Publié le 6 Sep 2024 - 19:11
LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES

AWDF soutient  les initiatives féminines  au Ghana ,Nigeria et au Sénégal

 

Pour trouver une solution durable face à la violence sexuelle, le Fonds africain pour le développement de la femme (AWDF), à travers l’Initiative Kasa, a injecté un montant de 1,87 milliard F CFA, entre le Ghana, le Nigeria et le Sénégal. Au Sénégal, les zones ciblées sont Ziguinchor et Dakar.

 

En 2021, le Fonds africain pour le développement de la femme (AWDF) a lancé l’Initiative Kasa afin de s'attaquer et de réduire la violence sexuelle en Afrique de l'Ouest. Dotée d'un financement initial de 3,75 millions USD (1,87 milliard F CFA) pour les cinq premières années, cette initiative se concentre sur le Ghana, le Nigeria et le Sénégal.

L'Initiative Kasa soutient les organisations de défense des droits des femmes et les mouvements féministes de base dans ces pays pour prévenir et répondre à la violence sexuelle tout en assurant la reddition des comptes. Cette initiative finance actuellement des organisations de défense des droits des femmes et des mouvements féministes, principalement au niveau local dans ces trois pays, pour prévenir, répondre et garantir la responsabilité en matière de violence sexuelle.

C’est dans ce cadre qu’une équipe de l’AWDF séjourne au Sénégal depuis le 26 août. Cette visite a pour but de comprendre le contexte sénégalais en matière de violence sexuelle, d'évaluer les interventions en cours et leur impact.

Hier, une journée de discussion à Dakar avec les mouvements des droits des femmes et les associations sénégalaises a été organisée. Lors de cette rencontre, la coordinatrice de l’équipe Kasa a confié que, depuis son lancement, cette initiative a soutenu 45 organisations de défense des droits des femmes et mouvements féministes (24 au Nigeria, 12 au Ghana et neuf au Sénégal), a mené une enquête d’écoute et organisé des activités de plaidoyer dans les trois pays.

Elle a également, selon René Djanie, facilité des engagements dans des forums internationaux tels que celui sur la recherche sur la violence sexuelle à Mexico en septembre 2022 et la conférence Women Deliver au Rwanda en juin 2023. Ces interventions ont produit des résultats significatifs.

Au Sénégal, selon elle, malgré la réduction des espaces disponibles, les femmes poursuivent leur mobilisation pour le plaidoyer contre la violence sexuelle. L’AWDF a constaté que la couverture et la portée de l'Initiative Kasa au Sénégal et dans les pays francophones en général sont limitées dans le cadre de leur financement, avec moins de 9 sur 45 subventions accordées à des partenaires au Sénégal en raison d’un nombre réduit de candidatures pertinentes.

De plus, la plupart des candidats n’ont pas démontré une expertise suffisante en matière de violence sexuelle. ‘’Bien que des améliorations aient été observées, il est essentiel d’adopter une approche plus ciblée pour comprendre le contexte sénégalais, les interventions en cours, les acteurs clés et le paysage de financement. Il est également crucial d'identifier plus précisément les bénéficiaires potentiels de financement et de soutenir les acteurs de la violence sexuelle pour faciliter leur accès aux fonds de l'AWDF et à d'autres sources de financement. Au Sénégal et au Nigeria, nos partenaires ont obtenu des résultats et une visibilité grâce à la mise en œuvre de Kasa. Cela leur a ouvert la voie pour recevoir un financement supplémentaire. Au Sénégal, la mise en œuvre de l'initiative a soutenu le travail de collaboration et de renforcement du mouvement. Au Ghana, notre partenaire a reçu une reconnaissance nationale pour l'impact de l'initiative Kasa. Nous en entendrons davantage à ce sujet lors de nos prochaines conversations. Pour les bénéficiaires, dans les trois pays, les survivants de violences signalent de plus en plus de cas. Au Sénégal, nous constatons de nombreux cas où justice a été rendue. Les survivants reçoivent des soins centrés sur les survivants’’, a confié la coordinatrice.

En outre, elle est d’avis que la situation de conflit et l’instabilité politique augmentent la vulnérabilité des femmes et des filles à la violence sexuelle. Elle a également évoqué la réaction négative contre les organisations qui mènent des interventions en matière de violence sexuelle et d’autres droits des femmes ainsi que les événements dans le paysage géopolitique qui pourraient détourner l’attention des donateurs de la violence sexuelle et d’autres interventions en matière de droits des femmes, la persistance de la violence sexuelle et la culture du silence.

Les prochaines étapes

Pour les prochaines étapes, Mme Djanie a indiqué qu'il sera question d’intensifier et de soutenir leurs efforts de manière encore plus délibérée. ‘’Nous restons engagés dans la lutte pour un monde où toutes les personnes, en particulier les femmes, les filles et les groupes vulnérables, sont à l’abri de la violence sexuelle et où les victimes deviennent des survivantes. Nous espérons également favoriser un partenariat plus solide entre nous, acteurs, et voir des interventions inspirantes après la réunion. Nous allons continuer à sensibiliser sur la violence sexuelle et les lois connexes (y compris dans les langues locales), influencer les lois et les politiques pour soutenir la prévention, la réponse et la responsabilisation en matière de violence sexuelle et améliorer l'accès à une réponse globale des centres de soutien aux survivants. Il sera question de lutter contre les récits et les normes sociales qui renforcent les cultures du viol, de soutenir la création de mouvements, la solidarité et les soins collectifs parmi les intervenants de première ligne et les acteurs clés travaillant sur la violence sexuelle’’, a promis la coordinatrice de l’équipe Kasa.

À signaler que lors de cette rencontre, deux panels sur la question ont été animés par des organismes de droits des femmes.

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SOUTIEN AUX VICTIMES DE VIOLENCES SEXUELLES

L’AJS et JGuène comme bras de l’AWDF à l’intérieur du pays

Dans le souci d’apporter un soutien aux victimes de violences sexuelles entre Dakar, Mbour et Fatick, le Fonds africain pour le développement de la femme s’est appuyé sur l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et l’organisation féministe JGuène.

 

Au Sénégal, parmi les neuf structures que le Fonds africain pour le développement de la femme (AWDF) a sélectionnées pour le projet Kasa, figurent l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et l’association féministe JGuène. Les deux structures ont décidé de mener leurs actions séparément au niveau des zones de Rufisque, Dakar, Fatick et Mbour.

D’après le secrétaire exécutif de l'Association des juristes sénégalaises (AJS), leur collaboration avec l’AWDF dans le cadre de l’Initiative Kasa date de longtemps. L’AJS, selon Coumba Guèye Ka, a reçu un financement de l’AWDF qui leur a permis de mener des actions de renforcement de capacités et de sensibilisation sur les violences sexuelles, en particulier concernant la loi criminalisant le viol et la pédophilie, votée et promulguée en 2020.

‘’Pour la première phase, nous avons organisé des activités à Dakar, notamment un forum qui a regroupé uniquement des religieux ainsi qu’une formation pour les journalistes sur le traitement de cette question. Cela a été vraiment intéressant. Le forum nous a permis d'avoir des échanges et de mieux comprendre le sentiment de la population sur cette loi, mais aussi d'identifier les besoins des personnes victimes de viol. Nous nous sommes basés sur toutes ces recommandations pour mieux réussir cette deuxième phase avec d'autres objectifs. Pour la deuxième phase, des activités au niveau de la banlieue dakaroise, à Rufisque, à Mbour (Thiès) et à Fatick ont été mises en place. Ceci s'explique par le fait que ce sont des zones qui ne font pas partie de nos interventions avec d'autres projets. Cela nous permettra d'avoir un impact plus significatif. Ce sera entre août 2024 et juillet 2026. Nous avons des activités de formation avec des acteurs communautaires. Nous allons retourner à la base pour réaliser des activités de formation et de sensibilisation sur la loi et son contenu. Des forums seront également organisés dans ces régions pour sensibiliser un large public sur les violences’’, a-t-elle expliqué.

Avant d’ajouter : ‘’Nous avons besoin d'un fonds d'assistance pour les victimes de viol. C'est une recommandation faite envers l'État. Ces violences causent des ravages avec des conséquences incalculables. Donc, il faut protéger cette frange de la population. Pour la deuxième phase, nous avons choisi des endroits où nous n’avons pas d’activité. C’est ce qui explique le choix porté sur Rufisque, Dakar, Fatick et Mbour. Sur une période de deux ans, entre août 2024 et juillet 2026, nous allons retourner à la base pour être aux côtés des victimes de violences sexuelles. Cela nous permettra de mieux les aider.’’

Pour sa part, Maimouna Astou Yade, la directrice exécutive de l'organisation féministe JGuène Sénégal, a indiqué qu’elle a mis en place, avec ce projet, des clubs JGuène Ado pour former les jeunes en techniques de plaidoyer, communication sociale et sur les violences basées sur le genre. Ces clubs sont composés de filles scolarisées et déscolarisées.

‘’Pour la première année, nous étions actifs à Fatick et à Kaolack, mais par la suite, nous nous sommes concentrés sur Fatick. Cela nous a permis d'obtenir de bons résultats pour la troisième année du programme. Le champ des violences basées sur le genre est extrêmement vaste. Notre structure travaille avec les victimes avec une approche féministe. Nos actions avec ce projet ont été axées sur les survivantes pour mieux les prendre en charge. C'était une façon d'aborder la question sous un nouvel angle. Au Sénégal, il est bien connu que la question des données sur les personnes victimes de violence basée sur le genre est un casse-tête. C'est un projet de trois ans qui se déroule dans la région de Fatick où le taux de violence atteint 42 % selon les dernières études de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie. C'est une cible particulière. Nous avons aussi constaté des cas de violence d'inceste à l'école. Nous avons travaillé avec des clubs de jeunes et mis en place des espaces de guérison avec une psychologue’’, a soutenu Mme Yade.

Elle a annoncé que soixante filles victimes de violences basées sur le genre (VBG) ont été accompagnées depuis 2022 dans le cadre de ce projet. ‘’Nous allons vers elles pour les suivre, même si nous n'avons pas tous les moyens de répondre à toutes les attentes. Ce qui est très important pour nous’’, a expliqué Mme Yade.

CHEIKH THIAM

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