Publié le 19 Nov 2021 - 23:14
MALI - GEL DES AVOIRS FINANCIERS, INTERDICTION DE VOYAGE…

149 personnalités maliennes dont Choguel Maïga sanctionnées

 
La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a publié mercredi 17 novembre une liste comportant les noms de 149 personnalités maliennes (ministres et Conseil national de la transition : l’organe législatif) qui font l’objet de sanctions, à savoir le gel des avoirs financiers et l'interdiction de voyage. Cette mesure vise à sanctionner les membres de la junte dirigée par le colonel, absent de la liste, accusés d’entraver la mise en place d’un retour constitutionnel avec le retour des civils au pouvoir.
 
 
 
Le torchon brûle entre la CEDEAO et le gouvernement malien. Après des mois de négociations dirigées par l’envoyé spécial de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, et les lenteurs notées dans la mise en place d’un calendrier de transition en vue de l’élection présidentielle en février 2022 devant garantir le retour à l’ordre constitutionnel, la CEDEAO a décidé d’adopter une série de sanctions contre 149 personnalités maliennes. Dans la liste des personnalités sanctionnées, on peut citer notamment le Premier ministre Choguel Maïga, ainsi qu’une dizaine de ministres détenteurs de poste régalien.  Les mêmes sanctions concernent également 121 membres du Conseil national de la transition (CNT, l’organe législatif). Les noms du président du CNT et de ses principaux collaborateurs figurent également sur la liste des personnes accusées ‘’d’empêcher le retour à l’ordre institutionnel’’.
 
Ces sanctions comprennent le gel des avoirs financiers et l'interdiction de voyage qui seront également étendues aux membres de leurs familles.  Seuls le président de la transition, le colonel Assimi Goïta (chef de la junte) et le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, ne figurent pas sur la liste. 
 
Selon plusieurs sources, ils auraient été écartés pour permettre aux autorités de transition de se faire représenter aux futures réunions de l’organe ouest-africain et ainsi maintenir le dialogue entre les deux parties. 
 
Coup de pression de la CEDEAO pour retour de l’ordre constitutionnel
 
Dans un document dont ‘’EnQuête’’ détient une copie, le président ghanéen et président en exercice de la CEDEAO, Nana Akufo Addo, et ses 13 autres chefs d’Etat de ladite organisation ont adopté, à l’issue d’une session extraordinaire du Conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO,  le 7  novembre dernier, cette mesure afin, disent-ils, de ‘’créer une atmosphère favorable au retour de l'ordre constitutionnel et à l'Etat de droit, ainsi qu'au maintien de la paix et de l'intégrité territoriale du Mali’’. 
 
Ces sanctions seront ainsi soumises aux différents partenaires internationaux du Mali, afin d’augmenter la pression sur le régime malien. ‘’Le président de la commission notifie la liste des personnes sanctionnées aux autorités maliennes, aux Etats membres, aux institutions de la communauté, aux Nations Unies, à l'Union africaine, aux partenaires bilatéraux et multilatéraux et à l'ensemble des structures impliquées dans la mise en œuvre des sanctions’’, indiquent-ils.  
 
Les incertitudes dans la transition vers un pouvoir civil 
 
Toujours dans le texte, les chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale ont émis une kyrielle de griefs à l’encontre du Comité national de salut pour le peuple (CNSP), dirigé par le colonel Assimi Goita qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keita, en août 2020. Ainsi, l’organisation sous-régionale dénonce ‘’l’absence de progrès dans la préparation des élections, notamment l'absence d'un calendrier détaillé des activités pour la tenue des élections aux dates convenues ainsi que la non-tenue des élections à date est constitutif de la remise en cause des fondements essentiels de la CEDEAO et viole ainsi les dispositions qui prescrivent le respect et la protection des Droits de l'homme, l'Etat de droit, la démocratie et l'ordre constitutionnel’’, peut-on lire dans le document. 
 
D’après la CEDEAO, cette situation a occasionné ‘’des incertitudes politiques accrues dans ce pays ont pour conséquence la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, qui est de nature à compromettre la paix et la stabilité du Mali et de la région CEDEAO’’.
 
Une liste de personnalités sanctionnées évolutive 
 
Et la CEDEAO de préciser que ‘’la liste pourrait changer en fonction de l’évolution de la situation. Autrement dit, la liste pourrait être rallongée ou des personnes ciblées pourraient être retirées de la même liste’’, nous informe le document.  Les dirigeants de la CEDEAO, réunis en sommet le 7 novembre dernier, avaient décidé d'infliger des sanctions individuelles à ceux qui, après deux coups d'État (18 août 2020 et 24 mai 2021), retardaient, selon eux, la tenue d'élections pour un retour des civils au pouvoir.
 
Or, le respect de ce calendrier était une condition de la CEDEAO qui avait levé ses sanctions financières et commerciales contre le Mali, depuis le premier coup d'État d'août 2020. 
 
Makhfouz NGOM

 

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