Le Sénégal et la France unissent leurs forces
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Le Sénégal et la France, à l’issue d’un séminaire de partage d’expérience tenu hier à Mbour, ont décidé de conjuguer leurs efforts dans la lutte contre le trafic international de stupéfiants.
Devenu une plaque tournante du trafic international de stupéfiants, le Sénégal cherche les moyens de se barricader. Dans cette lutte contre le trafic de drogue, il peut compter sur le soutien de la France et même de l’Union européenne. Le pays d’Emmanuel Macron et l’organisation européenne ont, en effet, manifesté hier leur volonté d’appuyer le Sénégal dans ce sens. C’était au cours d’un séminaire tenu hier à Mbour et organisé par le ministère de l’Intérieur, en collaboration avec l’ambassade de France au Sénégal.
L’idée d’unifier leurs efforts dans la lutte contre le trafic de stupéfiants est née d’une rencontre bilatérale entre les deux présidents des deux pays en février 2018. Selon le commissaire divisionnaire et attaché de la sécurité intérieure de l'ambassade de France, Mathieu Pitaco, le trafic de stupéfiants et de cocaïne est devenu, depuis quelques années, un fléau international qui nécessite une coordination des efforts entre les différents Etats pour son éradication.
D’ailleurs, estime pour sa part le préfet de Mbour Saër Ndao, aucun pays ne peut, seul, faire face à ce fléau. ‘’Le problème de la drogue est commun à tous les États. Même si c'est à des degrés différents, aucun État au monde ne peut y faire face seul’’, déclare-t-il. Soutenant ainsi qu’il existe une responsabilité commune et partagée des États quant aux moyens et à la stratégie permettant de combattre efficacement ce fléau des temps modernes.
Depuis quelques années, en effet, le Sénégal et sa capitale Dakar sont devenus des lieux de transit de stupéfiants. Des saisies record ont d’ailleurs été opérées en 2018. L'Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants(Ocrtis) a, en effet, enregistré, l’année écoulée, une fructueuse campagne de saisie dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. En 2018, 12 tonnes de stupéfiants ont été saisies dont 192 kg et 26 plantes d'herbe de cannabis, 762 grammes de résines de cannabis, 0,370 g de cocaïne, 26 g d'héroïne, 28 comprimés d'amphétamine et 214 comprimés de méthamphétamine.
Pour cette année 2019, les premiers indicateurs et les opérations récentes effectuées dans le pays ont permis de mettre la main sur 9 t de stupéfiants au Cap-Vert, 800 kg en Guinée-Bissau, 80 kg au sud du Sénégal et plus d'une tonne au port de Dakar.
De toutes les drogues qui transitent via le territoire national, le cannabis est le plus consommé au Sénégal. A côté, il y a la cocaïne et l’héroïne qui sont aussi très présentes au Sénégal. ‘’Le trafic de drogue a connu, ces derniers temps, une certaine importance, une certaine ascension, j'allais dire, parce qu’il y a quelques mois, il y a eu des saisies très importantes qui ont été réalisées au port de Dakar’’, déclare le contrôleur général de police. Makhtar Diop de souligner d’ailleurs que cette présence de drogue dans notre pays est due au fait que le Sénégal, de par sa position géographique, est devenu une zone de transit sur la route transatlantique.
Ces chiffres alarmants inquiètent les autorités qui tentent, tant bien que mal, de juguler le fléau. D’ores et déjà, elles misent sur la formation des agents en charge de la lutte contre la drogue. D’où l’objectif de ce séminaire de trois jours qui vise à permettre aux principaux acteurs de la lutte contre le trafic de drogue au Sénégal de présenter leurs actions, leur bilan et les difficultés qu’ils rencontrent. L'échange de renseignements et la nécessaire coopération interservices qui donne d'excellents résultats en matière de lutte antiterroriste, doivent être renforcés, selon les autorités étatiques.
Ainsi, il s'agira de présenter le plan stratégique national de lutte contre la drogue en vue de son approbation, de comprendre les défis sécuritaires en général et de ceux relatifs au trafic de drogue en particulier (à la lumière des récentes saisies de 1 038 kg effectuées au port de Dakar les 19 et 26 juin 2019). Ces travaux permettront également de mettre en exergue les missions des structures impliquées dans la lutte contre la drogue et leur complémentarité, d'identifier des pistes de réflexion pour une meilleure efficacité de la coordination nationale et, enfin, de présenter les difficultés rencontrées dans cette traque et de préconiser des solutions.
IDRISSA AMINATA NIANG (MBOUR)