme l’ont annoncée nos dirigeants après la 2ème alternance réussie, mais il faut que les populations locales soient acteurs de cette rupture.

Oui, rupture, ce  peuple n’a plus besoin des élus locaux qui payent des ordonnances médicaux à leurs électeurs, mais de centres de santé où les soins et les médicaments de première nécessité seront non seulement gratuits mais à proximité.

Ce peuple n’a plus besoin de maires distribuant des billets de banque dans les cérémonies familiales (baptêmes – décès – Gamou) en spoliant l’assiette foncière de leur circonscription.

Ce peuple n’a plus de président de conseil départemental distribuant des billets de banque aux jeunes chômeurs qui n’investissent jamais leur circonscription dans le domaine de l’hygiène publique, de l’amélioration de leur environnement en espaces verts ou à travers de petits emplois rémunérateurs pour leur collectivité.

Sinon, demain, après la traque des biens mal acquis contre les ministres, directeurs d’EPA, d’EPIC ou sociétés nationales. Ce sera la traque des élus locaux – détourneurs – corrompus.

A moins qu’à cette multitude, foultitude de candidats ; le Président Macky Sall veuille, saisissant l’occasion des locales s’en saisir comme congrès et faire muer son mouvement en parti politique fort tout en ayant l’œil aux prochaines présidentielles de 2017. N’avait-il pas dit : Qui perd – sera remis ?

Donc, il faut que le jour du 29 juin que le votant citoyen fasse un choix judicieux, sélectif, lucide en vue de maire compétent parce que réalisant une plus value pour leurs collectivités, dignes parce que n’ayant pas cette boulimie, bâtisseur parce qu’étant pas manchot à l’image de l’actuel maire sortant de Dakar dont les concurrents ne concrétisent le bilan qu’à travers des arguments tel la violence, le Folklore, les danses, les albums – photos rivalisant du coup de carnaval.

Que les populations ne soient plus des sujets mais des citoyens au sens grec du terme et de là le pouvoir décentralisé aura largement contribuée à l’acquisition de ces milliards de l’étranger nécessaires au déroulement du Plan Sénégal émergent si cher à notre cher Président républicain.

Exister citoyen  

Savoir pour servir

Servir et non se servir

Max Magaye Mohamed CISSE

Juriste économique

Tél. : 77 642 99 21 / 77 987 30 43

Magcisse61@hotmail.com

 

 

 

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