Tirs d'avertissement de l'armée contre les islamistes près du Nord
L'armée malienne a procédé à tirs de sommation à l'arme lourde lundi et mardi près de Mopti (centre) en direction des groupes islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali, à deux jours de discussions prévues entre Bamako, le groupe jihadiste Ansar Dine et une rébellion touareg.
Pour contrer les islamistes qui se sont rapprochés de la limite des zones du vaste Nord et d'une partie de la région de Mopti sous leur contrôle, "l'armée malienne a effectué lundi et dans la nuit de lundi à mardi vers Kona des tirs de sommation face à l'ennemi, qui a reculé", a indiqué à l'AFP une source militaire malienne. Kona est proche de Mopti-ville, située à environ 650 kilomètres de la capitale Bamako et qui est la dernière grande cité avant les zones sous contrôle des islamistes, des groupes armés incluant jihadistes et rebelles touareg.
C'est la première fois depuis neuf mois que l'armée malienne et ces mouvements armés sont aussi proches d'un affrontement. "Ordre a été donné à nos troupes qui patrouillent actuellement dans la région de Mopti" sous contrôle gouvernemental "de détruire toutes les cibles ennemies" qui s'y manifesteraient, a-t-on affirmé à l'AFP à l'état-major de l'armée à Bamako. Cela signifie les empêcher de dépasser la limite entre les deux zones, "nous avons aussi le droit de les poursuivre dans leurs bases de repli s'ils s'aventurent" au-delà de cette ligne, a-t-on ajouté. Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) contrôlent entièrement depuis fin juin les trois régions administratives formant le nord du Mali ainsi que des localités de la région de Mopti.
Selon des sources sécuritaires et des témoins, ces groupes armés se sont regroupés début janvier dans une localité proche de Tombouctou (nord-ouest), où ils ont installé une base militaire, en ayant avec eux des hommes de la secte islamiste nigériane Boko Haram. La France a exprimé sa "vive préoccupation" concernant ces développements. Elle a appelé les islamistes à "cesser" leurs mouvements vers le Sud malien et à "reprendre les négociations".
Il y a un peu plus de neuf mois, le Nord était tombé entre les mains des jihadistes et du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg), à l'issue d'une offensive de deux mois et demi contre l'armée malienne. Les islamistes ont ensuite évincé de leurs zones leurs ex-alliés touareg et y multiplient les exactions en prétendant imposer la charia (loi islamique) dont ils ont une interprétation rigoriste. En visite mardi à Dakar, la secrétaire générale adjointe de l'ONU et directrice exécutive d'ONU Femmes, Michelle Bachelet, s'est déclarée "très préoccupée par la situation des femmes" dans le nord du Mali, "où les femmes sont victimes de violences sexuelles, de même que les enfants".
"Guerre contre les terroristes"
Ces développements sur le terrain se produisent à deux jours de discussions prévues jeudi entre le gouvernement malien, Ansar Dine et le MNLA sous l'égide du Burkina Faso, qui leur avait déjà permis de premières discussions directes le 4 décembre. Sous la pression du Burkina Faso et de l'Algérie, médiateurs dans la crise malienne, Ansar Dine s'était notamment engagé à prendre ses distances avec Aqmi et le Mujao en rejetant le "terrorisme", tout en se disant disposé au dialogue avec Bamako. Mais le 3 janvier, Ansar Dine a accusé Bamako de ne pas être prêt au dialogue et a retiré son offre de cessation des hostilités, sans toutefois fermer la porte à de nouvelles discussions.
Des préparatifs sont en cours pour le déploiement d'une force internationale au Mali, approuvé par l'ONU le 20 décembre et prévu par étapes. Aucun calendrier n'a été toutefois été précisé. Le 31 décembre, le président malien par intérim Dioncounda Traoré avait affirmé que le Mali se préparait à faire "la guerre contre les terroristes" sans attendre des mois, et que cette guerre se ferait "plus tôt qu'on ne le pense" avec l'armée malienne aux premiers rôles, alors qu'un responsable onusien avait estimé une intervention impossible avant septembre 2013.
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