37% des enfants sont économiquement actifs
Trente-sept pour cent des enfants âgés entre 5 et 17 ans au Sénégal sont économiquement actifs. L'annonce a été faite hier, au cours du lancement du Plan Cadre National de prévention et d’élimination du travail des enfants au Sénégal (PCN).
La problématique du travail des enfants s'est toujours posée avec acuité au Sénégal. Elle s'est développée avec la pauvreté et jette les enfants dans les méandres de la prostitution, de la délinquance et de l'utilisation de la drogue. Pour lutter contre ce fléau, le ministère de la Fonction publique a lancé hier le Plan Cadre National de prévention et d’élimination du travail des enfants au Sénégal (PCN) délimité à l'horizon 2016. Ce que le directeur du Bureau International du Travail (BIT), François Mourangira, a contesté. Il estime qu'on ne pourra pas éradiquer le travail des enfants en trois ans. ''Je dis non. Il faut être réaliste. Le temps restant est très court pour éradiquer le phénomène. Car 37% des enfants au Sénégal de la tranche d'âge de 5 à 17 ans sont travailleurs. C'est un engagement très fort. Ce qui est important, c’est qu’on puisse mettre en place des mécanismes, des cadres et créer des conditions pour éradiquer les pires formes de travail des enfants'', a indiqué le directeur du BIT. A l'en croire, le plan existe depuis 10 ans, sans suite. ''J'appelle à l'action et à la création de synergie. Si chacun se disait : ''Et si c'était mon enfant qui travaille, et que tout le monde y mette du sien, le problème allait être plus facile à éliminer'', a-il plaidé. Le BIT, annonce-t-il, va assurer l’accompagnement technique, parce que le Sénégal a montré un engagement fort pour éradiquer le phénomène du travail des enfants dans ses pires formes.
Un budget de 13 milliards F Cfa
Toutefois, le pari est loin d'être gagné, malgré les nombreux efforts fournis, a déclaré Mamadou Sow, secrétaire général du ministre de la Fonction publique. Car, le travail des enfants continue à être la tâche noire qui pèse sur les consciences. ''Il est nécessaire de mettre à contribution l’État du Sénégal, en premier, et l'ensemble des partenaires techniques et financiers, pour la mobilisation des ressources escomptées. C'est pourquoi, pour rendre opérationnel ce plan cadre assorti d'un plan d'action à court et moyen terme, budgétisé à 13 milliards, nous avons décidé que le 1/3 du budget, c'est-à-dire 4,5 milliards, soit annualisé. Les 8,5 milliards restants du budget vont être utilisés à long terme'', a déclaré M. Sow.
Porter le plaidoyer sur les ressources humaines du pays, et l'intégration de la lutte dans les politiques sectorielles des ministères, tels sont les deux défis à relever, selon Mamadou Sow. En effet, le Sénégal a ratifié en 2000 la Convention internationale 182 sur la lutte contre les pires formes de travail des enfants. Cette convention est venue s’ajouter à la convention 138, adoptée en 1999 et qui fixe l’âge d’admission au travail. ''Par ces deux instruments, la communauté internationale avait voulu créer les conditions, pour que l’enfant retrouve sa place naturelle, en tant qu’enfant pour aller à l’école, bénéficier de connaissances pour prendre la relève'', a rappelé le secrétaire général.